Enid – Gradwanderer

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Style: anciennement black metalAnnee de sortie: 2004Label: Code666

Difficile bestiole à chroniquer que ce nouvel album de Enid qui tient plus de l’OVNI musical que d’un quelconque genre existant. Si le groupe a effectivement sorti par le passé des albums de black, ce nouvel opus me laisse perplexe et j’ai beau cherché je ne peux pas coller d’étiquette dessus. Le mieux que je puisse faire est de vous parler des morceaux, des structures musicales, à la rigueur des rapprochements que je pourrais me risquer a faire, mais dores et déjà je peux vous dire que ce n’est pas en lisant cette chronique que vous vous ferez une idée du disque mais en l’écoutant tant il est complexe à appréhender.

« Chimera » ouvre le bal et tout de suite la voix n’a plus rien de black, lorsque la musique démarre, elle non plus n’a plus rien de black. On navigue entre une intro assez speedée avec une double pédale, un riff sympathique et on plonge de plein fouet dans une douce mélodie au piano enveloppée d’une nappe de guitare. L’ensemble jouit d’un son excellent, profond et le choix du positionnement des instruments au niveau sonore est excellent. La voix de Martin Wiese est calme, posée, tantôt chantée, tantôt parlée, tantôt grave, tantôt plus aiguë. Elle est cependant assez difficile à appréhender car elle sort clairement des sentiers balisés du métal. Pour donner un exemple qui me vient en tête, les intonations sur ce morceau sont comparables par moment à celles du chanteur de Forbidden Site (RIP), avec cette façon de déclamer solennellement les paroles, presque en les parlant. Le morceau en lui-même est basé sur la même rythmique du début à la fin, misant sur la complémentarité entre les parties au piano et les parties plus rythmées à la guitare. Le mélange se fait très bien et une fois le premier choc encaissé et que l’on a compris à quoi on se frottait avec cet album, on peut en apprécier les subtilités.

« An Ode to the forlorn » est quand à elle une œuvre tout a fait particulière. Elle débute d’une façon assez métal avec des sonorités qui rappellent parfois « Hollenthon » par exemple. Le chant reste toujours aussi spécial avec cette voix très puissante et pourtant très calme qui vient se poser telle une plume sur un lac. Et d’un coup, alors que l’on commençait à s’habituer à la rythmique de ce morceau un passage digne d’un album d’ambiant apparaît. Un passage qui fait penser à de l’ancien « Raison d’Etre » avec flûte, guitare sèche et une sorte de tamtam ethnique. La guitare reprend alors ses droits et vient perturber le calme qui commençait à s’installer et les rythmiques plus typiquement métal reviennent. Le morceau est basé essentiellement sur cette alternance ambiant/métal qui peut rebuter mais qui, pourtant se passe sans heurts et c’est toujours avec plaisir que l’on retrouve les parties « tribales ».

« Silent Stage » est une magnifique « ballade » au piano, chantée en anglais. C’est avec ce genre de morceau qu’on se rend compte du potentiel du timbre de Martin. Il alterne à merveille des passages doux, d’autres plus offensifs. Rien à dire de plus sur ce morceau que j’écoute toujours avec plaisir.

« Gradwanderer » est quant à lui mon morceau favori et je vais tenter de vous en résumer les principaux faits marquants. Tout commence fort calmement avec une sorte de flûte qui laisse sa place à une mélodie très accrocheuse au synthé et PAF ! Un tempo ultra rapide proche d’une structure black démarre, puis se calme, la voix se pose, la guitare reprend la mélodie du synthé et c’est reparti ! Wiese prend un malin plaisir a nous dérouter et nous faire nous attendre à tout, un instant de calme, on pense que ça va nous sauter a la tronche. Un instant rapide on devine que ça va se calmer. La voix chantée en allemand est une fois de plus très surprenante et ne ressemble à rien de ce que j’ai pu écouter en métal auparavant.

Je vous ferai grâce de vous décortiquer « Die Seelensteine », véritable symphonie de plus de 15 minutes, où des effluves jazzy viennent nous chatouiller les oreilles sur une structure de musique classique. Un grand morceau qui une fois de plus nous laisse sans voix, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher…sans jamais trouver.

Je ne m’attarderai pas non plus sur les morceaux suivants, pas mauvais pour autant, mais qui suivent la même logique que les précédents.
Arrêtons nous quand même sur « the burning of the sea » qui décroche la palme de morceau le plus immonde qui m’a été donné d’écouter depuis longtemps. Une façon de chanter et une rythmique de type « Blues » et autant jusque-là les mélanges passaient plutôt bien, autant le mélange Blues/Métal est particulièrement horrible.

On terminera sur « herbststurm » une reprise de l’album « Abschiedsreigen » : ne connaissant pas l’original je serais bien en peine d’en faire une comparaison, tout ce que je peux en dire c’est que l’on sent qu’il n’est pas de cet album, nettement plus rapide et beaucoup moins varié que le reste de l’album.

Alors comment conclure une telle chronique… En vous disant que c’est un des albums les plus originaux qui m’ait été donné d’entendre ? Assurément. En vous conseillant de vous jeter dessus les yeux fermés ? Non sûrement pas, trop dangereux. Je vous suggérerais donc de l’emprunter, de trouver un moyen de l’écouter d’abord, mais de façon bien attentive, sans céder aux préjugés et aux conclusions hâtives. Afin de vous faire votre propre opinion sur la bête. D’un point de vu plus personnel je peux dire que cet album me plaît, mais qu’il est un peu trop difficile à « comprendre ». Les morceaux sont très bon mais leur structure en forme de « non-structure » est assez perturbante lors de l’écoute et on sort de ces 62 minutes fatigué. A vouloir en faire beaucoup, peut être Martin a-t-il fini par en faire trop…

  1. chimera
  2. an ode to the forlorn
  3. silent stage
  4. gradwanderer
  5. die seelensteine
  6. when the last glow flies
  7. exemption
  8. the burning of the sea
  9. herbststurm (bonus)
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