Judas Priest – Painkiller

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Style: heavy metaaaaaaaalAnnee de sortie: 1990Label: Columbia Records

En 1990, les pionniers du heavy metal des 70’s semblaient moribonds. Rainbow ? Ritchie Blackmore n’en fait qu’à sa tête de toute façon. Deep Purple ? Ian Gillan est encore parti. Black Sabbath ? Le Sab semblait avoir définitivement perdu le son lourd et maléfique qui avait fait sa grandeur d’antan. Uriah Heep ? Qui ça ? Blue Oyster Cult ? Disparu pour au moins 10 ans après un Imaginos mal compris. UFO ? Mouarf. Scorpions ? Re-Mouarf. Et puis il y a le cas Priest, une énigme de la nature dont même les laboratoires pharmaceutiques n’ont pu résoudre leur secret de la jeunesse éternelle. C’est comme si ces gens là s’adaptaient à tout ce qui leur tombait sur le coin de la figure : le punk, la disco, la NWOBHM, le glam, le thrash, etc… Rien à faire, Judas s’accroche et semble insubmersible à chaque fois. Alors c’est vrai que Turbo, au son plus américanisé, avait fait descendre la cote de popularité des Anglais en Europe. Ram It Down avait essayé de faire le grand retour au pur heavy metooooollll mais ceci n’était pas suffisant pour reconquérir les fans déçus et blessés par la tentative des Brummies (surnom donné aux habitants de Birmingham) de se faire une place au chaud de l’autre côté de l’Atlantique. Bon ce n’était pas la dèche quand même mais le fait est que le Priest ne semblait plus dominer d’une manière aussi insolente qu’auparavant l’univers du heavy metal dont il avait été l’un des grands artisans.

Les temps changent et en 1990, la jeunesse se passionne pour un nouveau courant : le death metal. Les maisons de disque signaient à tour de bras des formations adolescentes à ne plus savoir qu’en faire. Si le Priest continuait dans sa démarche en sortant toujours le même disque de heavy metal honnête, il était immanquablement voué à l’oubli quelques années plus tard. Il lui fallait faire preuve à nouveau d’ingéniosité et montrer que son époque ne l’avait pas encore rattrapé. Première chose à faire (et qui aurait du être faite depuis longtemps selon moi) : virer Dave Holland (qui ne fut jamais rien d’autre qu’un simple métronome) et le remplacer par un véritable monstre des fûts. Le successeur, Scott Travis, inconnu du grand public, était l’homme idéal. Il n’est pas étonnant que Painkiller commence par les roulements de toms de ce dernier. Il est le moteur dont avait besoin le Priest pour mettre en forme un album tel que Painkiller.

Quand Painkiller fut lancé sur le marché, nul doute que les fans de metal qui n’attendaient plus grand-chose du Priest furent abasourdis. Personne ne s’attendait à ce que le Priest, stupéfiant de puissance et de modernisme, soit capable de réaliser ce type d’album après presque vingt ans de bons et loyaux services à la cause métallique. Il rajeunissait à l’heure où ses confrères (Deep Purple, Black Sabbath, ect…) semblaient atteints par la limite d’âge !

Painkiller est le signe d’un orgueil blessé. C’est l’album de la révolte d’un géant qui veut faire mieux que les combos thrash qui étaient portés aux nues à l’époque. Si on retrouve la vélocité et la puissance du thrash sur un morceau comme « Painkiller », il ne faut pas réduire ce disque à un bête album de heavy thrash metal. On trouve sur Painkiller une ambiance épique et sombre. Ce disque aurait pu être la B.O. de Terminator 2. A l’image de la pochette, quand on écoute ce monument, on pense à un monde futuriste dévasté où les machines ont pris le contrôle et où quelques hommes essayent péniblement de survivre dans le chaos.

Le Priest a muté, il s’est transformé en une machine encore plus puissante. Ce qui fait le Priest est toujours là : les riffs véloces, les doubles solos de guitare à 3575 notes à la seconde (marque de fabrique du Priest), la façon qu’a Rob Halford de monter tellement haut dans les aigus que seuls les chiens peuvent l’entendre. Tout ça est encore présent mais multiplié par 100. Que dis-je, par 1000 ! Non seulement le Priest avait démontré qu’il pouvait ridiculiser n’importe lequel de ses cadets, mais il se permettait encore d’opérer des miracles de composition, de vélocité et d’habileté instrumentale. On savait que les duettistes Tipton et Downing n’étaient pas des manchots et maniaient le manche comme personne mais jamais jusqu’alors ils n’avaient fait preuve de tant de dextérité. Quant à Rob Halford, il assoyait son titre de meilleur chanteur metal. Chanter très haut, il l’avait déjà fait, mais rarement avec autant de rage que sur le morceau « Painkiller ». De plus, Painkiller est vraiment le disque où il fait l’étalage de toutes ses capacités vocales, montrant l’étendue d’une palette vocale incroyablement large et aux multiples variations. Qu’il chuchote sournoisement d’une voix malsaine sur « Night Crawler », qu’il hurle comme un damné sur « Painkiller », qu’il chante d’une voix grave puissante et sans fêlures sur « Hell Patrol », qu’il ressemble à un cyborg sur « All Guns Blazing », qu’il utilise une voix sensuelle sur l’érotique « A Touche Of Evil », dans tous les cas Halford est invincible et prouve qu’il mérite bel et bien son surnom de Metal God.

