Biohazard – State of the World Address

11 Commentaires      2 155
Style: Fusion HardcoreAnnee de sortie: 1994Label: Warner

Il y a des groupes que l’on met du temps à aimer. Que ce soit du fait de sa propre persévérance, quand on a acheté un album d’un groupe inconnu sur un coup de tête et que l’on s’obstine à l’écouter jusqu’à ce que le déclic arrive ou bien encore par l’acharnement d’un ami qui se pointe tous les W.E chez vous avec le nouvel album de son groupe fétiche jusqu’à ce que vous lâchiez un « ouais c’est pas mal ton truc ». Ça peut encore être ce groupe dont vous entendez parler pendant des années sans comprendre l’intérêt jusqu’à ce que vous vous décidiez à écouter sérieusement un album. Pour moi Biohazard ce n’est aucun de ces cas-là. C’est plutôt un parpaing qui me tombe sur la gueule un jour que je n’avais rien demandé sinon que d’écouter tranquillement Fear of the dark et Countdown to exctinction. Je m’en souviens très bien, c’était un dimanche soir à la fin de l’émission M40 rock avec Eddie, sur la station de radio aujourd’hui disparue M40. Le présentateur annonce avec fracas : « Chamber spin Three » de Biohazard, un extrait de leur album Urban discipline. Ce sera ma troisième claque musicale après Iron Maiden et Suicidal Tendencies. Une passion soudaine en quelque sorte.

State of the world address sortant dans la foulée c’est tout naturellement que je me procure l’objet avec mon argent de poche du mois (comme chaque fois obtenu le 1er et dépensé le 2 en CDs). Si « Chamber spin three » était un parpaing, State of the world address s’apparente plus à un 33 tonnes que l’on se prend au détour d’un virage. Certes il me sera donné l’occasion d’entendre bien plus violent dans les années à venir mais s’attaquer d’une traite à 60 min de ce crossover New-Yorkais relevait de l’exploit à cette époque pour moi. Mais le crossover, c’est quoi donc ? À la base ce terme désigne tous les groupes qui brassent les genres comme Faith No More ou Rage Against the machine même si pour ces groupes le terme fusion sera plus souvent utilisé par la suite. Biohazard se trouve un peu le cul entre deux chaises et se revendique autant du hardcore que du métal. Hardcore dans l’esprit car né dans la rue au milieu d’un vivier pour le genre. Hardcore pour le chant aussi, les deux chanteurs Evan Seinfield et Billy Graziadei se relayant avec un flow rap hardcore pour le premier et hurlé pour le second. En revanche l’héritage musical de Biohazard est clairement métal, les nombreux soli de Bobby Hambel sont là pour en attester. À cause de cela, Biohazard va être à l’écart de cette scène hardcore new-yorkaise qui prône le « old school » à tout va mais subira aussi les critiques du genre « trop hardcore » pour les fans de métal. Et oui au début des années 90s, contrairement à aujourd’hui, les ponts entre le hardcore et le métal ne sont pas encore totalement érigés.

Et tant qu’à être à l’écart autant y aller franchement et se démarquer davantage. Nos 4 tatoués n’hésitent pas à proposer des intros au piano et guitare acoustiques pour aérer ce gros bloc monolithique qu’est SOTWA. À l’écoute de l’intro de « Failed territory » qui gravite autour d’une guitare acoustique aux accents espagnols, on a du mal à s’imaginer au milieu d’un album de métal hardcore. Cependant, l’arrivée de la basse groovy d’Evan Seinfield viendra vite nous rappeler à l’ordre. Le dernier titre de l’album, « Love Denied », est lui aussi amené par une douce intro au piano avant de nous emmener dans un titre aux refrains explosifs. Je l’avoue, ces passages mélodiques m’aidèrent grandement lors de la découverte de l’album pour m’y retrouver et commencer à distinguer certains titres des autres. D’abord un, puis deux, et au bout de quelque semaine l’écoute complète de ce State of the world adress commence à me donner moins mal à la tête. Il faut dire que pendant une heure les deux frontmen se reposent peu et se relaient sans cesse afin de déverser un flow continu de lyrics assassins entre patriotisme, chroniques de la délinquance urbaine et odes aux enfants martyrs (de la guerre et la violence en général). Ils se font même aider le temps d’un titre par un des rappeurs de Cypress Hill, l’imposant Sen dog (celui qui secondait B-Real le rappeur à la voix nasillarde). « That’ how it is »… l’un des titres incontournables de cet album où la complémentarité des trois voix fait merveille pour donner au final un titre au groove imparable. Rien que le démarrage de ce titre, amené par une modulation du larsen final du titre précédent, suffit encore à me donner des frissons.

