Muse – Black Holes and Revelations

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Style: rockAnnee de sortie: 2006Label: Na

Muse sur eklektik ? Et oui, comme quoi tout arrive. La formation anglaise sort enfin, presque trois ans après Absolution, son attendu successeur. Absolution est un peu particulier pour moi car c’est l’album qui a fait passer Muse du statut de « truc que j’écoute à la radio d’une oreille » à « groupe que j’aime et que je respecte », l’album qui m’a fait avoir le déclic, et qui reste encore aujourd’hui celui qui me procure le plus de plaisir. Aussi j’étais un peu anxieux, mais aussi fort impatient en attendant le quatrième effort du trio mené par Matthew Bellamy.

Les quelques bootlegs de nouveaux titres disponibles sur le net me permirent néanmoins de satisfaire mon impatience. Un moment rebuté par le premier single européen « Supermassive Black Hole », je fus néanmoins très accroché à l’écoute d’une première version live de « Knights Of Cydonia », une rythmique efficace, des envolées lyriques et surtout une ligne de basse qui n’aurait pas dépareillé un disque d’Iron Maiden.

Mais venons en au produit fini, que diable, et insérons cette nouvelle galette dans le lecteur. Le premier constat que l’on peut faire est que le groupe a bien eu raison de faire à nouveau confiance à Rich Costey pour la production du disque, car le son est assez énorme, dans la lignée d’Absolution. L’artwork est une fois de plus réalisé par Storm Thogerson, responsable entre autres de beaucoup de pochettes des Pink Floyd.

Assez de forme, venons en au fond : « Take A Bow » ouvre de fort belle manière le disque, offrant à l’auditeur une montée en puissance efficace, s’achevant sur des nappes de claviers caractéristiques du groupe, et débouchant sur un « Starlight » dont la mélodie de clavier d’ouverture ne laissera sans doute pas indifférents les fans de Depeche Mode. Malgré la rythmique un peu martiale, la voix de Matthew Bellamy se fait enjôleuse et nous entrons de plain-pied dans l’album. Les choses s’accélèrent ensuite avec le premier single, « Supermassive Black Hole » (rien que ça), un titre original pour Muse, à la rythmique très électro, et où la voix de Bellamy ressemble par moments à s’y méprendre à celle de Prince. « Map Of The Problematique » renoue avec les influences du groupe de Dave Gahan sur celui de Matthew Bellamy, les mélodies de claviers en sont directement inspirées, la rythmique quant à elle rappelant celle de « Time Is Running Out » sur leur opus précédent. « Soldier’s Poem » est un court intermède de deux minutes, dont les chœurs en canon ne sont pas sans rappeler Queen, une respiration bienvenue à ce stade de l’album. « Invincible » commence tout en douceur, avec des arpèges de guitares en glissando (pouvant rappeler les B.O. de Danny Elfman), soutenues par une rythmique de batterie qui peut faire penser à un tambour militaire. Au milieu du morceau, on décolle franchement, suite à un changement de rythme, pour achever sur le solo final, plus technique, et dans lequel la guitare se fait déchirante. Assurément un des points d’orgue du disque.

« Assassin » démarre sur un rythme endiablé (serait-ce une réponse de Muse au clin d’œil que Dream Theater lui avait fait dans « Panic Attack » sur son dernier disque), un titre plus classique dans l’ensemble avec là encore l’utilisation de nombreux chœurs en soutien de la voix de Bellamy. Le titre suivant, « Exo Politics » démarre lui aussi par des coups de batterie secs, associés à une guitare un peu crunchy. Tout se met en place progressivement : la voix, puis la basse. Un riff basique mais efficace vient soutenir le pré-refrain, avant que l’on s’envole totalement sur ce dernier. Très efficace, bien qu’un peu classique, « Exo Politics » est sans doute promu à une belle carrière live.

La fin de l’album nous réserve deux très belles pièces. « City Of Delusion » tout d’abord, dont les guitares sèches d’inspiration espagnole et les violons nous envoûtent dès la première écoute. Un des grands morceaux de bravoure du disque, à l’inspiration complexe, et qui livre tous ces secrets petit à petit. À noter, pour l’anecdote, un solo de cuivres fort sympathique, qui accentue l’inspiration très latine de ce titre. « Hoodoo » possède lui aussi une forte touche « hispanique » et le rythme nonchalant de la première partie nous offre une petite pause avant la fin du morceau, très sombre. On notera là encore, l’utilisation de cordes, pour un final d’inspiration classique de toute beauté. Mais le meilleur reste à venir avec LE titre de ce disque (et sans doute pour moi un des titres majeurs de l’histoire, encore courte, de ce jeune groupe) : « Knights Of Cydonia » est un monument, une tuerie, qui démarre sur les chapeaux de roues, à l’instar du sample de cheval au galop que l’on entend au début du titre. Bellamy est déchaîné, la basse est presque « Maidenesque », et il est quasiment impossible de ne pas se laisser entraîner. Après deux minutes quasi instrumentales, les voix arrivent, et ça fait mal : La mélodie est imparable. Un vent épique souffle sur l’intégralité de ce titre, à l’image du break : « No One’s Gonna Take Me Alive… » qui rappelle là encore Queen. Et c’est reparti pour deux minutes de folie, qui laissent l’auditeur pantois, avec une seule envie : appuyer à nouveau sur « Play ».

Le groupe a réussi avec ce disque à transcender ce qu’il avait déjà fait avec Absolution, à tirer la substantifique moelle de son talent, tout en y intégrant avec goût de nouvelles influences. Dans sa démarche, tout comme dans son insolente réussite, il n’est plus choquant de faire le parallèle avec Queen, auquel le trio anglais fait de plus en plus penser. Sans doute un des meilleurs disques de l’année, rien que ça.

  1. take a bow
  2. starlight
  3. supermassive black hole
  4. map of the problematique
  5. soldier’s poem
  6. invincible
  7. assassin
  8. exo politics
  9. city of delusion
  10. hoodoo
  11. knights of cydonia
Angrom

Chroniqueur

Angrom

Comme pas mal de gens, c'est par mon paternel que me sont venues bon nombre de mes émotions musicales. Éclectique en diable, mon daron, m'initia à la musique classique et rock essentiellement. Beatles, Rolling Stones et Elton John essentiellement furent parmi les premiers artistes à retenir mon attention. Imaginez ma stupeur quand un ami se présenta un jour chez moi avec des disques d'un groupe anglais, arborant une mascotte qui a l'époque m'avait paru horrible, mais me fascinait. Il s'agissait bien sûr d'Iron Maiden, dont je devins assez vite fan, intégrant ainsi un peu de métal dans mes écoutes, qui, à l'époque, suivaient plutôt la mode du moment. Metallica, Megadeth, Iggy Pop vinrent compléter ma collection d'artistes un peu plus péchus. Arrivé en école d'ingénieurs, un voisin de palier, voyant quelques disques de métal dans ma (encore petite) discothèque, essaya de m'entraîner du "côté obscur". Bien lui en prit, rétrospectivement. À l'époque, en 1998, Angra était au top, et c'est par ce moyen qu'il réussit son coup, me faisant sombrer dans une période heavy-speed, dont je ne garde plus grand chose aujourd'hui (mis à part Edguy et les trois premiers Angra). Une fois le poisson ferré, il passa à la vitesse supérieure en me passant des disques de Dream Theater. Coup de cœur direct pour Images And Words, un peu plus de mal avec Awake, mais la sortie de Scenes From A Memory en 1999 et plusieurs petits détails contribuèrent à faire de ce groupe un de mes groupes favoris, ce qu'il est encore aujourd'hui (une vingtaine de concerts au compteur). Suivant le groupe et tous ces side-projects c'est par Transatlantic que je m'intéressai aux groupes de rock progressif : Spock's Beard, Marillion, The Flower Kings, puis les grands anciens : Yes, Genesis (je considère encore aujourd'hui la période d'or de Genesis comme un des trucs les plus géniaux qu'on ait jamais écrit en musique), Rush (mon groupe n°1), plus récemment King Crimson. Sorti de l'école, je rencontrai sur Rennes la troisième personne à l'origine de mes grands tournants musicaux. Mon troisième maître m'initia aux sonorités plus saturées du death metal et du thrash qui pousse. L'éducation ne se fit pas sans mal, mais j'ai actuellement une discothèque de métal extrême bien fournie, que j'apprécie énormément. .J'en profitai pour découvrir un des groupes français les plus novateurs : SUP. Ou j'en suis aujourd'hui ? Sans doute un mix de tout cela. J'ai succombé également aux sirènes du rock alternatif (Tool, The Mars Volta, Porcupine Tree, Dredg). Je conserve quelques bases heavy que je ne renie pas (Judas Priest, Ozzy Osbourne, Alice Cooper), et j'écoute beaucoup de métal progressif, si tant est qu'il s'éloigne de la technique pour la technique (Pain Of Salvation, par exemple). La trentaine a été également l’occasion de s’intéresser au Jazz, plutôt les classiques « hard bop », mais je ne crache pas sur une petite nouveauté à l’occasion. Je voue également un culte sans limites à Peter Gabriel et à Frank Zappa, hommes à la personnalité fascinante et musiciens expérimentateurs !

