Francis Caste/Small

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Annee de sortie: 2010

J’ai rencontré les Small pour la première fois il y a maintenant un peu plus d’un an. Je faisais, à l’époque, des piges pour un magazine rock et j’avais reçu une maquette du groupe. J’avais contacté Olivier pour lui expliquer que j’avais aimé le concept original de leur musique et que je désirais les rencontrer. Le rendez vous fut pris à la péniche alternat où Small devait ouvrir pour Sherkan. La première rencontre fut marquante, tous les potes de Small étaient dans un triste état d’ébriété. Pas un ne pouvait les filmer, Olivier s’est donc retourné vers nous un peu stressé et nous a demandé si cela ne nous dérangeait pas de les filmer. On s’est retrouvé mort de rire avec ma copine à filmer le show de Small !!! Par la suite je suis resté en contact avec Olivier pour prendre des nouvelles du groupe. Un jour Olivier me confirma que le groupe devait rentrer en studio pour enregistrer leur nouvel album. Mais il avait un petit problème, il ne savait pas encore qui s’occuperait de l’enregistrement. Deux noms circulaient, Francis Caste (Studio Saint-Marthe – Paris) et Laurent Etxemendi (Studio des Milans – Landes). J’ai retrouvé plus tard et par hasard Olivier au concert de Isis à la Locomotive. Il avait l’air ravi. Ils avaient enfin fait leur choix. Francis Caste serait le responsable de leur prochain méfait sonore. Content pour lui, je lui dis devant une petite bière qu’il faudra qu’il me tienne au courant de cette histoire. Le nouveau rendez vous est pris, Olivier me confirmera par la suite que Francis ne voit pas d’objection pour que je passe les voir au studio Sainte-Marthe. A ce moment, je me dis qu’une petite interview de Small ainsi qu’une de Francis pourraientt être bienvenues et permettraient aussi de faire le lien avec le nouveau maxi.

Direction métro Belleville, Olivier me prend en passant et nous nous dirigeons ensuite au studio. Je retrouve tout le groupe et Francis. S’ensuit une petite discussion sur des groupes et des anecdotes amusantes. Nous prenons la direction du studio pour écouter l’album de Small. Olivier me prévient qu’il ne s’agit que du nouveau mix de l’album. Il reste encore le Mastering mais apparemment Francis ne s’en chargera pas. Francis clique alors sur son PC et j’aurais le droit d’écouter intégralement l’album. Les titres s‘enchaînent pratiquement sans temps mort. « Wild child », « Few drops », « Stray highway », « Forlorn », “Influence(s)” et “Entwined winds” me percutent les oreilles. D’emblée la première chose qui me frappe à l’écoute de ces titres, dont je connaissais certains, est la violence nouvellement déployée par le groupe. Brutal, hargneux et sans compromis sont les maîtres mots de ce maxi « No Power Without Control ». Olivier m’avait prévenu, Francis a révélé d’avantage leur agressivité. En même temps que l’écoute, j’observe que Francis répond aux diverses questions des membres de Small. Il faut dire que c’est la première écoute du mix définitif et que le groupe est assez anxieux. C’est marrant car à la fin de chaque titre, tout le monde se retourne vers moi avec de grands yeux pour me demander ce que j’en pense. Et oui je suis la première personne extérieure au groupe à écouter le résultat final. Je les rassure car j’aime vraiment ce que j’écoute. C’est vrai que je retrouve un groupe qui a su évoluer en quelques mois et qui assume entièrement le mélange de violences et de sons modernes. Small et Francis ont l’air ravi du résultat final, on va pouvoir maintenant passer à l’étape de l’interview…

http://www.myspace.com/fullmetalsmall


Small vient d’enregistrer son nouveau Maxi « No power without control » sous la direction de Francis Caste. Original et dévastateur, le power métal de Small n’a rien à envier des groupes américains actuels. Rencontre avec Olivier et David, respectivement chanteur et batteur de ce groupe parisien percutant.

Salut Olivier et David. Pouvez vous nous présenter Small et nous expliquer pourquoi avoir nommé le groupe ainsi?


