Impure Wilhelmina – L Amour, la Mort, L Enfance Perdue

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Style: post/noise hardcoreAnnee de sortie: 2005Label: Space Patrol

La marque des grands groupes se trouve sans doute dans cette capacité à surpasser à chaque nouvelle production l’œuvre précédente. I can’t believe I was born in July paru en 2003 était déjà un véritable chef-d’œuvre de hardcore noisy, fait de désespoir abrasif, de mélancolie désemparée et de cynisme corrosif, si intense et poignant qu’il semblait alors impossible qu’il fût un jour surpassé. Le projet parallèle Vancouver, réunissant des membres dudit groupe, d’Unfold et d’Iscariote était dans ce sens rassurant, car il montrait avec brio que le même sentiment d’urgence et de colère guidait la musique des suisses.

L’amour, la mort et l’enfance perdue consacre désormais le talent brut du groupe Suisse, qui sans pour autant bouleverser sa musique, descendante directe de Breach ou Neurosis, n’en parvient pas moins à y ajouter des nuances insoupçonnées tout en en conservant la densité et l’intensité cathartiques.

Violent et distordu, le mur du son inébranlable érigé par les guitares à renfort d’accords lourds et étouffants, d’arpèges dissonants et de soli acides s’aère plus humainement par des mélodies plus claires (« Tense », « The Black Flame »…). Cependant, ces velléités mélodiques son très vite anéanties par le déluge de riffs malsains, tels des nuages noirs et menaçants obscurcissant un ciel trop dégagé et naïf pour être réel. La relative accalmie de certaines introductions est très vite annihilée par les explosions distordues, comme si elles signifiaient la vanité et la vacuité de tout espoir. A ce titre, « Seeds », le morceau le plus ouvertement mélodique et mélancolique du disque (en excluant « Before A Dream ») progresse-t-il inexorablement vers un chaos sonore inéluctable. Le groupe maîtrise parfaitement l’art du crescendo, le jeu sur les tensions, et la gestion de l’intensité, alors que certains passages de I can’t believe I was born in July pouvaient parfois lasser, la qualité d’écriture de L’amour…est un modèle du genre.

L’amour…, plus encore que son prédécesseur, est l’expression musicale la plus noire et la plus impitoyable de la colère et du désespoir, les hurlements, les riffs et les mélodies désenchantées sont autant de cris de détresse lancés au milieu du désert.
Dire que cet album est un disque sombre serait réducteur, les émotions en appellent tout autant à la révolte qu’à la tristesse contemplative. Ce disque est le refus vindicatif de se laisser envahir par la bêtise et la cruauté ambiantes, hurler pour mieux s’en protéger, comme pour se prouver que l’on n’est pas encore mort.

Cette nouvelle œuvre des suisses est sans doute la meilleure sortie de l’année 2005, en cela qu’elle concilie intensité, rugosité et complexité tout en demeurant accessible, intelligible et prenante. En quelques notes, Impure Wilhelmina parvient à créer ses propres atmosphères désormais immédiatement reconnaissables, forge sa propre identité musicale en s’affranchissant des références trop immédiates du style (Breach, ou Neurosis, voire même Envy), ne se contente pas de cultiver une certaine démarche artistique, mais poursuit toujours le même but : provoquer l’émotion, donner la chair de poule au détour d’un hurlement possédé, produire autre chose que du simple son.

Grand, très grand disque.

  1. january
  2. tense
  3. the black flame
  4. bleed alone
  5. seeds
  6. the broken wing of the undying bird
  7. before a dream
  8. sunburst
  9. diaspora
  10. everything is pain but you
  11. a man in the light

Chroniqueur

marc

Je donne mon avis pas très éclairé sur des disques que j'aime bien ou je dis du mal de disques que j'aime un peu moins. Cet avis n'engage que moi-même, ma conscience et mon chat, vous êtes libres de ne pas être d'accord (quoique...) et de venir en discuter dans les commentaires afin que je vous convainque que vous vous trompez.

marc a écrit 38 articles sur Eklektik.

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18 Commentaires

  1. Florent says:

    Je n’aurais pas dit mieux. Un indispensable de 2005, ni plus ni moins !

  2. kollapse says:

    Il me le faut bordel il me le faut !!!

  3. AlCheMist says:

    Pas trop mon rayon, par contre la chro transpire l’émotion, Marc, joli !

  4. Shadow says:

    La chronique est alléchante… Les titres disponibles le sont tout autant! Je saute dessus dès que je le trouve!

  5. Uriel says:

    me wants…

  6. Neurotool says:

    Excellente chronique pour un incontournable de cette année!!!

  7. Julien says:

    ENORME, ce disque est magnifique… et pour les malades du packaging, c’est tout simplement magnifique à ce niveau aussi…

    Sinon le chanteur fait des apparitions sur l’album d’OVERMARS (disque de l’année pour ma part :P ) !!!

  8. krakoukass Krakoukass says:

    1ère écoute hier et je sens que je vais bien rentrer dedans… C’est mélodique et puissant, j’aime…

  9. wakos says:

    Julien => Je vois que je ne suis pas le seul à avoir été bluffé par Overmars … Vraiment très très bon album que je conseil les yeux fermés !!

  10. Monster says:

    Ah tiens vu la chro je m’attendais à quelque chose de très sombre et d’apocalyptique. En fait non je ne trouve pas, ça passe plutôt bien, surtout le morceau « bleed alone ».

  11. krakoukass Krakoukass says:

    Vraiment magnifique. Une grosse claque.

  12. Florent says:

    L’artwork est remarquable aussi !

  13. kollapse says:

    Magnifique, rageur, noir, passioné…sont autant de qualificatifs valables pour décrire cet album abolument indisensable cette année! un 19/20 bien merité. ps: Dans la même « famille » il faut insister sur le fait que Overmars sort lui aussi un album fabuleux – à quand la chro – qui n’est pas moins bon que le nouveau IW, c’est dire!

  14. marbaf says:

    Salut, euh vous citez souvent Breach comme influence.
    Perso connait pas et le net est pas très bavard concernant ce groupe. Donc si vous pouviez m’en dire plus, svp
    ++

  15. jonben jonben says:

    @marbaf : je te conseille de choper leur dernier album « Kollapse », qui est un des albums qui a sûrement le plus marqué cette scène. Il se trouve pas cher, dans les 10€ (à Gibert à Paris par exemple ou sur le net).

  16. kollapse says:

    Moi aussi il m’a marqué cet album de Breach ^^

  17. Martin says:

    En concert avec The Evpatoria Report et Vancouver le 11 février à Ebullition, Bulle, Suisse, infos sur http://www.mad3music.com !!!!

  18. Obsolete says:

    une note largement méritée pour un album grandiose qui fait véhiculer toute les émotions =D

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