Khanate – Capture and Release

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Style: doom/droneAnnee de sortie: 2005Label: Hydrahead

Un soir, alors que mes parents étaient partis dans leur Normandie natale, je me suis décidé à me faire une soirée film. J’ai d’abord commencé par Versus, un bon film de tape frapadingue qui mérite d’être vu pour les qualités de poseurs des acteurs, et ensuite j’ai enfourné Ring (la version japonaise) dans mon lecteur. Et ensuite j’ai compris ce qu’était que la peur. Jamais auparavant je n’avais ressenti une sensation identique, aussi étrange et désagréable qu’intéressante. C’était mon premier pas dans le monde des univers réellement inquiétants et dont la qualité me touche personnellement en me donnant envie de mieux comprendre encore et encore le contenu et le propos de l’oeuvre. Le premier album de Khanate fut mon deuxième pas, plus profond car me touchant par sa musique (mon obsession quotidienne). Tout dans ce disque me força à rester stoïque devant l’atmosphère pesante et horrifique et je ne pus me résoudre à aucun moment à couper le son. Comme si un évènement horrible ne pourrait qu’arriver si je prenais cette décision. Le mal devait partir de lui même.

Cependant, bien que l’ambiance malsaine d’un album de Khanate soit attirante du fait de son originalité, il manquait dans ces albums le petit quelque chose qui me ferait les regarder plus comme un joyau noir que comme une perversion agréable mais ne restant attirante que comme une « nouveauté. L’émotion partie, alors plus de raison de me pencher sur l’album. C’est là qu’entre en jeu ce nouvel EP, Capture & Release. Deux longs morceaux à l’instrumentation surprenante et à l’émotion compacte. Désespoir, violence et plaisir malsain à prendre l’auditeur par surprise, je ne sais pas trop ce qui motive ces gens-là mais Khanate n’a jamais sonné aussi cathartique et fantastique auparavant. Une récente interview dans les pages de Terrorizer me confirmait ce que je pensais, cet album fut cette fois une composition beaucoup plus réfléchie que les albums précédents. Pas que Khanate et Things viral soient des coups de chance mais dans la progression de chacune des deux chansons il y a définitivement plus de réflexion dans le placement de chaque instrument.

Auparavant les notes de basses et les frappes du batteur avaient plus de place pour respirer, peut être même un peu trop par moment. Ici, les éléments se complètent, se chevauchent et tranchent dans le vif. Le silence apaisant ne reste jamais trop long et tandis que l’ambiance s’installe, le tressautement de votre pouls s’accélère au rythme des hurlements de sorcière sous acide d’un chanteur qu’il est presque idiot de qualifié de « possédé ». Ce type n’est pas possédé par le mal, ce type est le Mal. Point barre. Capture and release n’est pas pour autant un test de résistance où on peut prouver sa valeur. Même si vous avez du mal avec le drone mais que vous n’avez rien contre une musique ambiancée et sachant poser chaque note là ou il le faut, quand il le faut, alors cet album est pour vous. C’est juste que si vous y trouvez votre compte en vous introduisant dans cette ambiance alors le malaise vous gagnera obligatoirement. Du point de vue de la production, bien que j’aie surtout écouté cet album sur des petites enceintes de bureau, le son m’encercle tout de même à chaque écoute et les découvertes se font de plus en plus nombreuse au fur et a mesure des passages. A ce point là de la chronique, je ne saurais couvrir plus de place avec mon texte pour vous faire comprendre la qualité de cet album. Si vous aimez le drone et que les ambiances lugubres et déplaisantes vous attirent alors écoutez cet album. Si vous voyez le drone comme un délire conceptuel vide alors cet album peut peut-être vous faire changer d’avis.

  1. capture
  2. release

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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7 Commentaires

  1. fewz says:

    j’avais à peine entamé la chro de ce disque mon petit hororo… ;)
    je dois avouer que la pluaprt du temps Khanate m’ennuie beaucoup… mais je parviens toujours à y trouver quelque chose de captivant, d’attirant, quelque chose de presque magnétique. Pourquoi??? Parce que si Khanate était une entité cosmique ce serait un trou noir… une manifestation stellaire absorbeuse de lumière, de vie, de tout et n’importe quoi… et qui donc m’absorbe moi aussi…

  2. darkantisthene says:

    bravo pour avoir ne serait-ce que réussi à l’écouter en entier
    groupe/musique insupportable pour ma part

  3. Hororo says:

    Je comprend ce que tu veut dire camarade Fewz, mais j’aime beaucoup les ambiances sombres et le fait d’entendre un long grondement de basse, tant qu’il produit une émotion, ne me dérange pas. Ou plutot si, il me dérange, mais dans le bon sens. Je pense pas qu’ecouter Khanate sois si difficile que ça si on aime le Metal extreme, il y a des choses beaucoup plus enervante pour l’oreille que le drone, c’est juste une question d’attention et une envie d’etre absorber par la musique.

  4. Hallu says:

    Je trouve le titre « capture » assez ennuyeux par rapport au génial « release ». Sinon au niveau du ressenti, Khanate ne m’effraie pas vraiment, c’est plutôt une torture agréable, qui soulage, qui détend. C’est torturé à mort, mais ça fait du bien. Je trouve dommage par contre Hororo que tu n’aies pas insisté sur les paroles et sur le phrasé du chanteur qui sont primordiaux à mon avis et qui, peut-être plus que la base instrumentale, font la qualité du groupe.

  5. Hororo says:

    En fait je n’ai pas insisté car sur le coup je n’y ai pas pensé mais aussi parce que, contrairement a Things viral, je n’ai pas été choqué par certaines phrases mais plus par la composition générale. Mais c’est clair que dans Khanate c’est un des éléments primordial.

  6. Neurotool says:

    Et elles racontent quoi ces paroles?

  7. Hororo says:

    En gros ses textes sont assez évasifs dans le sens ou il ne raconte pas une histoire precise mais rien qu’avec la voix qu’il utilise et ses quelques mots une ambiance se crée et tu as de quoi imaginer beaucoup de chose. Beaucoup trop de chose. Un petit exemple que je trouve très bien trouvé : Mother, father, ghosts. Avec la voix qu’il emploie et l’ambiance de la musique je peut t’assurer que ça laisse une marque en l’entendant.

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