House Of Low Culture – Edwards Lament

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Style: voyage introspectif drone/noiseAnnee de sortie: 2002Label: Neurot Recordings

Une musique qui se veut expérimentale est, selon ma définition, une musique qui se cherche tout au long de son exécution. Plus on avance dans les plages et plus la musique se fait aventureuse, un thème ou un objectif peut être décelé afin de donner un peu de cohérence mais on décèle la volonté d’explorer différents sons. Or, avec Edward’s lament c’est exactement ce qui se passe. Tout comme le héros de cet album, la musique se cherche lentement mais sûrement, passant d’un état presque sourd à une ouverture vers des sonorités de plus en plus insidieuse rappelant les expérimentations drone de Earth. Etant donné que le thème se veut pesant, les basses jouent ici un rôle majeur et sont tout le temps présentes, effleurant ou poussant la sensibilité des enceintes comme les hauts et les bas d’un individu en période de dépression. Enfin, c’est comme ceci que je vois cet album et j’ai mis un peu de temps pour m’en faire une opinion. Pourquoi avoir persévéré ? Et bien parce que House of Low Culture est le projet électronique ambiant de, entre autre, Aaron Turner (Isis, Old Man Gloom, Lotus Eaters, créateur du label Hydra Head) et quand ce dernier propose un disque, aussi aventureux sois t’il, j’ai envie de l’écouter. Est ce le premier signe grave d’une tendance au fanboyisme ? Sûrement. Mais il y a pire comme choix d’idole.

Edward’s lament, est le deuxième album (en faisant exception des demos et EP) de House of Low Culture, formé du trio Aaron Turner, Jeff Caxide (bassiste de Isis) et Luke Scarola (derrière l’électronique dans Old Man Gloom) avec l’aide de James « Atomsmascher, Phantomsmacher » Plotkin, ce projet se situant à la limite d’un drone apaisant et d’expérimentations sonores oscillant entre un son assez noise et presque mélodique qui reste toujours lent et en sourdine tout comme un voyage intérieur dans les lamentations de ce fameux Edward. Plus proche des chansons ambiantes de Old Man Gloom et de Lotus Eaters qu’aucun autre projet de Turner, House of Low Culture est une entité qu’il convient d’écouter avec un casque si l’on veut se prévenir de toute interférence extérieur ce qui sera inévitable étant donné la tendance des chansons a s’aventurer et a flâner longtemps dans des sons a peine audible. Ainsi la ténacité et la patience de l’auditeur fanas de décibel sera mise a rude épreuve, surtout durant le marathonien « And now the man you’ve all been waiting for », une plage de 19 minutes contenant des moments de silence complet entrecoupés de faibles grésillements que l’on a du mal à percevoir si, par exemple, votre mère mate une bon dieu de série à la con dans la pièce à coté (expérience personnelle ? mais non, mais non …).

Ce n’est qu’après cette longue plage que certain trouveront inutile (à mon avis elle est inévitable afin de marquer la transition entre les deux parties différentes) que l’on arrive à des moments carrément plus écoutable par la race humaine ; et plus uniquement par nos amis les chiens ; comme ces boucles de raclements contre, semble t’il, du fer, ou, dans la dernière chanson, « There you go and good night », quelques notes de guitares qui s’entremêlent sous un fond de crépitement de vynil. Oui, c’est clair que si vous aimez Isis ou Old Man Gloom pour leurs alternances entre la mélodie et la lourdeur vous aurez du mal à trouver satisfaction dans un album à l’écoute aussi difficile. Je ne saurais trop dire moi-même si je suis convaincu de la qualité de cette œuvre mais étant donné les quelques idées intéressantes et le travail effectué sur le son je ne peut absolument pas dire que House of Low Culture est un projet destiné a se foutre du monde. Non, ce n’est pas un nouveau délire destiné à se moquer des types comme moi qui cherche à trouver du sens dans les moments les plus incertains et discutables des artistes que l’on admire. Les fans boys en gros. Cependant, 69 minutes de ce type de son a de quoi vous faire perdre patience et je ne peut décemment pas recommander un tel achat à quelqu’un qui n’aimerait pas se prendre la tête avec des expérimentations sur le son et préfèrerait entendre des chansons dans un format plus traditionnel. Vous voila donc avec deux possibilités, l’aventure et peut être l’ennui, ou un voyage intriguant dans des territoires assez vierges pour vous permettre de réaliser votre propre film intérieur.

  1. edward’s intent
  2. ntrmssn a
  3. on the upswing
  4. ntrmssn b
  5. … and now, the man you’ve been waiting for
  6. a temporary setback
  7. edward’s lament
  8. off you go
  9. thank you, and good night

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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3 Commentaires

  1. zurb says:

    et si cet album était l’oeuvre d’un inconnu…? Aurait-il été chroniqué? On se pose parfois la question, et ici c’est le cas, de ce que vaut la notoriété. Peux-t-on tout faire et tout vendre sous prétexte que l’on a un « nom »?Génie ou facilité?
    …j’en suis encore dans le doute….
    très bonne chronique

  2. Hororo says:

    C’est clair que je serais surement passé a coté du disque sans le nom prestigieux qui lui est acollé mais il ne vaut pas rien non plus, il ne faut juste pas en faire tout un plat car dans le domaine de l’experimentation sonore il y a tout de même plus interessants.

  3. fewz says:

    ben moi lotus eaters de ce que j’en ai écoué j’ai pas été convaincu…

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