Atreyu + Norma Jean + He Is Legend – 19 avril 2005 – Boule Noire – Paris

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La Boule Noire a revêtu ses atours métalliques pour accueillir une affiche éclectique où se côtoyait la fine fleur du nouveau hardcore américain. Des premières parties porteuses d’espoir avec l’emo/metalcore/rock n’roll d’He Is Legend suivi par le hardcore chaotique de Norma Jean, tous deux chargés de chauffer la salle pour la tête d’affiche d’un soir : Atreyu. Après l’ouverture des portes, la salle se remplit doucement, déversant son flot d’emokids en tee shirts taille fillette, de gothiques peinturlurés à grands coups de mascara et de la faune habituelle des concerts de metal parisien. Le bar de la Boule Noire est très vite pris d’assaut par une partie de la foule tandis que l’autre partie se réfugie sur le stand merchandising.

He Is Legend avait la difficile tâche d’ouvrir le bal face à un public pas conquis d’avance. Avec dans ses bagages un excellent EP et un premier album réussi le groupe a désormais de sérieux arguments à faire valoir en live. Il est 19h30 lorsque les lumières diminuent et que les quatre musiciens prennent place sur la scène de la Boule Noire.

Les premières notes s’échappent à travers la salle, ils commencent le concert avec un gros riff sudiste bien gras assez prenant et c’est un Schuylar Croom à l’allure christique qui fait son apparition sous les projecteurs. Avec une barbe fournie qui lui mange le visage, les cheveux gras, des santiags aux pieds et une petite veste en jean le chanteur s’empare du micro tandis que s’élèvent les premières notes de « The Seduction ». Le volume des baffles ayant fait fuir les malheureux qui ne s’étaient pas munis de boules quies, l’attention des survivants se concentre sur les frasques du chanteur. Car si les musiciens nous livrent un set carré et dynamique les ravages de l’alcool se font entendrent au micro, et le rendu de voix est très loin de celui d el’labum. Pendant que défile une partie des morceaux issus de leur dernier album I am Hollywood le chanteur commence à exécuter quelques pas d’une danse ivre, il tombera même dans le public pour un slam involontaire. S’ensuivent : divagations métaphysiques: « I love Norma Jean, I love Atreyu, I love France, I love the Eiffel tower, I love the hot dogs. », imitations très convaincantes d’un chat de gouttière toute griffes dehors, bâillonnement en règle à l’aide du fil du micro, embrassades sur le crâne nu de l’imposant guitariste et, pour finir en beauté, l’exécution d’un superbe poirier. Schuylar Croom parvient tout de même à assurer le chant mélodique et se voit seconder par le guitariste pour les hurlements. Le groupe terminera son set d’une vingtaine de minutes sur un « I am Hollywood » ravageur. et ravagé par un Schuylar Croom imbibé. Et ce n’est pas le nouveau bassiste d’Atreyu venu pousser le refrain qui empêchera le chanteur d’oublier ses paroles.

Les spectateurs n’ont pas paru trop souffrir des errements de He Is Legend et c’est l’oil ravi et la gorge sèche que le public s’apprête à accueillir Norma Jean et son math core dévastateur dans une Boule Noire désormais remplie à ras bord.

Malgré l’arrivée de Cory Brandan au micro et une production toujours impeccable, le dernier CD de Norma Jean, O’ God, The Aftermath, se contente trop souvent de reproduire la formule (gagnante) de leur premier opus. Pourtant ce soir la puissance scénique du groupe en aura laissé plus d’un la bouche ouverte et le regard pantois. Les hostilités commencent avec un « Memphis will be laid to waste » destructeur avant de poursuivre sur des titres issus de leur nouvel album. Les musiciens déploient une énergie débordante et une technique musicale à toute épreuve. Les riffs frénétiques transportés par une session rythmique impeccable de lourdeur explosent aux oreilles d’une fosse déchaînée et ravie. Le rouleau compresseur est en marche et la folie s’empare de la scène : le chanteur éructe ses paroles en faisant voler son pied de micro dans tout les sens, les guitaristes armés de leur instrument multiplient les contorsions tels des pantins dont on aurait coupé les fils et le batteur finit de nous achever à grand coup de double pédale. L’un des guitaristes pris d’une irrésistible envie d’ascension profitera même du rack des projecteurs pour se pendre les pieds en l’air et jouer la tête en bas comme si de rien n’était. Après 40 minutes les lumières se rallument et le groupe quitte la scène sous les applaudissements d’un public conquis. Un set énorme, une puissance scénique incroyable, ce soir Norma Jean nous aura vraiment fait perdre la boule.

Les stars de la soirée, Atreyu arrivent après un certain temps d’attente sur scène. Ils enchainent direct sur Bleeding Mascara, 2ème titre The Curse. Dommage le son n’est pas des plus au point et il faudra attendre la fin du 2ème titre pour pouvoir enfin avoir un son équilibré. C’est le morceau du groupe que je préfère mais il sera gaché par une guitare lead quasi silencieuse, heureusement le son deviendra tout à fait correct après quelques réglages et changement de guitare.
Le groupe affiche clairement son goût pour le glam et heavy des années 80, ils en prennent d’ailleurs quelques fois les poses, les 2 guitaristes et le bassiste bougeant ensemble en rythme en pointant leurs instruments dans la même direction. Mais leur son est tout de même toujours très hardcore, même si leur 2ème lorgne de plus en plus vers des élans heavy au niveau riffs de guitare et solos épiques, leur répertoire et particulièrement le 1er album Suicide Notes and Butterfly Kisses ainsi que le dernier contiennent pas mal de morceaux fait pour mettre en ébullition le public. Le pit répondra d’ailleurs énergiquement aux passages les plus moshisants, le chanteur motivant les troupes avec quelques circle pit (décidément à la mode dans le metalcore) appuyés par sa voix criarde bien puissante.
Atreyu sont bien pros et leurs titres rendent assez bien sur scène, leur prestation scènique étant efficace et leur jeu carré. Le batteur assure une rythmique solide tout en chantant particulièrement bien tous les passages mélodiques, ce qui est assez notable. Ils s’attarderont vers la fin quelques titres un peu plus posés du dernier album histoire de calmer un peu le jeu. Le set ne sera pas très long, un peu moins d’une heure, ils reviendront quand même pour un rappel, qui se révelera être une reprise d’un tube de Bon Jovi, « You Give Love a Bad Name », version Atreyu, c’est à dire infesté de rythmiques hardcore.

Bref concert bien sympa sans être génial, 3 groupes bien différents ayant tous assez assuré dans leur style, malgré un son pas toujours des plus terrible. Dommage tout de même que le chanteur d’He Is Legend ait carrément fait n’importe quoi, j’attendais beaucoup de ce groupe, leur album valant vraiment le coup. Norma Jean fût chaotique et épileptique sur scène, mais Atreyu est quand même sorti du lot avec une plus grande maturité scénique.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

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