Blut Aus Nord – Thematic Emanation of Archetypal Multiplicity

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Style: Black metalAnnee de sortie: 2005Label: Appease Me...

Il y a une citation de Georges Carlin que j’aime beaucoup et qui définit très bien la carrière de Blut Aus Nord : « I am here for me, you are here for me, no one’s here for you ». En clair, si vous aimez ce que je fais alors on est deux, mais si ce n’est pas le cas alors ne venez pas vous plaindre, votre avis n’a aucune importance pour moi. Ainsi, ayant débutés en tant que groupe de black metal symphonique en se servant des oeuvres de Emperor et de Nokturnal Mortum comme fondation, nos français ont commencé à se peindre dans un petit coin du grand tableau du black metal mondiale. Un album, deux albums et le groupe change de direction pour imprimer encore plus leur vision aux sonorités norvégiennes. Les claviers et les ambiances grandioses prennent alors une nouvelle dimension dans un univers plus futuriste et musicalement avant-gardiste.

Ouais, Blut Aus Nord se fout des conventions, ça on peut le dire. La mutation du monstre s’effectuant lentement, les sonorités se sont modifiés pendant leur avant dernière album pour éclore vers la chanson numéro 7 et montrer un tout nouveau visage, celui d’un black metal qui aurait laissé le métal derrière lui, aurait fait une overdose de Godflesh et se serait métamorphosé en une bestiole dont les ambiances norvégiennes auraient été conservées mais mis au service d’un son plus ambiant et expérimental. Ainsi devenus des leaders dans ce que les experts du chipotage nomment « post black metal » ou « avant garde black metal » (avec Arcturus, Solefald, the Axis of Perdition ou Ulver), Blut Aus Nord continue maintenant son évolution avec cet EP dont les titres auraient du figurer au sein d’un split album avec les anglais de the Axis of Perdition. Dommage, mais la musique n’est pas perdue et c’est le principal (quand aux chansons de the Axis of Perdition elles figurent sur un autre EP intitulé Physical illucinations in the sewer of Xuchilbara…).

La transition vers une musique plus électronique continue ici. Une fois l’introduction d’une minute passée on retrouve les sonorités qui concluaient the Work which transforms God. La guitare est ensevelie sous une nuée d’effet pour lui donner cet aspect brumeux, chaque note résonnant en écho dans les profondeurs d’un caveau. L’ambiance est naturellement inquiétante vu le pedigree du groupe mais c’est bien la seule chose que l’on peut qualifié de « naturelle » dans cette chanson. J’apprécie la musique de Blut Aus Nord pour son coté abstrait mais aussi appaisant. Toutefois, je pense être un des seuls a me réconforter dans ce genre d’ambiance lourde, donc ne pensez pas que l’orientation du groupe soit vers une musique plus légère.

L’oppression s’arrête toutefois à cette chanson et la troisième plage se tourne vers des rythmes rappelant Massive Attack si ceux ci ne s’était pas consacré au trip hop mais a des bandes originales de jeux vidéos du type Resident Evil ou Silent Hill (ce dernier jeu est d’ailleurs une des influences majeurs du premier album de the Axis of Perdition). Le résultat s’étend sur un peu plus de 7 minutes d’une musique moins « révolutionnaire » que la chanson précédente mais qui montre bien la capacité du groupe a étendre ses ailes là ou bon lui semble.

Retour ensuite a un paysage moins accueillant sur l’avant dernière chanson où l’auditeur est accueilli par des chants probablement d’origine tibétains. Il s’échappe d’ici une mélodie qui évoque des prières rituels de prêtre situé au bord du monde et chantant alors que l’apocalypse les attend. Si ces images de monde dévast’ vous semblent clichées, la musique en elle même se prévaut par contre de tout stéréotype pour constituer un univers qui commence et finit avec ce EP. Car une fois cette plage terminée, des violons stridents assaillent l’auditeur pendant la plage de conclusion et l’emmène loin de ce petit monde, brisant ainsi l’ambiance qui s’était établie tout au long des trois chansons de cet album. Ainsi, contrairement a la plupart des EP qui sont des avants goûts, Thematic emanation of archetypal multiplicity est une pièce de plus dans le puzzle et contribue à placer Blut Aus Nord de plus en plus haut dans la catégorie des groupes destinés à être cité comme des futurs classique. Ils ne renouvellent pas le metal, ils ne renouvellent pas le black metal ni même la musique électronique mais ils continuent de se renouveler eux mêmes.

  1. enter (the transformed god basement)
  2. level-1 (nothing is)
  3. level-2 (nothing is not)
  4. level-3 (nothing become)
  5. exit (towards the asylum)

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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8 Commentaires

  1. Ellestin says:

    Je ne suis pas convaincu que le groupe se soit « servi des oeuvres de Emperor et de Nokturnal Mortum comme fondation ». Tu as lu ca dans une interview? Si oui autant pour moi.
    Bref un EP à la fois déstabilisant mais finalement dans la continuité de leur discographie précédente, vers une appropriation toujours plus brillante des extrêmes visités. Un groupe désormais inarrétable.

  2. damien luce says:

    Excellet groupe qui arrive à se renouveller à chaque album!!!

  3. Hororo says:

    Je me suis mal fait comprendre. Je n’impute pas d’influences de ce type a BAN mais je considère que, venant d’une branche plus symphonique du Black Metal, ils se placent dans la même lignée que d’autres classiques du genre. J’aurais dut mettre le mot fondation entre guillement. Merci de me faire remarquer cette confusion, je tacherais donc d’etre plus précis pour éviter les confusions.

  4. Monster says:

    Moui ça me parait bizarre aussi que B.A.N. se soit « servi des oeuvres de Emperor et de Nokturnal Mortum comme fondation ».
    Encore que Emperor à la limite… Pour N M, sachant que le 1er B.A.N. date de 1995 (sans compter les demos de Vlad avant) et que le 1er N M date de 1995 aussi (Twilightfall) il me semble, ça me parait un peu jeune comme influence…
    Et puis je n’entend pas beaucoup d’influs N M dans B.A.N., m’enfin, ça veut rien dire… par contre, je trouve un ptit côté Enslaved sur Ultima Thulée….

  5. Bernard says:

    Marrant, moi c’est pas à Massive Attack que ça m’a fait penser, mais bien aux errances dub de certains albums de Godflesh ou à du Scorn époque ‘Evanescence’… Et lorsqu’on connait le lien entre Godflesh et Scorn ça surprend encore moins… C’est juste mon avis…

  6. Ellestin says:

    putain au premier coup d’oeil j’ai lu « ca me fait penser à Evanescence », j’ai failli avoir un coup de mou :o)

  7. Hororo says:

    Peut être bien mais j’ai acheté mon premier album de Scorn ce week end (pas encore écouté) et je n’ai pas mis les oreilles sur les remixs dub de Godflesh donc je me sers de ce que j’ai comme référence. Pardoneuuuhhh

  8. Monster says:

    « Je me suis mal fait comprendre. Je n’impute pas d’influences de ce type a BAN mais je considère que, venant d’une branche plus symphonique du Black Metal, ils se placent dans la même lignée que d’autres classiques du genre. J’aurais dut mettre le mot fondation entre guillement. Merci de me faire remarquer cette confusion, je tacherais donc d’etre plus précis pour éviter les confusions. »
    Ah zut, j’avais pas vu ton texte Hororo, tout s’explique…

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