Angrom a écrit 58 articles sur Eklektik.

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21 Commentaires

  1. krakoukass Krakoukass says:

    Belle chronique pour ce qui est sans doute le meilleur album des anglais à ce jour… Effectivement l’influence de Queen est flagrante et tant mieux (le début de « City of Delusion » fait même méchamment penser à « Innuendo »). Personnellement je tempèrerai juste mon enthousiasme en étant un poil inquiet quant à la durée de vie du disque car il est assez court (45 minutes qui passent super vite) et s’assimile assez vite malgré une ambition impressionnante. A voir.
    Ceci dit, j’adore mais je pense qu’ils peuvent faire encore mieux… En tout cas j’espère qu’ils poursuivront dans cette voie ambitieuse et grandiose… L’avenir dira alors si l’on peut faire de Muse le successeur des géniaux et regrettés Queen…

  2. Kieron says:

    Chronique élogieuse qui me donne envie de me pencher sur l’album, même si je n’aime pas ce qu’ils font depuis le premier album et que le nouveau single entendu cet apres-midi à la radio m’a laissé de marbre

  3. Needle says:

    Personellement assez déçu par Absolution (chaque titre en lui même est bon, mais l’album est assez chiant), je suis bien content de retrouver ce que j’aimais dans Origin of Symmetry (leur chef d’oeuvre imho): ce souffle épique, cette atmosphère un peu spatiale et le retour de la cohérence (quel enchainement Starlight/Supermassive Black Hole !). Knights of Cydonia est dementielle (frissons imparable dans les versions live lors de « No ones gonna takes me aliiiive), la fin de Hoodoo me tue à chaque fois. Dommage que Invincible casse un peu ma joie, m’apporte rien cette chanson. Dommage aussi pour la durée très courte du disque… M’enfin, un bien bon disque qui doit faire bien mal en live :)

  4. fewz says:

    j’ai pas encore bien écouté l’album mais le titre « assassin » me fait penser à du SOAD…mais je me demande aussi si ce n’est pas à un clin d’oeil au titre « assassin « de Lightning Bolt.

  5. Hallu says:

    \o/ 19 pour ça vous êtes complètement fous

  6. Emma Peel says:

    écoute en boucle, formidable album…belle chro.

