Killing Joke – Hosannas From the Basement of Hell

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Style: post-punkAnnee de sortie: 2006Label: Cooking Vinyl

Le marchand de rêve est passé… et repassera… mais en attendant Killing Joke navigue en eaux troubles, entre chronique sociale, métaphysique et ironique insolence. Avec Hosannas from the basement of hell, Killing Joke s’inscrit de nouveau bien au-delà du champ musical stricto sensu qui nous intéresse en ces colonnes. Même si sa musique possède encore et toujours la force et les charmes d’un plaisir ineffable nous menant au cœur d’une transe décadente, Killing Joke dispense inlassablement son œuvre d’atour spirituel. Une spiritualité inhérente à une conception philosophique, celle de son mentor charismatique, l’insaisissable Jaz Coleman. Nourri au sein maternel de l’Hindouisme, bercé de métaphysique indo-européenne, Colman clame une fois de plus sa conception d’un âge décadent de notre ère, l’essence philosophique l’amenant à contre-courant des dogmes judéo-chrétiens.
Ce qui pourrait passer pour la genèse d’un monde construit sur la peur à l’écoute de ce treizième album, n’est rien d’autre qu’une énième mise en musique de sa conception cyclique du Temps et de l’Histoire. Nous vivons au cœur du Kali Yuga, l’âge de fer, le quatrième et dernier âge d’un cycle nous amenant à vivre au cœur d’une déliquescence de notre monde. Une vision froide et fataliste d’une loi perpétuelle, d’une peine incompressible de l’Humanité anime le Killing Joke. La Vie nait de la Mort et la Mort découle de la Vie, la Création nait de la Destruction et la Destruction découle de la Création, telle est la Loi universelle qui régit l’Univers en un cycle perpétuel.

De fait, ce qui n’aurait pu être qu’un groupe de plus issu de la mouvance punk/cold wave des earlies 80’s, s’est avéré un fleuron de la contre-culture rock, un post-punk superbe et incandescent, une alliance parfaite du fond et de la forme, un miroir sans teint où se dilue une réalité insoutenable ou ensorcelante mais en tout état de cause incontournable. De cette réalité émane une croyance, qui fait en partie la force Killing Joke.

Mais la force de Killing Joke réside également dans la rencontre de musiciens d’exception, au feeling reconnaissable entre mille, privilégiant l’atmosphère à la sempiternelle démonstration. Lancer un album de Killing Joke dans sa platine, c’est se jeter au cœur d’une transe violente avec pour seul repère une lumière noire, c’est accepter l’emprise d’une obsession, d’une force qui vous envoute et vous possède. Au travers des assauts d’un rock plombé, martial, d’une voix rauque, éructée et habitée des passions qui la dévorent, déclamant des textes à la tension palpable, unique phare au cœur des ténèbres, et de diffuses offensives de metal sombre et rampant. La production aussi rêche que du papier de verre – bien loin du son propre et quasi clinique du précédent album éponyme – rend d’ailleurs l’ensemble encore plus violent tout en maintenant une maestria entre chaque instrument, de la basse métronomique de Paul Raven (Prong, Ministry), aux riffs si caractéristiques de Geordie, éthérés, complexes et incisifs, en passant par le clavier de Reza, certes plus discret sur cet opus, mais néanmoins indispensable au son envoutant de Killing Joke.

Au cœur de cette maestria, Killing Joke trouve encore la place de développer dans sa musique une certaine universalité, une expression d’une essence humaniste l’animant malgré la rage viscérale de ses membres. Principalement enregistré à Prague mais également au Liban, en Bolivie et à Taiwan, riche des incursions d’un orchestres oriental aux violons ensorcelants sur « Invocation », l’album de ces derviches tourneurs nous tient en haleine durant presque une heure au son des rythmiques du nouveau venu Ben Calvert et de son jeu de batterie d’inspiration tribal – moins complexe que le jeu survolté de Dave Grohl, présent derrière les fûts sur le précédent album mais – très efficace.