David (batteur): l’honneur au fondateur !!!

Olivier (chant): À la base Small s’appelait Small Pox. On voulait diffuser notre musique comme un genre de maladie. Suite au départ du batteur de l’époque, on a voulu garder que Small. Tout notre état d’esprit est venu ensuite. On s’est dit que le monde est petit à la base, dans les idées, comment on réagit avec les guerres. Et puis dans l’univers on est minuscule. Le nom est assez en marge avec notre musique qui « tape » !!! Il y a un contraste assez intéressant.


Vous avez sorti un Maxi 5 titres l’année dernière, avec le recul qu’en pensez vous à l’heure actuelle ?


David : Disons que pour nous ce maxi a été un exercice, du fait que l’on n’avait pas trop l’expérience du studio. En plus on s’imaginait à l’époque qu’en une semaine on aurait la même puissance qu’un mec qui venait de sortir un album avec un son monstrueux. On a réalisé un peu plus tard que c’était impossible. On en est satisfait mais par rapport à ce que l’on vient de sortir là, c’est le jour et la nuit.

Olivier : On a pu voir les choses changer grâce à notre précèdent maxi. Il nous a servi à démarcher un petit peu car il est temps de faire connaître Small à une plus grande échelle.


Déjà à l’époque du premier Maxi, votre métal était aux frontières de différents genres, est ce que ça toujours été votre but ?


Olivier : Tu sais notre slogan c’est « full métal », tous les styles de métal mélangé. En plus on écoute tous du métal différent. Tu vois moi j’aime surtout du rock, du power métal. David est plus death et black. Tu vois on a tous des goûts différents mais qui peuvent être complémentaires!!!

David : En fait le nom « full métal » c’est Olivier qui l’a trouvé. « Full métal » n’existait pas avant que moi et Yann (le bassiste) arrivions dans le groupe. Tout simplement car Small Pox était plutôt néo métal et qu’on est arrivait d’une scène extrême. On a donc réussi à créer un mix et maintenant je ressens notre musique comme du métal à part entière. On fait vraiment ce qui nous plait, il n’y a pas de barrières. On ne s’arrête pas à savoir si c’est extrême ou pas !!!


Quelles sont vos influences, s’il en y a ? (Et toi vocalement)


David : Pour moi en tant que batteur c’est clair que c’est Gene Hoglan, on ne va pas le présenter. Je l’aime beaucoup dans la période Death. Et aussi Christian Vander de Magma !!!

Olivier : Phil Anselmo quand il jouait avec Pantera, il a retourné tout le monde. Il avait toutes les qualités du bon chanteur métal. Sinon il y avait Jonathan Davies sur les premiers albums. Ensuite Jim Morisson, tu vois j’aime le grain assez suave de ce mec. J’essaie de retrouver cette ambiance sur mes voix claires, quelque chose de chaleureux. Je veux garder le côté rustique sur les voix claires.


Quelles sont tes thèmes de prédilection au niveau des textes, de quoi te nourris tu Olivier pour les créer ?


Olivier : L’expérience personnelle, après j’essaie surtout de parler de l’être humain, de ses sentiments et de ses émotions. De son combat avec sa propre volonté car il en faut dans le monde dans lequel on vit. Ce n’est pas évident d’atteindre ses propres buts et d’être la personne que l’on veut être. Je parle un peu de tout ça !!! Des désirs que l’on peut avoir, des choses qui nous font un peu tourner la tête. Il faut garder les pieds sur terre et surtout garder les yeux ouverts sur ce qui nous entoure, histoire d’évoluer.

David : On a beau faire du métal extrême, on ne veut pas être catalogué comme un groupe dépressif, on a des choses positives et beaucoup d’énergie à faire passer.


La pochette du nouveau 6 titres est très proche du maxi précèdent. Que représentent ces sphères ?


