Benea Reach – Monument Bineothan

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Style: metal moderne teinté de post hardcoreAnnee de sortie: 2006Label: Tabu

Le voilà mon outsider de l’année qui va venir foutre le bordel dans le peloton… C’est que Benea Reach nous propose là un premier album absolument phénoménal, et tout dans cette découverte m’en rappelle une autre, celle du fluXion de The Ocean il y a 2 ans de cela.

Le parallèle paraît d’ailleurs d’autant plus pertinent que The Ocean est clairement le groupe qui me semble être la référence (consciente ou non d’ailleurs) la plus évidente à l’écoute de ce Monument Bineothan.

Nous y reviendrons mais arrêtons nous d’abord sur l’histoire de ce tout jeune groupe norvégien. A dire vrai on ne va pas s’y arrêter longtemps tant la pêche aux infos sur le groupe s’avère rapidement infructueuse et décourageante. On se contentera donc simplement de mentionner que Benea Reach a un nom bizarre d’abord, et aussi (et surtout) qu’il comprend des anciens membres d’Extol et de Selfmindead. Si le talent du premier n’est plus à démontrer (surtout sur l’excellent Synergy), le second est semble-t-il un obscur groupe dont les sorties discographiques furent apparemment bien loin d’être brillantes.
Pour ce qui est des influences, je me contenterais de vous citer ce que l’on peut lire sur la fiche promotionnelle de présentation du groupe : Meshuggah, Mastodon, et Tool.

Autant le dire tout de suite, je ne vois toujours pas la moindre trace des deux derniers cités, en revanche pour Meshuggah, la filiation me semble réelle mais pas davantage qu’elle peut l’être chez… The Ocean, c’est-à-dire très maîtrisée et appropriée. Et oui on y revient ; c’est inévitablement à ces derniers que je pense le plus en écoutant ces 12 titres alternant rage, frénésie, pesanteur, chocs et entrechocs, toujours sous le couvert d’une énorme intensité. J’ajouterai cependant que certains passages sonnent très extoliens (cela ne sera certes pas très surprenant) comme sur l’entrée en matière « Ground Slayer » tandis que d’autres (particulièrement sur les accalmies) semblent empreints d’une évidente influence de la scène post-hardcore, Cult Of Luna en tête.

Il est clair que Monument Bineothan est un gros morceau. Un album dense, long (près de 65 minutes) qui commence à livrer ses charmes au bout de nombreuses écoutes. Si je me plais à le comparer à The Ocean, je dirais que c’est probablement du côté d’Aeolian qu’il faut chercher, tant la tonalité générale est sombre, lourde, oppressante même, et la plupart du temps très agressive. Cependant l’approche est assez différente en ce que la variété des tempos est clairement de mise. Toujours murée dans la grisaille, la musique de Benea Reach semble parfois laisser poindre la lumière dans les passages rageurs et rapides (voir « Purge » ou « Torch ») alors que d’autres moments font clairement la part belle à une stupéfiante beauté mélancolique cachée derrières des rythmiques hachées, épaisses (magnifique « Pandemonium »). Dans d’autres cas au contraire, la grisaille se mue en noirceur absolue quasiment portée par un tempo doom (incroyable et hypnotisant « River ») pour mieux vous prendre à la gorge. La suffocation est proche, il n’y aura pourtant que peu de répit, mise à part cette véritable et salvatrice accalmie, incarnée par ce « Conflux », aux allures quasiment post-rock pour le coup. C’est sans compter sur « Emperor », avec sa rythmique de possédé qui marque le retour du féroce avant de laisser l’auditeur bouche-bée lors de l’apparition de sonorités électroniques très 70s vers 4min40…
La fin de l’album (à partir de la moitié de « Venerate »), toujours sombre mais magnifique (le final de « Venerate », qui me rappelle The Evpatoria Report est tout simplement à tomber par terre de beauté) se fait néanmoins plus douce portant l’auditeur vers les portes de l’enfer…

