Gorgoroth – Ad Majorem Sathanas Gloriam

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Style: black metalAnnee de sortie: 2006Label: Regain

De la forme :
Lorsqu’il s’agit d’illustrer l’inconstance à laquelle les line-up de certains groupes de black sont sujets, on pense principalement aux anglais de Cradle of Filth. Pourtant, les vétérans norvégiens de Gorgoroth ne sont pas en reste pour ce qui concerne le brouillage de piste des pauvres généalogistes. On a en effet droit, avec ce 7ème album, à un retour derrière les fûts d’une vieille connaissance dont vous avez peut-être déjà entendu parler : Frost (Satyricon, 1349), qui avait fait une petite apparition sur Destroyer en 1998 et participé pleinement à la période Antichrist de 1996. Ce n’est donc plus Kvitrafn – lui-même successeur du sieur Sjt. Erichsen qui ne s’était alors pas privé pour remplacer Grim – qui s’occupe de cogner comme un sourd. Vous voyez le topo ? Et c’est quasiment du même acabit pour les gratteux et la basse et un peu moins folklorique pour les vocalistes. Enfin bon, le principal étant la présence de l’indéboulonnable maître à penser Infernus, seul rescapé des origines et cette cerise sur le gâteau qu’est la participation du comparse de Satyr. Ah non, on me signale dans mon oreillettes qu’en plus de problèmes de line-up les norvégiens connaissent ces derniers temps quelques tracas extra musicaux qui ont laissé à Kingovhell tout loisir d’exprimer pleinement et quasi exclusivement ses talents de compositeur, Infernus ayant préféré concentrer son énergie à s’exercer aux plaidoiries plutôt qu’aux lignes maléfiques de guitares. Le foutoir quoi. Et sans doute pas les conditions idéales pour proposer un digne successeur à Twilight of the idols

Du fond :
Là où certains voyaient en Gorgoroth les chantres de la sauvagerie brute du black metal, je considérais avoir affaire à des compositions décousues pour ce qui concerne les premiers méfaits de ces peinturlurés. Au fil des albums, les compositions se sont étoffées, perdant probablement de leur spontanéité, de leur rudesse mais gagnant – et ce n’est pas rien, vous en conviendrez – une attention accrue de ma part. L’arrière-goût d’inachevé, de naïveté presque, je dirais, n’a désormais plus sa place au sein de la déferlante lourde et massive à laquelle Gorgoroth sont parvenus. C’est désormais une armée mature et en parfaite possession (technique) de ses atouts qui vient nous maltraiter les esgourdes. On peut regretter cette tendance au « professionnalisme » (on va appeler comme ça ce que je viens de décrire en termes sybillins hein, on va pas commencer à s’emmerder la vie avec des broutilles terminologiques) ou bien l’accueillir avec délectation. Personnellement, il me semble que, pour ce type de black, les progrès en termes de production et de consolidation des rythmiques n’ont pas à faire l’objet de vitupérations et doivent être accueillis favorablement.
J’ai précisé, plus haut, “parfaite possession technique” parce que, au fil des écoutes, la claque dans la gueule se fait moins énergique ; loin d’irriter l’épiderme, ces dernières réussissent même à lui permettre de retrouver sa douce rugosité naturelle.
Ça veut dire quoi ta métaphore pourrave coco ? Eh bien tout simplement que Ad majorem sathanas gloriam tient moins la distance que ses prédécesseurs. C’est plus clair là, coco ?
Il est certes plus intense que Twilight of the idols de par son exécution, sa production et les structures “rentre-dedans” qui laissent peu de place aux acalmies (contrairement à Incipit satan, par exemple) ; cependant, les riffs sont moins diaboliques et ne retiennent finalement l’attention qu’à court terme. J’ai bien peur qu’en la matière il y ait plus méritants que ces vieux de la vieille mais que leur statut privilégié de groupe sulfureux et originel pose un voile grisâtre devant les yeux du jugement qualitatif de certains.

De la fin :
Ben voilà, la chronique est finie. Garçon, la note !

  1. wound upon wound
  2. carving a giant
  3. god seed
  4. sign of an open eye
  5. white seed
  6. exit
  7. untamed forces
  8. prosperity and beauty

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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2 Commentaires

  1. dah-neir says:

    Assez d’accord avec l’impression générale. Je suis loin de l’espece de frenesie qui me prends a l’ecoute de « destroyer » ou de « under the sign ». C’est pas mal mais ca casse pas 3 pattes a un canard.

  2. Naja says:

    Le old Gorgoroth est mort, donc pas la peine d’espérer un nouveau « Under the sign of hell », « Pentagram » ou « Antichrist ». Mais cette monture-là redonne espoir quand même. Redonne espoir car succède à « Twiligh of the idols », album plutôt tiédasse (eh oui!), qui succèdent lui aussi à deux bouses sans nom. Pour ma part j’ai beaucoup appriécié…

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