Olivier : C’est une copine photographe qui a réalisé nos pochettes. On lui a laissé carte blanche. On lui a apporté notre idée sur la pochette. Le fil conducteur est cette sensation, ce « quelque chose » qui représente l’énergie. C’est donc tout naturellement qu’elle a trouvé des couleurs se rapprochant du bleu. De même que le métal fluide représente la puissance, tout en ressortant le côté froid. Tous ces éléments tranchent par rapport à notre musique. Mais ce qui était primordial c’est ce côté énergie qui devait ressortir.

David : Même si le côté « froid » est présent, cette pochette se démarque complètement de ce qui sort en ce moment, ces designs sombres.


Vous venez donc d’enregistrer un maxi 6 titres avec Francis Caste. Quel souvenir gardez vous de cet enregistrement ? Qu’avez-vous appris avec cet ingénieur du son et producteur (qui a collaboré avec The Arrs, Inhatred, Sna Fu…) ?


Plein de choses !!!

David : Comme tu l’as dit Francis est ingénieur du son et aussi producteur. Ce mec nous a apporté des notions que l’on n’avait jamais perçu avant. Il a trouvé des choses dans notre musique que l’on n’avait pas vu étant interne au groupe.

Olivier : Il nous a dit qu’on jouait certains morceaux depuis longtemps, il fallait donc que l’on retrouve une certaine spontanéité. Il nous a ramené au début de la composition de ces titres. Grâce à cela, on a donc changé quelques structures de morceaux pour retrouver ce côté « redécouverte » de notre musique.


A l’écoute de cet album, Francis a d’avantage révéler votre agressivité, qu’en pensez vous ?


David : C’est ce qu’on voulait mais en même temps on était plus mature au niveau de la musique, tu vois un morceau comme « Stray highway » c’est un morceau plus ambiancé. On partait avec dans l’esprit de faire un album peut être plus posé. Mais venant de la scène « death », j’ai toujours aimé le côté brut de cette musique. Francis nous a ramené à cette source.

Olivier : Au départ, nous on voulait qu’il y ait une recherche sur un côté planant ce qui pouvait rallonger les morceaux. Au contraire Francis nous a conseillé de revoir ce côté planant. Il nous a dirigé vers des morceaux bruts et compacts pour que cet album sonne comme des coups de poings.

David : Ce cd sera notre carte de visite!!!


Vous avez totalement financé vos 2 disques, est-il difficile à l’heure actuelle de vouloir faire évoluer un groupe métal en France ?


David : La publicité en France au niveau métal est pratiquement nulle. En règle générale, la réflexion qu’on fera c’est : « trop violent », la deuxième c’est : « vous ne chantez pas en français » donc cela ne passera pas. Ce que je trouve dommage c’est qu’il y a en France énormément de groupes qui valent vraiment le détour et on ne leur laisse pas la chance de prouver qu’ils peuvent faire quelque chose de concret, de réel.

Olivier : En France il y a un marché pour le hip hop mais pas vraiment une culture métal. C’est super dure d’amener cette musique sur le marché. Même si aujourd’hui il y a un nombre impressionnant de groupes qui tuent !!! Aujourd’hui si tu veux sortir du lot, il te faut un manager, une équipe derrière toi. Alors je ne sais pas, peut être que les gars ont peur de mettre de la tune sur le métal, sur toi.

David : Le problème à l’heure actuelle, il faut arriver devant les labels avec un produit fini pour qu’ils puissent le distribuer. Ce qui est vraiment dommage. Le métal, c’est souvent violent dans la musique et pas dans les textes. A l’opposer de l’hip hop  (rire)!!!


Vous jouez un métal à la sonorité actuelle et à la frontière de nombreux genre, de plus vous avez joué en première partie de groupe comme sherkan… Small est il prêt àjouer avec des groupes extrêmes ou au contraire totalement à l’opposé du métal ?


Olivier : Oui, tu vois on a déjà joué avec des groupes comme Fate. Tu vois c’est un groupe qui joue une musique différente de la notre. Cela reste extrême tout de même. Le problème tu vois c’est que si on joue avec des groupes extrêmes, on est pas sûre que notre musique passe bien.

David : Dans le groupe, on n’est pas du tout fermé aux styles, que ce soit le reggae ou le Ska. Comme j’ai pu te le dire au cours de l’interview, nous nous faisons de la musique et pas de métal. Peut être qu’un jour on fera autre chose que du métal mais cela sera ce que l’on voudra à ce moment là. Mais pour jouer avec des groupes autres que du métal, en France c’est difficile.


Merci pour tout, un petit mot pour les lecteurs de Eklektik


En chœur : Ecoutez Small !!! (Rires)


Je quitte donc Small avec une information très sympathique, le groupe a confié le mastering à Alan Douches (The Dillinger Escape Plan, Converge, Hatebreed, Sepultura, le dernier et génial Inhatred). C’est une étape délicate pour un groupe mais à mon avis les Small vous avoir un bel album sous les bras. La chronique de ce monstre arrivera très bientôt sur Eklektik !!!

INTERVIEW DE FRANCIS CASTE

http://www.studiosaintemarthe.com


Après avoir passé un bout moment avec les gars de Small, je retrouve plus tard Francis Caste dans son repère sonore situé dans le quartier de Belleville, le bien nommé studio Sainte-Marthe. Impossible maintenant de passer à côté du travail de Mister Caste. De nombreuses formations sont passées dans son studio : Zull-fx, Comity, Inhatred, mais aussi Sna-Fu, Es-La-Guerilla et Zero District. Je retrouve donc un Francis bien détendu qui travaille actuellement avec le groupe Ed-Äke.

Bonjour Francis il me semble que tu as joué dans plusieurs groupes rock. Peux tu nous raconter ton passé de musicien ?


Mon instrument de base est la guitare, j’ai commencé à 14 ans. En fait, je suis né dans une famille un peu rock n’roll. Mon père chante depuis toujours dans un groupe et dans lequel je joue plus ou mois maintenant. Donc on joue des vieux standards rock. Mon père est médecin, il est pas du tout musicien professionnel mais il a son groupe depuis 30 ans. Il a même sorti un disque qui se nomme « Toubib ». Gainsbourg avait écrit des paroles, et ce disque se vend maintenant comme « Collector » de Gainsbourg aux enchères. L’album était signé par Pathé, comme beaucoup de trucs cet album n’avait pas spécialement marché. Mais il y avait quand même des concerts. Donc depuis que je suis petit je vais en répète. Mon père nous a fait écouter des groupes comme AC/DC, Led Zeppelin dans la voiture. J’ai baigné dedans depuis tout gosse en fait. Mon premier groupe était « rock ». Je faisais mes premières compos avec des reprises standard genre Lynird Skynird et aussi des reprises du groupe de mon père. Ensuite j’ai monté une autre formation qui se nomme Dysfunctional by Choice. On a sorti trois Maxis, à peu prés tous 2 ans avec une suite graphique où un bonhomme tombe du ciel et arrive dans une ville, ça se suivait. Il y a eu un petit clash de groupe. Maintenant on a un nouveau chanteur Fabien, c’est l’ex batteur de Gameness et actuel chanteur dans Revok, il aussi chanté dans Tom Fool. On a un nouveau bassiste qui est lui aussi ancien membre de Tom Fool. J’ai aussi d’autres projets notamment un avec Steeve de Zull Fx. C’est un projet métal lourd ambiant et « Doomesque ». Pour le moment, on a deux ou trois morceaux.


Tu es aujourd’hui ingénieur du son et le propriétaire de ton propre studio d’enregistrement (le studio Sainte-Marthe). Qu’elle est l’histoire de ce choix artistique et professionnel ?


