Overmars – Affliction Endocrine… Vertigo

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Style: post-hardcoreAnnee de sortie: 2005Label: Appease Me...

Quand on a peur de la joie, il reste la douleur.
Philippe SEGUR

Affliction, Endocrine… Vertigo est un grand disque.

Des guitares, transformées en machines à bruits, s’échappent les premières notes. Le souffle chaud d’une quatre cordes vient caresser notre épiderme. Hurlements déchirants, martèlements magnétiques de la grosse caisse qui paralysent la moindre de nos pensées.
Il n’y a pas de place pour les bons sentiments dans ce premier album, pas de compromis ni de slogans prémachés jetés en pâture à un public amorphe. Overmars parvient à retranscrire musicalement les peurs les plus profondes, dévoilant sa vision cauchemardesque d’un monde terne, sans aucune saveur. L’écoute de ces douze morceaux, exigeants et radicaux, ne laissera personne indifférent. Les sept membres du groupe pratiquent un hardcore viscéral et étourdissant qui vous retourne l’estomac et vous laisse sans vie.

Né en 2001, en tant que side-project de Donefor, le groupe, originaire de Lyon, commence à arpenter les ombres au coté de Fugue et d’Iscariote. Les deux splits issus de ces collaborations esquissent déjà un goût prononcé pour les ambiances oppressantes et torturées. Les multiples concerts au coté d’Isis, d’Impure Whilelmina ou de Cult of Luna leur permettent d’enrichir leur palette musicale et d’affiner un style unique.

« C’est un gouffre sans fond qui s’ouvre devant moi »

« obsolete » et « this is rape » déchirent le ciel dans un grondement de rage. L’assaut est brutal, la musique est physique, d’une lourdeur écrasante. Le caractère répétitif, systématique du riff et les structures à tiroirs évoluent subtilement vers des mélodies hypnotiques et dérangeantes. Overmars sait prendre son temps pour installer le décor et soigner ses ambiances. Le long de compositions à durée variables se mettent en place : envolées de guitares dissonantes, mélodies fantomatiques, claviers mélancoliques, succession d’accalmies et de déchaînements bruitistes.

L’expérimentation est de mise sur la structure des morceaux, le son ou la production de Serge Moratel (Shora, Brazen, Knut…). La rythmique obsédante de « This is rape » semble se répéter inlassablement avant de laisser place à une expérimentation tribale aux sonorités étranges. Overmars joue de tous les tempos, de toutes les dissonances. Véritable moment de bravoure « en mémoire des faibles qui ont survécu à Darwin » étire sa lente rythmique martiale. La ligne de basse rampante donne le ton jazzy de « from love to exhausting : the story of this intangible thing between us », accentué par le jeu des cymbales et la voix bluesy. Ambiances noise vaporeuses, sonorités sludge, le son d’Overmars est sans limite, passant du doom au post rock sans crier gare.

Par son intensité « Buccolision, (bis) the mistaken one part. II (geography is just a symptom) » constitue sûrement la clef de voûte de l’album. Quelques notes d’un piano fantomatique résonnent dans le vide. La voix monocorde de Marion, vient se poser sur ce rythme lancinant, tandis que des hurlements menaçants résonnent autour d’elle. Effrayant. Musique à plusieurs mouvements, tour à tour lourde, mystérieuse, avec ce son chargé d’intensité et de gravité.

Le travail sur les voix donne une couleur particulière à l’album, une texture presque palpable. Le chant rocailleux de Xavier semble porter toute la douleur du monde, éructant, aussi bien en français qu’en anglais, ses textes introspectifs. L’alternance entre, voix masculine et voix féminines, vient aérer le son monolithique et apporte plus de relief à un titre comme « a spermwhale’s quest ».

Le disque possède sa structure propre. Les 12 titres constituent un seul et même mouvement ponctué par cinq interludes, indispensables bouffées d’oxygène entre deux blocs de saturation.
Mais comment faire face à tant de souffrance ? Comment écouter et réécouter ces visions morbides et pessimistes ? Parce qu’au malaise se mêle la beauté. La force d’Overmars réside dans cette alchimie particulière où se côtoie rythmiques malsaines, riffs pachydermiques et mélodies subtiles.

