Shining (swe) – Iv the Eerie Cold

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Style: black/dark gothic metalAnnee de sortie: 2005Label: Avantgarde Music

J’attendais beaucoup du quatrième album de ce groupe qui peut être considéré comme l’un des principaux leaders d’un genre de plus en plus pratiqué et de mieux en mieux desservi : le black/doom dépressif. Les riffs acérés, les ambiances torturées et les complaintes pernicieuses des Within deep dark chambers et autres Livets Ändhållplats (respectivement 1er et 2ème album) résonnent encore dans mon esprit. Depuis l’arrivée du combo sur la scène en 1998, les intentions sont claires : pervertir la jeunesse en les abreuvant de valeurs négatives, haineuses, suicidaires. J’ignore si les textes ont une quelconque influence sur le comportement des hypothétiques victimes qui se délecteraient de leur discours ; en revanche, la capacité de leur musique à créer une atmosphère pesante propre à laisser envisager les solutions les plus extrêmes à un individu enclin à une mélancolie mortifère est indéniable.

Cependant, si le précédent opus angst – självdestruktivitetens emissarie (si l’on exclue les rééditions de vieux titres et autres raretés) avait pas mal atténué le côté rugueux et sale des premiers méfaits, celui-là va encore plus loin dans « l’assainissement » de l’instrumentation. Pour autant, peut-on affirmer que le caractère lugubre, dépressif, écorché (que revendique le groupe) a subi une édulcoration ? Je suis malheureusement tenté de répondre par l’affirmative.

Vous me direz : en te rendant malheureux, le groupe, par le biais d’un adoucissement de sa musique, a atteint son objectif. A quoi je répondrai : primo, je préférerais que l’on se vouvoie, on n’a pas gardé les rayons de cds ensemble que je sache ! Secundo, je n’en suis quand même pas à renier ces talentueux suédois et dieu (sic) sait que je ne suis pas hostile aux évolutions musicales !
Le côté glacial est bel et bien présent, les structures sont globalement identiques à celles des premiers opus et la basse toujours aussi oppressante mais, aussi osée que soit la formule, je suis plus « à l’aise » à l’écoute de cet album qu’à l’écoute des précédentes offrandes. Rien ne me retourne les tripes, le chant se fait moins extrême, certains passages sont laborieusement longs, l’efficacité a perdu de sa superbe. On pourra trouver que j’exagère, que les éléments de noirceur sont au rendez-vous, qu’il n’est pas donné à tout le monde d’apprécier ces hymnes à l’auto destruction. Soit, j’en conviens, tous vos arguments sont recevables (et ce d’autant plus que c’est moi qui les ai formulés). Mais, au risque de me répéter, je ne ressens aucun malaise, c’est trop « propre ». Je soupçonne l’éclectique (un peu de pub !) Hellhammer d’y être pour quelque chose dans cette évolution vers des contrées plus « expérimentales » – entendues comme correspondant moins à la tradition du style -, fort de son parcours musical dans des groupes plus ou moins novateurs (The Kovenant, le Mayhem de Grand declaration of war, Arcturus, etc)

Cependant on ne peut douter être en présence d’une œuvre largement au-dessus du lot de la tripotée de groupes black/doomeux et il convient de ne pas mal interpréter mon propos en envisageant de passer ce cd au mariage de votre cousine Berthe.

Aux fans de within deep dark chambers qui avaient déjà commencé à être moins captivés par le groupe depuis angst – självdestruktivitetens emissarie, ne comptez pas sur un retour aux sources et apprêtez-vous à devoir revendre toutes vos lames de rasoir (à moins que vous en fassiez accessoirement un usage facial et esthétique). Aux autres qui découvrent le groupe avec cet album, sachez, si le cœur vous dit d’aller en approfondir la carrière discographique, que le voyage sera moins reposant…
Pour autant je ne me fais pas trop d’illusions sur la suite des opérations : le groupe est amené à atteindre un public plus large (voilà une idée de cadeau pour la prochaine fête des mères), à acheter des limousines, faire des duos avec Florent Pagny et monter une comédie musicale ! A moins qu’une fois reconnu d’utilité publique ils décident de nous asséner à nouveau un black metal crû afin de corrompre les jeunes esprits, les petits malins. Oh mon diable…

  1. i och med insikt skall du förgå
  2. vemodets arkitektur
  3. någonting Är jävligt fel
  4. eradication of the condition
  5. the eerie cold (samvetskvalens ridå Öppnades)
  6. claws of perdition

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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6 Commentaires

  1. Hoover77 says:

    Un avis de béotien, vu que je ne connais pas les autres Shining et que je ne suis pas très porté sur le black dépressif.

    Cet album est magistral. Ce qui me plait c’est justement le côté un peu expérimental qu’il présente parfois, qui fait qu’on n’a pas l’impression d’écouter un album lambda.

    Bref un album qui n’est probablement pas fait pour les puristes, mais génial pour les autres.

    19/20

  2. Hoover77 says:

    D’ailleurs 14/20 pour Shining, 15/20 à Biohazard…

    Mouais.

  3. jonben jonben says:

    chacun a ses goûts.

  4. darkantisthene says:

    ben c’est pas moi qui ai noté le biohazard… mais je comprends parfaitement qu’on puisse trouver cet album magistral même si ce n’est pas mon cas, ce qui paraît expérimental à certains me paraît chiant

  5. AlCheMist says:

    Ouh le vilain Dark… j’me sens moins seul d’un coup… ;OP Très bonne chro !

  6. Uriel says:

    Le joli succès d’estime de cet album n’est pas usurpé. D’ailleurs il ne mettra pas les pieds sur mes rayons.

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