Hosannas from the basement of hell se rapproche des compositions de Pandemonium et de sa folie dévastatrice incontrôlable. Les rythmiques répétitives et lapidaires procèdent de la même manière dans l’exercice d’une transe, hypnotique et apocalyptique. L’apocalypse vous envahit. Mais est-ce si terrible ? De pauvres ères vont braver ces chants des tréfonds de l’Enfer. En quête d’une catharsis ? D’un affranchissement au Kali Yuga ? Peu importe. Dansons sous les bombes et délectons-nous de ce Hosannas from the basement of hell. Killing Joke s’affranchit du marchand de rêve. Et augure d’un nouveau plaidoyer contre l’obscurantisme dans un écrin pamphlétaire. Essentiel !

  1. this tribal antidote
  2. hosannas from the basements of hell
  3. invocation
  4. implosion
  5. majestic
  6. walking with gods
  7. lightbringer
  8. judas goat
  9. gratitude
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13 Commentaires

  1. jonben jonben says:

    J’avais jamais vraiment accroché sur Killing Joke et ce nouvel album m’a bien impressionné, de gros rythmes tribaux, des ambiances travaillées, une voix rageuse, ça envoie!

  2. kollapse says:

    Excellente chronique qui résume assez bien ce que je pense de ce nouveau Killing Joke : il est énorme !

  3. Florent says:

    Ouaip énorme. Mon titre favori est Incantation, ils squattent sur le même accord pendant 7 mns, avec des orchestrations arabisantes, mortel ! il mérite bien son nom celui-là !
    KJ c’est la grande classe !!!!

  4. darkantisthene says:

    belle kro
    peut-on connaître l’origine de la pochette ?

  5. jonben jonben says:

    Je pensais à Jérome Bosch mais en fait c’est un tableau du peintre tchèque Victor Soronkin.

  6. pearly says:

    il sort quand déjà ?
    c’est dingue ça, KJ n’est pas un de mes groupes fétiches, hormis 1 ou 2 albums, mais ce disque, je l’attends avec une impatience démesurée depuis que je l’ai écouté…
    Rhaaaaaa une bombe !!!!!!
    PS : l’ITW de Jaz Coleman dans le dernier HRM est géniale, objectivement :)

  7. damien luce says:

    Moins metal que le precedent mais plus hypnotique cet album est un chef d’oeuvre, ils viennent à la fin du mois à Ris orangis !!! Soutenez les !!!

  8. jéjé says:

    Le refrain de Implosion, titre 4, fait penser à de vieux titres de Motörhead, donc je suis d’accord avec Neurotool: c’est bien du post rock, Motörhead ayant fait exploser la vague punk en plein vol…

  9. jéjé says:

    Ah, au fait, je ne sais pas qui choisit l’album du mois sur Eklektik, mais c’est vrai qu’il va falloir se lever tôt pour le détroner…va passer derrière ça!
    un champ de ruines, qu’il reste…

  10. Monster says:

    Chaipas, j’ai pas accroché à celui là, alors que j’avais beaucoup aimé le precedent, peut-être parcequ’il était plus… metal…
    Fin bref faudra que je resteste ce disque…

  11. Bernard says:

    Nouvel album post-punk tribal digne des meilleurs albums du groupe ( ‘Killing Joke’ 1980, ‘ What’s THIS For…!’, ‘Extremities, Dirt & Various Repressed Emotions’, ‘Pandemonium’, ‘Killing Joke’ 2003…). Ambiance noire, très noire…

  12. damien luce says:

    Quelques mots aprés les avoir vu à Ris Orangis : DANTESQUE, TRIBAL, HYPNOTIQUE, et surtout un son plus métal !!! Ces mecs tuent !!! Une boucherie en live !!! AAARRRRGGHHHHHHHHHH WAAARRRRDANCE §§§§

  13. KillaHill says:

    J’avais bien aprécié le precedent album, mais alors celui ci c’est vraiment autre chose. Quelle tuerie! Album de l’année avec celui de Tool et COL.

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