Raison D’etre – Requiem For Abandonned Souls

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Style: ambiantAnnee de sortie: 2004Label: Cold Meat Industry

Une fois n’est pas coutume ce n’est pas de métal extrême que je vais vous parler mais d’ambiant. Ces deux styles ne sont pas, comme on pourrait le penser de prime abord, si éloignés que ça, tant les ambiances qu’ils dégagent sont proches. Pour ce dépucelage du site en terme d’ambiant nous allons nous pencher sur un des groupes phares de l’ambiant signé sur le plus grand label du genre, j’ai nommé Cold Meat Industry.

Raison d’être nous revient donc 4 ans après la sortie du génial « The Empty Hollow Unfolds » avec ce « requiem for abandonned souls » qui confirme la direction prise par le groupe depuis peu, à savoir nous faire plonger directement dans l’horreur d’un ambiant bruitiste ou l’imagination joue le plus grand rôle. Ici, ce n’est plus un album, c’est un livre musical que je vais tenter de vous lire.
Tout démarre par les traditionnels bruits de cloches si chers à raison d’être. Puis tout se déroule comme si l’hypothétique héro de cette invraisemblable histoire tentait de fuir ces cloches, pour une raison inconnue. Courant, s’enfermant dans le premier endroit qu’il puisse trouver, une vieille usine désaffectée. Les bruits de cloches s’éteignent mais l’étreinte du lieu se fait sentir et une vague de frisson parcourt notre homme tandis qu’il découvre le lieu dans lequel il se perd. Les bruits métalliques des anciennes chaînes de productions s’entrechoquant accentuent l’effet de solitude et de mort. Une improbable mélodie provenant du vent s’engouffrant dans les plus minuscules interstices de l’endroit semble chanter une espèce de rite funéraire. Les pas de l’homme se font plus lourds et plus bruyants tandis qu’il monte les marches le menant au 2eme étage de la structure. Il semble paniqué, comme poursuivi par quelqu’un, ou quelque chose. Les bruits des chaînes et les craquements métalliques se font de plus en plus persistants et de plus en plus forts. La sensation de solitude est à son paroxysme et le mal être commence à devenir de plus en plus intense. La marche se ralentit tandis que quelqu’un semble être entré dans l’usine, les bruits cessent. (2) L’homme atteint une cuisine où le choc des casseroles a quelque chose d’angoissant. En sortant de la pièce il se retrouve dans une autre salle de machines, le calme est revenu au milieu des chaînes ballottées par le vent. Une porte semble battre à l’autre bout du bâtiment. Le vent ? Peut être… Le claquement métallique de la vieille porte rouillée s’éloigne tandis que l’homme rebrousse chemin, pétrifié par la peur. A nouveau dans le hall d’entrée, le vent s’est encore accentué provoquant une sorte de plainte lorsqu’il s’engouffre dans les divers tubes et tuyaux traînant ça et là dans l’usine. Il fait noir, il fait froid, notre homme se recroqueville et attend. Le vent se calme, le calme revient à nouveau, seules les casseroles se cognent encore dans la cuisine. (3) Des bruits de pas, cette fois notre homme en est sûr, il n’est pas seul ici. La personne semble pressée, elle court dans les escaliers, partout, comme à la recherche de quelque chose, quelqu’un. Notre homme décide de fuir également, entre dans la première pièce qu’il trouve. Encore une salle des machines ! Un trou dans le plafond laisse s’égoutter une pluie forte qui vient taper sur la machine dans un bruit de métal insoutenable. Les pas continuent, des portes grincent, la machine semble bouger dans un grincement effroyable. La solitude devient de plus en plus insupportable tandis que l’ensemble de la vieille usine se met en branle dégageant des sons toujours plus inquiétants. A la recherche d’une issue dans cette pièce l’homme passe à côté de la machine. L’eau ruisselant sur celle-ci, giclant ça et là, dans un bruit qui tient du supplice. Un tuyau barre la route de notre homme qu’il pousse dans un grincement puissant. Il découvre une grille, qu’il tente d’ouvrir, celle-ci résiste et grince. Malgré moults efforts, elle ne cède pas, frottant par terre comme si elle était trop grande pour l’interstice qu’elle est censée garder. Enfin elle cède, notre homme monte un escalier à vive allure. Le vieil escalier en colimaçon débouche… sur le silence…(4) Derrière lui, les bruits de métal ne cessent pas, comme si quelqu’un déplaçait les tuyaux. Il se met en boule et attend au milieu du fourmillement métallique. La complainte se poursuit. Il reste immobile, silencieux, attendant le lever du jour qui ne devrait plus tarder. Autour de lui, tout n’est que désolation, les murs rongés par la rouille de l’usine ne semblent plus prêts à soutenir une telle masse. Des tubes, des barres de fer, roulent par terre, portés par le vent qui s’engouffre dans les multiples craquelures du mur. La solitude au milieu de la désolation. Il s’endort, lentement. (5) Il se réveille. Combien de temps a-t-il dormi ? En tout cas il fait toujours nuit. Le silence est total, formant une espèce de bulle autour de lui. Soudain, un bruit métallique, puis un autre. Un rat passe en trottinant devant l’homme, celui-ci se détend, un peu. Le temps semble se figer, le silence devient de plus en plus insupportable et le moindre craquement de l’usine devient une véritable explosion de rouille aux oreilles habituées au silence. Finalement il finit par se relever, décidé a trouver la sortie de cette maudite usine. Il la parcourt pour finalement retomber dans la salle par laquelle il est entré. Le soleil se lève doucement tandis qu’il en sort. Ereinté et terrifié.

Il s’agit là de mon interprétation mentale de cette histoire écrite au court même d’une écoute avec le numéro des morceaux correspondant entre parenthèses afin de vous permettre de suivre mon histoire. Pour moi ceci : http://users.pandora.be/a-p/images/marly4.jpg , illustre a merveille cet album et l’interprétation que j’en ai fait.
Evidemment il ne s’agit pas d’écouter un album de raison d’être comme on écoute n’importe quel disque, il n’a ni sa place au milieu du chahut, ni sa place comme bruit de fond. On se met sur son lit, toutes lumières éteintes, la lueur d’une bougie comme seule source de réconfort et on se plonge totalement dans l’album. Assurément un des meilleurs album d’ambiant bruitiste qu’il m’ait été donné d’entendre, il se démarque des anciennes productions du groupe, abandonnant au passage les chants grégoriens qui lui étaient si chers jusque là. La note que je donne n’est pas une note statique, chaque écoute est différente, chaque écoute procure son lot d’émotions nouvelles. Aujourd’hui 17, demain 19, après demain 15, il n’en reste pas moins vrai que cet album doit être entendu au moins une fois dans sa vie.
Chapeau bas M. Peter Andersson.

  1. in abandoned places
  2. the shadow of the soul
  3. disintegrates from within
  4. towards desolation
  5. becoming the void of nothingness
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