J’ai toujours bidouillé dans le son depuis que je suis gamin. A 13 ans, j’ai réalisé mes premiers 2 pistes (qui étaient un peu « old school »). Ensuite sont venues les 4 pistes, 8 pistes, 32 pistes. J’ai augmenté au fur et à mesure le parc. Je suis complètement autodidacte, je n’ai jamais fait d’école. Ce n’est pas un choix, on va dire que c’est venu presque par hasard. J’ai fait les maquettes de mes groupes. Et puis d’autres formations on été intéressées par le travail que je faisais et ils m’ont proposés de le faire pour eux. J’ai commencé à en faire un, puis deux… Ca s’est répandu en « bouches à oreilles ». Cela m’a fait réfléchir car je sentais que j’avais la fibre pour ça. A la base, je ne m’imaginais pas du tout avoir un studio et faire de la réalisation pour des groupes comme les mecs qui me faisaient rêver à l’époque. De fil en aiguilles, j’ai arrêté les études d’art pour me consacrer qu’à ça. Au départ, j’avais un local où on répétait. C’était assez pratique, je faisais les prises de son là bas. Ensuite je me suis retrouvé sans local. J’ai du rechercher un nouvel endroit, cela a duré presque un an. J’ai réussi à trouver ce studio qui était en vente. Cela m’a paru « gros » au départ mais je me suis dit par la suite que cela valait le coup de révéler le défi. J’ai flippé !!! Pendant un an j’ai vraiment galèré. Et maintenant la troisième année, on est vraiment bien rempli, cela tourne bien au niveau des groupes. On a plein de projets, on a ouvert un nouveau studio. On commence à s’équiper au niveau Mastering. Cela va devenir un petit pôle vraiment multifonctionnel, tout se développe que ce soit l’expérience de chacun ou bien le matériel. Ici on travaille principalement à deux, Guillaume et moi. Guillaume a rejoint le studio l’année dernière. On est à égalité au niveau boulot. Ici il y a les répétitions, l’enregistrement live et l’enregistrement normal. Donc tous les deux on alterne, parfois je fais du live, lui du standard. On se partage les projets suivant les affinités.


Tu as monté une structure qui se nomme Miser Records. Qu’elle en est son objectif ?


Miser Records s’est crée au lancement du studio. C’était l’enseigne du studio, les disques à budget réduit dans le local. On avait monté ça avec un pote JB qui est maintenant le principal acteur dans Miser Records. C’est une association qui s’occupe toujours de Sna Fu et de Dysfunctional by Choice. L’association a pour but de s’élargir mais cela prend un peu de temps en gros c’est un petit label/management/promo en cours de développement.


Le métier d’ingénieur du son est d’accompagner des groupes dans un moment délicat qui est l’enregistrement. Qu’apportes-tu aux musiciens dans ce moment là ?


Ce que j’apporte, c’est une sensibilité de musicien également. J’arrive à dialoguer pas mal car j’ai une formation musicale. J’ai une connaissance de divers instruments qui concerne le style « rock ». Nous on est vraiment sollicité pour le rock au sens large du terme. Pendant l’enregistrement, j’ai une vision globale de la musique. J’apporte donc un certain recul aux musiciens. Je propose pas mal de choses, je pousse un peu le groupe à aller au-delà des carcans du genre.


Cela se passe t’il toujours bien ?


Parfois je suis un peu dure mais globalement cela se passe bien. J’arrive à être assez direct quand il faut l’être. Quand on pousse les musiciens dans leurs retranchements, il arrive qu’il se passe des clash internes. Il faut imaginer qu’en enregistrant un album, cela demande un exercice difficile. C’est comme un examen pour le groupe, c’est le moment ou tout le monde va valider ses performances. Car en répète ou en concert on ne s’aperçoit pas des défauts de chacun. Tout le monde va se mettre à « nu ». C’est à ce moment qu’il va falloir « taper », « faire mal » et « appuyer sur les plaies ». Après on verra comment on peut consolider tout ça ou y remédier. Parfois de manière extrême…


Que penses tu du métier ingénieur du son en France ? Quel constat peux tu en faire ?


Parallèlement aux gros studios qui se ferment, il y a pas mal de petits qui se montent. Il y a de plus en plus de bons réalisateurs. La qualité des disques s’est améliorée en l’espace de 8 ans. Tout le monde est maintenant à niveau égal. Pour pas cher, on peut s’équiper correctement. C’est bien car cela dynamise le créneau car avant il n’y avait vraiment personne, à part Buriez et Kraemer. Maintenant avec les nouvelles productions, on propose une image du son Français un peu plus valorisé. En France maintenant au niveau ingénieur du son il y a Laurent Extemendi (ingé son de Gojira), les mecs de Watcha arrivent à faire un gros son.


