Coprofago – Unorthodox Creative Criteria

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Style: jazz / metalAnnee de sortie: 2005Label: Sekhmet

Il était attendu le retour des brillants chiliens, que certains ont un peu trop rapidement catalogué au rang de suiveurs de Meshuggah. Certes la filiation est assez indiscutable et il est vrai que Genesis, premier album des « mangeurs de caca » était fortement reminiscent des génies suédois.

On guettait donc la sortie du deuxième album du groupe pour, d’une part, confirmer les espérances mises sur le groupe, et d’autre part, voir comment Coprofago allait prendre la tangente par rapport à l’influence (parfois encombrante reconnaissons-le) des maîtres suédois.

Unorthodox Creative Criteria a vu le jour suite à un processus d’accouchement bien difficile. Mixé une première fois, « à la va vite » au Chili, il a fait l’objet d’une première sortie début juillet, habillé de ce mix imparfait (mais néanmoins très correct). Insatisfaits, le label et le groupe ont décidé de procéder à un réenregistrement de l’intégralité de l’album. C’est pourquoi, au-delà de la seule différence de son (la version finale jouissant d’un son plus puissant mais aussi plus « rond »), on trouvera, outre des bonus tracks (pas forcément hyper marquants au final), des passages enregistrés complètement différemment sur la version finale. Voilà pour la petite histoire.

A l’écoute de l’album, on se rend rapidement compte qu’on a affaire à un groupe bourré de talent, à la technique époustouflante (énorme énorme Felipe Castro à la basse). Quant à la ressemblance avec Meshuggah, évacuons tout de suite cette question, en précisant qu’en effet, des ressemblances subsistent : vocalement d’abord, puisque la voix de Sebastian est quasiment exactement la même que celle de Jens Kidman. D’autre part on retrouve évidemment toujours des rythmiques saccadées et destructurées qui évoqueront encore une fois les suédois. Si cette ressemblance se retrouve fortement en début de disque comme sur « Neutralized » ou « Hostile Silent Raptures » (et ses chœurs à la Destroy Erase Improve) elle s’atténue considérablement par la suite pour laisser la part belle à un feeling nettement plus jazzy que chez les cousins de Meshuggah.

Souvent portés par un clavier bien space, une gratte galopante mais surtout une basse omniprésente et magistrale (et beaucoup plus audible et importante que chez Meshuggah s’il fallait comparer) des titres comme « The Inborn Mechanics » ou « Isolated Through Multiplicity » portent en effet une signature bien distincte celle-là.

Avec ces titres purement jazzy, le groupe témoigne d’une rupture franche et nette avec ses pulsions les plus métal, usant même d’un saxophone sur « Motion » ou d’un violon sur « Wavelength » et portant la basse au premier plan. Le groupe explose parfois et se lâche dans un déluge de décibels comme sur l’excellent « Constriction » avec ses blasts et ses boucles vocales impitoyables mais, et c’est peut-être là le seul reproche qu’on pourra faire au groupe : cette séparation entre métal et jazz est assez audible là où l’on attendait peut-être davantage une véritable fusion des deux genres. La plupart des titres ou passages jazzy sont en effet dénués de vocaux ce qui renforce encore davantage cette rupture, à l’exception de « Wavelength » sur lequel figurent quelques voix et qui est certainement le seul réel exemple de fusion (réussie) des deux genres.
Heureusement la transition entre les deux genres s’effectue souvent via des passages ou même des titres atmosphériques (comme ce « Merge Into » ou « Glimpses » avec son violon) qui garantissent quand même une réelle fluidité et une cohérence d’ensemble.

Au final, difficile de noter cet ovni, car il est évident qu’une telle galette ne plaira pas à tout le monde, tant de prime abord, il peut sembler indispensable de faire preuve d’une certaine ouverture d’esprit et accointance avec le jazz pour en apprécier pleinement la teneur. Pourtant, moi qui ne suis pas fan absolu de jazz, et qui n’y connaît pas grand chose, j’avoue avoir pris un réel pied en écoutant Unorthodox Creative Criteria. Un bon conseil donc : jetez une oreille vierge d’a priori et laissez vous emporter par le feeling hallucinant de ces musiciens hors pair.

  1. crippled tracker
  2. the inborn mechanics
  3. neutralized
  4. merge into
  5. fractures
  6. hostile silent raptures
  7. streams (bonus version finale)
  8. isolated through multiplicity
  9. individual choice (bonus version finale)
  10. glimpses (bonus version finale)
  11. constriction
  12. motion
  13. wavelength
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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6 Commentaires

  1. Neurotool says:

    Un album avec du feeling, c’est sûr. Des musiciens qui maîtrisent c’est clair. Mais il y a un côté très technique démonstratif qui ne me sie guère… Je trouve qu’il y manque un grain de folie, de spontanéité qui rendrait le tout incontournable. Les fans de metal prog et du « Sphere » de Pestilence devraient y retrouver leurs petits. Pour ma part je ne suis pas fan du style mais aimerait me laisser convaincre… dommage ce n’est pas encore pour cette fois.

  2. Arioch says:

    Ca fait pas mal de temps que j’aimerais bien trouver un successeur de CYNIC !

    Y a bien SPIRAL ARCHITECT mais pas assez orienté Death pour moi ;o) donc je vais sans doute me laisser tenter par le dernier COPROFAGO

  3. shaq says:

    Lorsque COPROFAGO se met au jazz (la seconde partie de l’album, en gros), le groupe est bien plus comparable à GORDIAN KNOT qu’à CYNIC.
    Personne n’égalera CYNIC dans sa maîtrise de la fusion des genres :)

  4. jonben jonben says:

    Coprofago, ça reste quand même assez différent de Cynic, c’est plus de grosses rythmiques.
    En parlant de Cynic, il y a le groupe Aghora (http://www.aghora.org/) dans lequel étaient les 2 Sean basse/batterie, qui se débrouille pas mal, mais ça se rapproche au final plus du son moderne façon Coprofago + une voix lyrique féminine (pas géniale sur le 1er album autoproduit, j’espère que ça sera mieux sur l’album « à venir »).

  5. Monster says:

    Coprofago c’est un un peu un Meshuggah en moins abrupt avec un côté Pestilence et une bonne touche jazzy. Ouais ben moi je prefere ça à Meshuggah justement.
    Faudrait que je m’interesse plus à ce groupe…

  6. baboon666 says:

    Leur album « Genesis » a été une révélation et celui-ci reste bien sympa. Mais arrêtez avec Meshuggah, d’autres groupes tels que ???? (un groupe francais dont c’est vraiment le nom) font de la pure copie quand Coprofago innove.

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