Radian – Juxtaposition

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Style: abstract & urban post-rockAnnee de sortie: 2004Label: Thrill Jockey

Une fois n’est pas coutume, nous avons à faire là avec des viennois exportés à Chicago; ville dont, je pense, ils tirent les photos/covers de leurs albums. Découverts par hasard au rayon « rock indépendant » de mon magasin favori il y a de ça quelques semaines, je me décide aujourd’hui à chroniquer ce trio atypique qui nous livre une musique bruitiste, mais prenante, conjuguant à leur manière organique et électronique. La formation, c’est un batteur et un « synthéman » qui s’occupe tous les deux aussi de la programmation et un bassiste qui lui ne s’occupe que de sa basse. On peut noter à leurs côtés du producteur John Mac Entire, prisé dans la sphère électro-rock-bruitiste, celui-ci étant producteur et membre des bluffant Tortoise.

Je ne pourrais vous dire de quelle manière le groupe a émis leur musique.
J’ai pu lire quelque part que le groupe a procédé par « microrecording ». C’est apparemment une technique d’enregistrement et de traitement de sons, au travers d’un synthétiseur, qui permet de faire faire de l’électro par le biais de « véritables instruments ». Le groupe aurait d’ailleurs travaillé en quasi-improvisation sur cet album! (Très intéressant à voir en live donc, surtout qu’ils sont autrichiens. Il est fort possible qu’ils passent en France en tant que voisins.)

La rencontre de tout ça nous donne une mixture non identifiée, assimilable à du post-rock mais en beaucoup plus bruitiste et moins structurée. Certains qualifient leur musique de jazz expérimental…à vous de voir. On est en tous cas loin de groupes instrumentaux tels que Explosions in the Sky ou encore Godspeed! You Black Emperor.

La musique est mystérieuse, et nous amène dans des lieux inconnus grâce à une rythmique difficile à pressentir et un conglomérat de bruits. Des bruits qui se tournent autour dans d’incessants larsens pour se retrouver dans des usines désaffectées mais toujours hantées par le spectre de machines mal réglées.

On ne bouge pas la tête et on ne tape du pied à l’écoute de Radian. Mais comme derrière toutes les oeuvres à rythmiques « bancales » et apparemment bordéliques, se cache une précision chirurgicale! Il n’y a pas grand chose de catchy; cérébrale et totalement abstraite leur musique pourrait être la bande sonore d’un voyage dans une dimension souterraine, parallèle et urbaine. On a ce sentiment à l’écoute du disque de ne pas savoir où l’on va.
On a le droit à des chansons qui arrivent à des points culminant assez groovy (« shift ») et d’autres totalement dénuées de batteries et uniquement faites de sons, de crépitements, de larsens et de bruits inconnus (« ontario »).

Les mises en place sont longues et on est parfois tenté de presser la touche [>>], mais n’en faites rien. Laissez leurs le temps d’arriver, car ils jouent sur notre frustration. Ils nous font tourner autour du pot pendant quelques temps jusqu’à ce qu’on soit en attente d’un certain rythme, d’une certaine note, d’une certaine ambiance…Ils nous font mijoter et Bam! Ils nous envoient ce que l’on attendait tant. Mais attention ces moments de satisfaction ne durent qu’un temps très limité chez Radian.

A défaut de produire une musique hypra accessible et accrocheuse, les Radian font quelque chose de personnel, cérébral, et de vraiment intéressant et fouillé. Non pas que j’ai quelque chose contre les chansons à un riff ou trois accords, mais je trouve ça assez fascinant de tomber sur des objets sonores comme celui-là, qui vont chercher dans l' »innaturel ». Le titre de l’album est tout à fait représentatif de son contenu. Des juxtapositions de sons…qui se meuvent, s’altèrent jusqu’à aboutir à une masse glauque, intérieure, dévastée, froide.

  1. shift
  2. vertigo
  3. rapid eye mouvement
  4. transistor
  5. helix
  6. ontario
  7. tester
  8. tiefenscharfe
  9. nord
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