Pain of Salvation

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Voici une interview de Daniel Gildenlow, brillant leader et chanteur/guitariste du groupe de métal progressif suédois Pain of Salvation,
lors de leur passage en concert à la Locomotive de Paris.


Est-ce que tu connais bien Paris?

Je suis venu à Paris 2 fois en vacances pour visiter mais aussi quelques fois pour faire des concerts. D’ailleurs, à chaque fois on joue dans le même quartier j’ai l’impression, même si ce n’est pas dans la même salle. Donc je connais ce quartier très bien!

Quand as-tu commencé à écouter de la musique, à jouer d’un instrument et à chanter?

La guitare vers 9 ans. Ma mère avait une guitare sur laquelle j’ai commencé à jouer, elle avait aussi un piano et je trouvais ces instruments intrigants. Je ne sais pas quand j’ai commencé à chanter, mais assez rapidement j’ai chanté tout en jouant de la guitare.
Sinon pour la musique, mes parents avaient beaucoup de disques des Beatles, d’Abba, Electric Vibe Orchestra, Simon and Garfunkel, ce genre de musique et j’en écoutais avec eux. J’ai commencé à écouter ma propre musique grace à la bibliothèque de l’école où on pouvait écouter des albums, et quand on avait une pose, on allait écouter le "Love Gun" de Kiss parce que c’était le seul album cool qu’il y avait, sinon c’était que du classique, de la pop ou de la musique traditionnelle.

Mon goût pour le rock et le métal a dérivé de Kiss je pense, à cette époque t’écoutais soit du hard rock soit de la pop à synthés, tu ne pouvais pas aimer les 2, c’était Kiss ou Depeche Mode. En étant du côté hard rock, tu déviais forcément vers Dio et Motley Crue, Wasp, Judas Priest, tous ces groupes hard rock et heavy metal. J’écoutais tout ça vers 10/12 ans.

J’ai toujours aimé le métal, c’est une musique qui te permet de t’exprimer intensément.

Considères-tu Pain of Salvation comme un groupe métal?

Pour n’importe quel groupe, je pense que le style de musique que les gens te donnent est défini sur une échelle du plus soft au plus dur par le plus dur de ta musique, donc nous sommes métal parce qu’il y a des passages agressifs dans notre musique.
Mais je pense que notre style va bien au delà du métal et traverse les styles musicaux.
C’est toujours assez difficile de labelliser les groupes mais c’est assez nécessaire pour que les gens s’y retrouvent, donc je dirais qu’on joue du métal.

Tu es le compositeur quasiment exclusif de la musique de Pain of Salvation, comment est-ce que vous gérez ça dans le groupe? Est-ce que les autres musiciens te font une confiance absolue ou est-ce que vous avez des discussions animées par rapport à votre musique?

Non, on ne se fache jamais sur ce genre de choses mais ils ne me suivent pas non plus aveuglément, chacun a son mot à dire et ils s’impliquent beaucoup sur ce qu’ils jouent.
Quand je leur présente mes idées musicales c’est parfois difficile pour eux de comprendre où je veux en venir, car ce ne sont que des fragments du tout que moi je visualise dans ma tête. Si je ne leur joue que la guitare, ça ne les emballera peut-être pas, mais ils me font confiance et attendent d’écouter le tout pour me donner leur avis.

[il boit] Il faut que j’assimile un maximum de fluides avant de jouer!

Dans tes paroles, il y a 3 sujets qui reviennent tout le temps, la religion, la sexualité et les problèmes sociaux et écologiques.

C’est assez vrai mais ce sont les choses dans lesquelles nous évoluons en tant qu’être humain. On me demande souvent pourquoi j’écris tant sur dieu et la religion, mais je n’écris pas sur la religion, j’écris sur l’homme et son lien avec la religion, car c’est ce qui est important. C’est le cas sur tous les sujets, je ne parle pas directement d’eux mais de la façon dont les hommes se situent par rapport à ces sujets, comment ça affecte la façon dont on agit les uns envers les autres et comment ils influencent la société dans laquelle nous vivons.


Votre dernier album, Be, est plus ciblé sur dieu qu’aucun autre de vos albums.

Par sur dieu, sur la relation qu’ont les hommes avec dieu. (rires)

Les paroles de Be amènent à se poser des questions mais n’apportent aucune réponse et jamais ton avis personnel sur la chose.

Les paroles de Be ne sont que de petits éléments sur un tout tellement énorme qu’elles ne peuvent rien expliquer, ça ne peux pas être une réponse. C’est comme un jeu dont j’essaye d’assembler les morceaux tout en sachant que je n’y arriverai jamais.

Elles parlent de la création de l’humanité mais elles sont surtout basées sur le principe des fractales, comme quoi tout se répète à différentes échelles. Mon point de vue est que notre compréhension de la réalité n’est qu’un élément de fractale qui fait partie d’un tout se répétant à une échelle plus grand et comprenant des éléments qui se répètent à l’intérieur à plus petite échelle. Il est possible pour nous de appréhender une partie des fractales, mais quand on arrive à un niveau trop petit, au niveau de l’atome, on n’arrive plus à saisir ce que c’est. De même, on a pas accès aux fractales d’un niveau trop grand.

Le parallèle peut être fait entre les galaxies et les atomes, et le principe de Be est que personne ne peut comprendre exactement tout ce qui l’entoure en dehors des sujets qui le concerne.

Voici une métaphore : 2 personnes à qui on a jamais présenté que des objets en 2 dimensions ne pourront comprendre que des objets en 2 dimensions. On leur présente un cylindre, l’un y verra un cercle, un autre y verra un rectangle, et dans leur monde à 2 dimensions, il est impossible qu’un objet ait en même temps une forme circulaire et rectangulaire donc ils argumenteront à jamais en pensant détenir la vérité, alors qu’ils ne voient chacun qu’une partie du sujet mais ils pourront finir par se tuer pour soutenir leur "vérité"!

C’est en grande partie ce qui se passe dans notre monde, les gens se battent entre eux sur leur façon d’interpréter ce qu’ils voient et ressentent sans se poser la question de savoir si ils ont intégré tout ce qui était à percevoir. Ils font partie d’un système fractal qu’ils peuvent comprendre mais leur vision n’est qu’une fenêtre étroite de la réalité.

Et donc le concept et les paroles de Be sont basés là-dessus?

Oui c’est le cas, les fractales sont au centre du concept de Be.


Ce concept est assez complexe, la musique l’est aussi, est-ce que tu ne penses pas que ça peut effrayer la plupart des gens ?

Sûrement. Moi-même, je fais peur à beaucoup de gens.
Ce genre de considérations ne me touche pas, on a toujours voulu créer le genre d’albums qu’on voudrait écouter sans se soucier de l’avis des gens qui nous conseillent.
On ne cherche pas à être commercial et si on le voulait, on chercherait un plus gros label qui nous dirait : "sonnez plus comme Dream Theater" et "trouvez vous un nom plus simple".
En fait, on ne jouerait même pas du tout cette musique là mais de la pop pour passer sur toutes les radios.

Comme nous avons décidé de faire une musique qui n’est pas commerciale, pourquoi ne pas aller au bout de ce que nous faisons? On aura peut-être pas des millions de fans mais on jouera quelque chose qu’on apprécie.

Si tu veux être vendu autant l’être complètement, c’est ce que je veux dire.

Je dois te laisser, une dernière question, est-ce que votre prochain album sera The Perfect Element part II?

Non, se ne sera pas The Perfect Element part II !


Merci à Roger de Replica records.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 528 articles sur Eklektik.

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