Quels conseils donnerais tu à un jeune qui débuterai dans ce métier ?


Je n’en ai pas des masses. Autant je suis parti comme un punk en me disant rien à foutre des méthodes, autant maintenant je me passionne de plus en plus au son et au matériel. Je suis devenu moins anarchiste et un peu plus « audiophile » avec le temps. Mon oreille s’est vraiment formée, je reviens sur certains de mes jugements qui étaient un peu « jeune ». Aujourd’hui je me plait à aimer le matériel, j’entends plus la différence entre le mauvais equalizer et le bon. Avant ce n’étaient que des outils pour avoir un résultat. Maintenant pour moi ce sont vraiment des « instruments » à part entière. Comme conseil, il n’y a pas de règles. C’est d’avoir les couilles d’aller au bout des choses.


Je suis récemment venu dans ton studio pour écouter le mix du nouvel Ep des Small. Peux tu nous raconter la genèse de ce Maxi et ta rencontre avec les musiciens ?


Cela s’est bien passé, il y a eu pas mal de petites remises en question. On n’a fait un bon travail sur le disque. En fait j’ai écouté leur première maquette, je sentais qu’il y avait des potentiels intéressants à exploiter. Donc je me suis un peu penché là-dessus. J’ai pensé qu’il fallait garder ce côté propre, froid, mécanique à la Fear Factory et rajouter quelque chose d’organique un peu « Machine Headien », plus couillu au niveau du chant. Ils ont des riffs vraiment originaux donc je voulais donner à la guitare un peu plus de « gouaches ».


J’ai eu l’impression en écoutant le Maxi, que tu as d’avantage révéler le côté agressif de Small.


En fait, c’est çà !!! Ils sont arrivés en voulant faire quelque chose d’un peu moins agressif au niveau du chant notamment. Et moi je voulais garder le plus possible quelque chose de brut, c’est pour cela qu’il n’y a pas trop d’effets, pas trop de traitements hasardeux. On a gardé la brutalité en optimisant l’énergie et l’efficacité. Parfois on a tranché sur quelques riffs. On a retravaillé l’arrangement général pour découper un passage qui n’était pas forcement efficace. Pour aller directement sur la partie qui attaquait bien. Il y a eu un véritable travail et un véritable développement artistique.


A quoi doit s’attendre les auditeurs avec ce Maxi ?


Quelque chose de purement métal avec des influences d’aujourd’hui. On va reconnaître parfois quelques influences mais ils ont une patte à eux et ça c’est intéressant. Ils ont surtout une superbe motivation et beaucoup d’énergie. A mon avis avec ce disque, ils vont s’ouvrir des portes. J’espère que cela va bien fonctionner pour eux.


Tu as travaillé avec de nombreux groupes Français métal ou hardcore (Zull-fx, Sna-fu, Lazy, The Arrs). Aimerais tu ouvrir ton horizon musical et enregistrer un autre style de musique ?


J’ai été accroché par des gens de maison de disque qui pourraient être intéressés par mon travail. Moi cela m’intéressait, je n’ai rien contre par exemple la variété française ou ce genre de chose. C’est quelque chose qui peut me parler. Aujourd’hui ce n’est pas spécialement ce que j’ai envi de faire. Mais dans le travail de son « pure », il n’est pas impossible que je sois amené à travailler avec de la chanson à textes et je pourrai prendre beaucoup de plaisir aussi. Par contre il y a d’autres styles qui ne m’attirent pas du tout !!!


Que penses tu de la scène Française actuelle ?