Overmars dépasse le cadre trop étroit du simple groupe de rock et invite son public à prolonger l’expérience à travers d’autres supports, dans une volonté affirmée de communiquer autour de sa musique. Cette envie se retrouve dans le superbe livret qui accompagne le CD, avec la traduction systématique des paroles en français et en anglais, mais aussi sur Internet avec l’égozine dans lequel le groupe partage ses réflexions et ses humeurs (un conseil, lisez le texte de Marion « Simplement moi »). Le DVD qui accompagne l’album propose quand à lui des courts métrages, photos, remix, extraits de concerts… Enfin Overmars se vit également sur scène où l’aspect visuel prend une autre ampleur avec la projection d’images, dessins, extraits vidéo…

Il faut du temps, 1 heure et 9 minutes, pour venir à bout de ce gouffre de noirceur. La descente est longue, terrifiante et on ressort laminé par ce déluge de sentiments et d’émotions contradictoires.
Affliction, Endocrine… Vertigo est un disque d’une noirceur sans fond et d’une beauté sans fin.

Un grand disque.

  1. obsolete
  2. this is rape
  3. destroy all dreamers part. i
  4. deux mesures de solitude
  5. buccolision(bis) the mistaken one part. II (geography is just a symptom)
  6. destroy all dreamers part. ii
  7. a spermwhale’s quest
  8. destroy all dreamers part. iii
  9. en mémoire des faibles qui ont survécu à darwin
  10. destroy all dreamers part. iv
  11. from love to exhausting : the story of this intangible thing between us
  12. destroy all dreamers part. v
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15 Commentaires

  1. jonben jonben says:

    Enfin la chro!
    D’accord avec, rarement écouté un album aussi flippant.

  2. fewz says:

    yeah! le retour de vincz! un album que j’ai pas pu écouté en entier… à 80% disons… à mon grd regretcarc’est un grand disque… oui! par contre je sais pas si j’aurais mis 18…

  3. damien luce says:

    bonne chro, grosse influence neurosis/cult of luna mais overmars s’en sort trés bien. je n’ai jamais pu rester au bout d’un de leur concert (j’en ai fait trois) trop opressant pour moi!!!!

  4. Alexia says:

    Très belle chronique Vincz pour un album fort dont l’âme torturée, d’une « beauté sans fin » (sic), me bouleverse à chaque écoute !

  5. Neurotool says:

    @v Damien Luce: P’tite nature!

    Bon sinon un groupe excellent, découvert sur la scène lyonnaise et qui m’a marqué!!!
    A ne rater sous aucun prétexte sur scène!
    Sinon album superbe, obcédant, tortueux, rare voir unique en son genre (on parle d’influence mais le groupe possède son charisme, son propre son, et une créativité dont peu de groupes actuels peuvent se prévaloir. Bref un incontournable!!!

  6. Ellestin says:

    Voila une belle chronique de passionné!
    Devin, file écouter ca et pas la peine de revenir avant!

  7. Julien says:

    Grandiose cet album ! Complétement d’accord avec tout ce qui a été dit !
    Opressant c’est le mot ! Quelle ambiance géniale !!!!

    Mes morceaux préférés sont :
    Deux mesures de solitude (1,2,3,4 poum tchack poum tchak)
    A Spermwhale’s quest (ah cette voix féminine, grandiose)

    Et en live c’est magnifique également, superbe présence scénique !!! A NE PAS MANQUER

    Disque français de l’année et même beaucoup plus !

  8. Mathieu danishmendt says:

    en concert le 2/12 à Paris avec Time to burn et danishmendt !!!!

  9. damien luce says:

    cool je vais peut être pouvoir rester au bout de ce live d’overmars ehehhe!!!!

  10. Devin says:

    Convaincu aussi , je ferai surement un petit tour au concert tiens :D

  11. kollapse says:

    Album tout bonnement monstrueux, du début à la fin on est scotché par cette noirceur qui prend aux trippes, ces guitares dissonantes, ces cris ecorchés et cette ambiance oppressante… Le travail sur les vocaux est en effet spectaculaire est colle on ne peut mieux à la musique des lyonnais. Voilà un disque qui m’a veritablement marqué et dont j’attends la suite avec grand interêt…18/20

  12. reno says:

    J’adore Overmars , j’ai eu l’occasion de les voir en concert , manque de bol problème de micro etc … dommage… bref cet album est effectivement bon , quoique je suis moins convaincu par ces interludes postrock répétitive mais passons. Sinon je préfère le split avec Fugue haha

  13. Devin says:

    Meilleur album de 2005…

  14. Obsolete says:

    Album fabuleux ^^

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