Le voyage est éprouvant certes, d’autant que vocalement certains viendront probablement se plaindre du chant –quasiment hardcore- très majoritairement éructé (évoquant plutôt le timbre du 2ème chanteur de The Ocean) d’Ilkka, qui peut (j’imagine) certainement fatiguer à la longue (et ce bien qu’il soit assez en repli dans le mix), malgré une légère variation entre cris aigus et cris un peu plus graves, voire évoquant parfois des mélodies éructées secondées par des choeurs lointains. Enfin, tout est tellement bien amené, bien aéré et bien construit, que personnellement je me laisse facilement transporter par cet album qui semble réunir dans un même univers le meilleur du metal chaotique, du post hardcore et du post-rock pour un résultat énorme…
Vraiment énorme…

PS : L’album déjà sorti en Norvège depuis fin mai, est censé débarquer sur nos terres le 31 juillet…

  1. ground slayer
  2. inheritor
  3. transmitter
  4. purge
  5. pandemonium
  6. river
  7. torch
  8. conflux
  9. emperor
  10. immaculate
  11. venerate
  12. drapery
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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13 Commentaires

  1. kollapse says:

    Autant dire que ta chro donne envie ! Bon bah reste plus qu’à attendre le 31 juillet pour entendre ça…Ahben ça tombe bien on y est ;-)

  2. Ellestin says:

    je mets la chro en favoris pour me rappeler de checker l’affaire dès que l’actualité se sera un peu éclaircie. Clairement ca chatouille les glandes salivaires.

  3. jonben jonben says:

    Album superbe, je me le passe en boucle depuis que je l’ai, vraiment ce qu’on peut s’attendre de mieux comme metal/hardcore moderne. Moins technique et original que le dernier The Ocean, mais tout aussi intense et éprouvant de a à z, cet album y gagne par contre en cohérence.

    On pourra noter également le travail sur les voix, plus variées que la chronique ne le laisse comprendre je trouve, en particulier certains refrains où la voix est mi-éructée mi-mélodique et parfois secondée par des coeurs.

  4. jonben jonben says:

    Au fait, certains titres sont en écoute en streaming sur leur site, ainsi que le clip de Pandemonium.

  5. Joss says:

    Ouais, à écouter mais j’ai peur d’aimer un peu un moment et d’oublier assez vite, comme pas de groupes « post »…

  6. damien luce says:

    j’en salive d’avance

  7. fewz says:

    pour râler: à quoi ser le « 0,5 »????????????????????

  8. Joss says:

    Ba pour préciser que ça vaut plus que 18 mais quand même pas 19… ok je sors…..

  9. krakoukass Krakoukass says:

    Bah je n’ai rien à ajouter au commentaire de Joss, c’est quoi cette question débile Fewz ???

  10. fewz says:

    pour râler juste :p

  11. Devin says:

    Pas mon kiff mais c’est toujours mieux qu’un énième groupe de Metalcore ça c’est sur.

  12. Ayesta! says:

    Tres TRES bon album…..ambiances pesantes et travaillées, plans lourds/saccadés comme du plomb, bref une claque! J’ai mis 4 jours à trouver à quel groupe ils me font penser et ça y est, à l’instant!!!! => qq1 connait et/ou aime le cultissime (mais défunt…) groupe LIVING SACRIFICE? Ben, ça se rapproche énormément…plus je l’écoute et plus les comparaisons abondent. Et vous?

  13. Ayesta! says:

    D’ailleurs, Messieurs les chroniqueurs, autant battre le f…pardon, le métaaaaal quand il est chaud!
    A quand les chroniques des 3 albums de LIVING SACRIFICE? ou des 2 SOUL EMBRACED? (groupe formé d’ex-LIVING SACRIFICE + EVANESCENCE)
    De magnifiques claques, en perspective, vous verrez…

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