J’ai la chance de côtoyer des groupes qui se bougent bien. Je me rends compte qu’il se passe vraiment quelque chose de positif. C’est vrai qu’avec Dysfunctional by Choice, on a démarré quand cette scène a émergé dans le milieu des années 90, et j’ai pu voir l’évolution dans les productions mais aussi bien dans les groupes. Il y a toujours des inégalités, mais il y a eu aussi un écrémage car des groupes ont arrêtés et d’autres ont vachement bien évolués. Ca peut continuer à progresser encore pas mal. Même au niveau international, on peut mettre des groupes en avant sans avoir honte de faire quelque chose de trop imité. Il n’y a pas encore un style français mais il y a de bonnes individualités.


Existe-t-il un groupe Français ou étranger avec qui tu aimerais travailler ?


Oui, complètement !!! Il y en a pas mal, j’adorerai bosser avec un gros groupe comme AC/DC. Cela parait infaisable mais cela me plairait. Sinon j’adore la scène Suédoise et des groupes comme Nine. Mais aussi des formations qui n’existent plus mais qui m’ont apportés des choses dans mon travail que ce soit au niveau de la réalisation ou du son comme Refused par exemple. Il y a des albums qui m’ont marqué, je rêverai d’enregistrer avec Tool. Cela doit être très épanouissant de travailler avec eux.


On peut remarquer que tu es une personne qui bouillonne d’idées, as-tu des projets professionnels que tu aimerais réaliser en 2006 ?


J’aimerai bien me rapprocher de la production. J’ai été accroché par deux trois personnes de boîtes différentes qui sont intéressées par mon travail et qui aimeraient qu’on bosse ensemble que se soit au niveau artistique, réalisation de visuel de groupe ou même sur des projets en co-production. Ce sont des choses qui vont s’établir prochainement. On a aussi comme projet d’établir un studio de Mastering. On s’y penche depuis un bon bout de temps et cela va se finaliser dans l’année. On va continuer de plus en plus les enregistrements « live », c’est un point sur lequel nous pouvons apporter une « patte ». On travaille ce truc depuis un moment donc à terme cela pourra devenir reconnaissable.


Merci francis, je te laisse le mot de la fin !!!


Merci, c’est sympa de se pencher sur mon travail et sur le studio. Je voudrai rendre hommage à Guillaume qui est là depuis un an, qui bosse vraiment bien et qui me soulage sur pleins de plans. Car avant qu’il n’arrive, j’étais un peu en difficulté. Un petit hommage aussi à Pierre et aux stagiaires qu’on a pu avoir, ils nous ont tous aidés. Pierre trouve des dates aux groupes qui viennent ici. Ce qu’il se passe, c’est qu’il y a une vraie synergie dans ce studio, il y a beaucoup de groupes qui passent et qui restent, pour répéter et il y a une espèce d’interaction. Il y a des rencontres, des stagiaires qui rencontrent des groupes avec qui par la suite il file un coup de main en live. Ils partent donc en tournée. Il y a pas mal de gens qui sont venus ici pour filer un coup de main et qui maintenant en filent ailleurs, ça profite aux groupes, aux gens qui veulent se former. Voilà c’est en plein essor et j’aimerai les remercier tous de venir et de nous faire confiance !!!

 


Un grand bonhomme ce Francis Caste. Je dois vous avouer qu’il m’a laissé vraiment une bonne impression !!! Sympathique dés la première rencontre, ce type n’est pas avare en parole et en hospitalité !!! Les prochaines sorties du studio Sainte-Marthe se confirment. Francis s’est occupé du prochain Comity, il en assurera aussi le Mastering. De plus, Es La Guerilla a enregistré chez Francis Caste en condition live. Apparemment cet album est une grosse tuerie, à voir…
Avec le nouvel Inhatred, le Comity et le prochain Es la Guerilla, le nom de Francis Caste pourrait bien circuler au-delà de nos frontières. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.

On peut espérer pour les gars de Small qu’ils puissent trouver un bon label et par la même occasion d’évoluer positivement au sein de la scène Française. Le nouveau maxi sortira après février, on vous tiendra au courant.

Je tiens encore à remercier tout le monde, de Francis à Small pour leur gentillesse et le temps qu’ils m’ont accordé!!!

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