Oui, malgré ses apparences un peu rustres qui dévoilent lors de certains titres, de virils chœurs façon supporters de foot, Biohazard sait se faire subtil et c’est en ça que l’album possède une durée de vie exceptionnelle. Pour ma part, ce fut mon album de chevet pendant presque deux ans, un exploit que je ne pense pas avoir été renouvelé par un autre groupe sinon le El Norra Alila d’Orphaned Land (qui n’a bien sûr rien à voir, est-ce utile de le préciser). Plus d’un an après sa découverte, certains riffs révèlent leur excellence, il y a encore des enchaînements de voix bien sentis auxquels on n’avait pas prêté attention ou bien un petit solo de basse bien caché.

Si aujourd’hui on voit toute une ribambelle de groupe se revendiquer métalcore, on ne peut que se rendre à l’évidence que ce terme s’appliquerait d’avantage à la musique de Biohazard mais ceux-ci sont sans doute arrivés trop tôt. Enfin bref, hardcore-métal, métalcore on s’en fout un peu finalement, Biohazard a de toute façon sa propre personnalité et même s’il ne renouvellera pas l’exploit SOTWA (peut-être à cause du départ de Bobby Hambel à la suite de cet album), Biohazard restera jusqu’à son récent split (définitif ?) un groupe singulier et respecté autant des fans de métal que de hardcore.

  1. state of the world address
  2. down for life
  3. what makes us tick
  4. tales from the hard side
  5. how it is
  6. remember
  7. five blocks to the subway
  8. each day
  9. failed territory
  10. lack there of
  11. pride
  12. human animal
  13. cornered
  14. love denied
Up Next

Du meme groupe

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

11 Commentaires

  1. Kieron says:

    Superbe chronique pour un album enorme!Et effectivmee,t metalcore colle parfaitement à leur musique.  » This State of the World Adress, Motherfuckerrrrrrrrrr »

  2. AlCheMist says:

    It’s the State of the World Address, Mothafuckaaaaaa !!!!
    Excellente chro pour un album qui l’est tout autant. J’ai découvert les New-Yorkais et le Hard-Core avec cet album que je considère toujours comme un sommet du genre !! Increvable !! Le rageur ‘Human Animal’ & ‘Five Blocks to the subway, Just five blocks away !!’ restent gravés dans mes oreilles !!

  3. Veusti says:

    Excellente chro pour un groupe mythique qui a décidé de s’arrêter après une carrière plus que bien remplie. Je l’attendais avec impatience, merci Joss !

  4. Joss says:

    N.Y hardcore pour le genre ???? il me semblait avoir bien fait comprendre dans ma chronique que Biohazard était exclu de ce mouvement. Non Crossover est à mon avis le terme le plus exact.
    Sinon merci pour les compliments, j’avais l’impression de l’avoir moyennement réussie cette chro :-s

  5. Joss says:

    @ Alchy : c’est marrant mais les deux titres que tu cite sont quasiment ceux que j’aime le moins sur ce disque :-)

  6. Veusti says:

    Bah disons que le fait de tourner avec pleins de groupes HxC, ca leur étiquette un certain style de metal

  7. Tim No-Wear says:

    Ce qui m’a marqué la première fois que j’ai écouté cet album, c’est la prod’ « made in Ed Stasium » qui a épaissi considérablement le son et a permis à Biohazard d’avoir enfin un son digne de leur talent…

  8. VsGreg says:

    Chouette album et chronique sympa.
    J’ai adoré la référence à Orphaned Land en passant, il fallait le faire vu que Biohazard et Orphaned Land n’ont rien à voir musicalement … c’est très sympa comme remaque car ça donne un aspect très personnel qu’on retrouve de moins en moins souvent dans les chroniques !
    Sinon « State of .. » est un super disque, je pense qu « Urban Discipline » et « New World Disorder » sont tout aussi bon.
    Comme tu le dis « Biohazard a de toute façon sa propre personnalité », je crois qu’il ont été très peu copié, peut être juste les francais de No Compromise s’en rapproche.

  9. wakos says:

    Excellent groupe que j’ai découvert avec la non moins excellente BO de « Judgement Night » qui avait fait l’effet d’une bombe lors de sa sortie. Il s’agissait en effet d’une des 1ère tentative ou le rock et le rap croisaient le fer sur le même skeud et cela a donné des duo hallucinants (Faith No More avec Boo Ya Tribe, Biohazard avec ONYX ou encore Sonic Youth et Cypress Hill) … Pour en revenir a SOTWA il s’agit tout simplement d’un de mes albums préfèrés du groupe (avec le live « No holds barred ») et c’est aussi celui que je réécoute le plus souvent ….

  10. Crusto says:

    Bonne chro, excellent disque, groupe critiqué lui aussi mais (presque) toujours excellent . Dommage qu’ils aient splitté, mais en même temps dur de faire un disque du même niveau.

  11. Max says:

    va mourir ringtones -_-

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *