Devendra Banhart – Rejoicing in the Hands

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Style: folk minimalisteAnnee de sortie: 2004Label: XL Recordings

Sur les traces de Dylan ou de Kerouac, Devendra Banhart arpente les rues des villes du monde entier. Un turban de sikh autour du cou, il ballade son allure christique dans les clubs enfumés accompagné par sa « communauté » de musiciens, moitié hippie moitié clochard. Sa musique, une folk volontairement lo-fi, transporte son auditeur dans des contrées étranges aux cotés de ce poète à la voix fragile et au regard perçant. Lorsque résonnent les premières notes de Rejoincing in the hands, notre cœur se serre, et, bercé par une douce mélodie, notre esprit s’égare au cœur de l’univers poétique de ce vagabond céleste.

L’invitation au voyage débute en 1981, au coeur du Texas où le jeune Devendra Banhart voit le jour. Il part rapidement vers le Venezuela retrouver la famille de sa mère. Pendant ces 13 premières années le jeune garçon vit entre les montagnes et l’océan, entouré par les oiseaux et toutes sortes d’animaux étranges, insectes, serpents et petites araignées jaunes qui peupleront ses chansons.
De retour aux Etats-Unis et à 21 ans le jeune artiste enregistre ses premières chansons dans des chambres d’hôtels minables et autres squats. Quand il ne compose pas il dessine à longueur de journée. Il illustre lui-même ses disques sur lesquels on retrouve son graphisme rond aux formes animales et végétales enfantines. Souvent sur les routes, il multiplie les petits boulots afin de s’échapper pour des destinations lointaines.
Lorsqu’il tombe sur une cassette d’un de ces enregistrements fait maison, Michael Gira, ex-Swans et patron du label Young God Records décide de prendre Devendra Banhart sous son aile.

Désormais la musique nous transporte sur la frontière entre l’Alabama et la Georgie. Là, dans une vieille demeure sudiste, sur un plancher en bois, on imagine le jeune homme, assis en tailleur, le pied battant le tempo, entonner une de ses comptines folk dont il a le secret. Sous les hauts plafonds résonnent ses douces mélodies. Il joue depuis des heures, dans ce lieu étrangement vide. La musique va à l’essentiel, quelques notes de guitares viennent se poser sur sa voix si particulière, à la fois douce et intense. Par moments on perçoit quelques notes d’un piano poussiéreux, craquant sous le poids de l’âge, ou encore, les sons étranges d’un vibraphones. Sur « It’s a sight To behold » c’est le souffle chaud d’un violon qui vient soutenir sa voix profonde et tremblante. Un micro est négligemment posé devant lui afin de recueillir les 32 chansons de cet étrange cérémonial. Car derrière ce visage mangé par une barbe mal entretenue et encadré par de longs cheveux d’un noir de jais, se cache un jeune homme de seulement 23 ans.

La prochaine étape de notre voyage nous conduit à la rencontre des 17 titres qui constituent la première partie du dyptique Rejoincing the hands/Niño Rojo. Car cet enregistrement a donné naissance à 17 perles mélodiques intemporelles que l’on imagine facilement enregistrées 70 ans auparavant, secrètement conservées au creux d’une malle égarée dans le grenier poussiéreux d’une maison imaginaire.
« This is the Way » sera notre guide le long de cet album. Devendra Banhart distille sa folk minimaliste à travers de courtes chansons, dans lesquels se mêlent joyeusement des influences country, blues voir pop, avec « It’s a sight to behold » et son refrain entêtant ou « When the sun shone on vetiver » et son instrumentation pseudo psychédélique.
Les émotions s’entremêlent délicatement. La tendresse d’un « The body breaks » côtoie la tristesse, « Will is my friend » et même le rire avec « Todo los Dolores ». Et lorsque sur ce même titre la voix hésite, puis s’arrête avant de reprendre, on se laisse surprendre par la vulnérabilité et le fragilité de ces mélodies insaisissables. « Autumn’s child », ses quelques notes de piano et son faux air de champ funèbre, viennent mettre un terme notre aventure.

Aujourd’hui le voyage se poursuit notamment avec la sortie de Niño Rojo, album jumeau issu de la même session d’enregistrement que ce magnifique Rejoincing in the Hands. N’hésitez pas à vous plonger dans la douceur de ces deux albums. Happé par une voie, une guitare et une poésie sans fin vous ne regretterez pas votre voyage.

  1. this is the way
  2. it’s a sight to behold
  3. the body breaks
  4. poughkeepsie
  5. dogs they make up the dark
  6. will is my friend
  7. this beard is for siöbhan
  8. see saw
  9. tit smoking in the temple of artesan mimicry
  10. rejoicing in the hands
  11. fall
  12. todo los dolores
  13. when the sun shone on vetiver
  14. there was sun
  15. insect eyes
  16. autumn’s child
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Commentaire

  1. manu says:

    très belle chro en tout cas ça donne envie d’écouter ;)

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