Stratégiquement placé au début du disque, « Painkiller » laissait l’auditeur hagard, et ce dernier devait puiser dans ses réserves pour assimiler sans sourciller « Leather Rebel », « Night Crawler », « A Touch Of Evil » ou « Between The Hammer And The Anvil », moins inflexibles mais tout aussi énergiques. Chaque morceau arrivait à être différent. Painkiller n’est pas de ces disques où on peut confondre deux morceaux entre eux car trop similaires. Moderniser son son (et Dalila) c’est bien, mais écrire de bonnes compos c’est encore mieux. Et sur Painkiller chaque titre regorge d’idées et tous ont leurs trouvailles de génie qui les rendent uniques comme par exemple le passage sombre en plein milieu de « Night Crawler » avec la voix démoniaque de Rob Halford ou les violons synthétiques de « A Touch Of Evil ».

Avec Painkiller, Priest venait de prouver qu’il restait un groupe prestigieux et que les années 90 lui appartiendraient comme les deux décennies précédentes. La tournée qui suivit, où il se produisit en compagnie de Pantera et d’Annihilator, tendait d’ailleurs à confirmer ce fait. Encore une fois, le Priest avait été vainqueur de son époque. Hélas, un événement allait abattre le monstre durant une longue période : le départ de Rob Halford qui pensait alors avoir fait le tour du heavy metal et qu’il était temps de voguer vers de nouveaux horizons mais sans la compagnie de ses camarades de Judas Priest. Le groupe mit plus de 5 ans à se remettre de cette perte et à trouver la perle rare qui pourrait remplacer Halford : un jeune américain surnommé Ripper Owens. Depuis, le Metal God a réintégré le Priest il y a quelques années. Mais la situation est bien différente car à l’heure actuelle le Priest n’a plus rien à prouver. La faute à ce Painkiller mythique et immortel. Si vous écoutez les dernières pépites de Communic, Nevermore, Biomechanical, Angel Dust, Rage, Kragens, Jag Panzer, Mercenary ou Cage, vous constaterez que Painkiller n’a pas pris une ride et que tous ces groupes doivent énormément au Priest.

  1. painkiller
  2. hell patrol
  3. all guns blazing
  4. leather rebel
  5. metal meltdown
  6. night crawler
  7. between the hammer and the anvil
  8. a touch of evil
  9. battle hymn
  10. one shot at glory
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12 Commentaires

  1. Edge says:

    Un album tout simplement mythique une veritable calque ou anthologie du heavy , rien à jeter !

  2. Angrom Angrom says:

    Superbe chronique, pour un album non moins formidable …
    Pas mon préféré de Priest, personnellement, mais c’est clairement un truc à part , et un choix idéal pour une rubrique antologik vu les conditions de sa sortie

  3. Joss says:

    Très bonne chronique cher Dindon !!!

  4. jéjé says:

    cet album, c’est ma définition du heavy metal. De la puissance, des riffs dévastateurs, des compositions aggressives mais avec une mélodie que l’on retient.
    Dans le dico de jéjé, à la page Heavy metal, il y a écrit:
    Heavy metal= painkiller.
    Rq: Que ce soit avec Judas Priest ou bien en solo (cf Resurection), Rob Halford place toujours une énorme bombe en premier titre, histoire de bien faire comprendre à l’auditeur où il vient de tomber.

  5. darkantisthene says:

    dans le dico de jéjé :))) énorme, j’adore
    bon sinon le seul painkiller que j’apprécie c’est le titre des backyard babies sur making ennemies is good
    voilà c’était ma contribution :D

  6. jéjé says:

    ah au fait, je me demandais: vu que les seuls albums que je connais sont dans la rubrique anthologik, suis je un vieux con?

  7. Joss says:

    @ Jéjé : ho ba t’es pas si vieux que ça ?

  8. jéjé says:

    à Joss:c’est gentil de me rassurer mais pense plutôt à tes Coroner!

  9. David says:

    Bof bof bof, pas mal pas mal mais loin d’être le meilleur album du Priest. Bye bye le heavy burné et bonjour le bourrinage mécanique… à ce titre, si Scott Travis est bien plus technique que Dave Holland, ce dernier était moins limité qu’il n’y parait (mais la production typé années 80 du Priest ne l’a pas toujours bien mis en valeur)
    Holland parfois très subtil ou groovy (sur Point of entry nottament), chose dont est incapable Scott Travis, au style mécanique.

  10. David says:

    Sympa l’introduction, avec les vieux groupes qui en prennent pour leur grade :) !
    Certes, Judas faisait figure d’éternelle jeunesse à côté des gloires vieillissantes !!
    Mais les styles ne sont pas vraiment comparables non plus ! Painkiller est un album de metal bourrin, moderne, limite beauf avec de rares moments subtils (Battle Hymn/One shot at glory, A touch of evil)… ce n’est pas vraiment comparable avec Scorpions (et le pourtant excellent Crazy World), UFO ou Uriah Heep qui eux sont dans le « classic-rock ».
    Avec Painkiller, on pouvait sentir que Judas irait droit dans le mur après, car la suite (Jugulator) sera toujours plus : plus de vitesse, de bourrinage et de modernisme. Alors, Halford ou pas Halford, ça change pas grand chose car Painkiller n’est que le début de cette débacle !!

  11. Monster says:

    J’ai jamais trouvé « Painkiller » bourrin, au contraire je trouve que c’est leur album le plus subtil. « Bourrin » je veux bien pour Jugulator très inspiré Pantera et Machine Head (le groove en moins). Pour Dave Holland, je le trouve interessant qu’à de très rares exceptions, comme sur « Desert Plain ». Je l’ai jamais entendu jouer dans un autre groupe que le Priest mais il m’a toujours fait l’effet d’un batteur très limité.

  12. Blakkat says:

    @Monster: vraiment bien écrite ta kro \m/
    J’adore cet album, et dès l’intro on est défiguré par la puissance, la vitesse et la folie meurtrière qui s’en dégagent.
    Antologik !!!

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