  7. Devin says:

    J’ai toujours detesté Muse, et ça ne risque pas de s’arranger avec celui-là, remarque basée seulement sur l’écoute du single.

  8. fewz says:

    moi je le trouve complètement SUUUUUUURPRODUIT cet album!!! mais tellement… trop de prod tue la prod…

  9. dark hypp says:

    Belle chronique! Assez anxieuse aussi à l’écoute du single et une première découverte assez mitigée, mais je me suis vite rendue compte que cet album est efficace! une bonne galette! Beaucoup de nouveau et surtout des albums qui passent royalement en live!

  10. pearly says:

    je ne sais pas, j’hésite… :)
    Non l’album est on, y a de bons titres, comme le terrible knights of cydonia, mais il me manque quelque chsoe. Je le trouve un peu trop « fm », un peu trop déjà-vu, un peu trop classique sur les mélodies. et surtout, il me manque encore la puissance émotionnelle d’un « Space Dementia » par exemple.
    Bien, efficace, mais j’ai entendu plus fort venant d’eux, notamment au niveau du chant.
    un poil déçu, ma

  11. pearly says:

    rhaa. donc :
    mais je ne regrette pas pour autant de l’avoir acheté.

  12. mistaken says:

    19 pour sa c’est quand meme un peu exagerer je trouve meme si il est pas mal…un grand nombre d’album les merite plus que lui!

  13. Angrom Angrom says:

    J’assume ma note, à l’image de Muse, sans concessions et un peu outrancier, mais j’assume. Florent devait normalement faire la chronique avec moi et modérer un peu mon enthousiasme. Il m’a dit qu’il posterait un com pour nuancer ma chro.
    @hallu : euh , non rien …
    @Devin : essaie quand même d’écouter « Knights Of Cydonia », qui devrait te plaire autrement plus que le single européen

  14. Neurotool says:

    19… Tu pousses vraiment mémé dans les orties là… Bon ceci dit un album bien sympathique, certes surproduit, mais on finit par vite oublier ce manque de goût. un talent qui n’est plus à prouver mais justement ces influences trop marquées me dérangent un peu comme s’ils cherchaient à compiler des éléments très vendeur des trois dernières décennies du rock… M’enfin un bon album somme toute. Pour ce qui est de la durée de vie, wait and see (de toutes façons les précédents ne tournent plus depuis un moment…)

  15. Angrom angrom says:

    j’avoue que j’ai du mal à comprendre ce que vous entendez par surproduit … l’album a un son terrible, et il me semble que la majorité des lecteurs de ce webzines ne sont pas des amateurs de démos enregistrées sur dictaphone. Muse officie dans le créneau pop / rock et la moindre des choses a mon avis dans ce style est d’avoir un son correct, c’est pas du troublaque :)

  16. fewz says:

    par surproduit, je veux dire que l’album sonne trop « paillettes »… je trouve que ça sonne trop « tête de gondole »… trop c’est trop quoi. Je ne suis pas spécialement un fana des démo enregistrées au dictaphone mais je dois avouer que cela ne me dérange pas plus que ça.
    Sinon pour comparer: le denier muse est surproduit alors que l’éclat de Monochrome est produit juste ce qu’il faut… vraiment nickel. D’ailleurs j’ai failli mettre la comparaison dans ma chro.

  17. Neurotool says:

    Exactement comme Fewz!
    Qu’il y ait un son nickel ok. Mais qu’il soit rajouté les paillettes… certains sons font vraiment too much comme le clavier très « Britney Spears » sur le 3° ou 4° morceau je ne me souviens plus lequel exactement… Bref ça a un côté TROP grand public.

  18. pearly says:

    voilà c’est ça qui me déçoit un poil sur cet album, ce côté TROP – ouvertement – grand public
    du coup j’ai du mal à totalement apprécier les compos à leur juste valeur.

  19. Angrom Angrom says:

    Mouais… m’enfin Muse a toujours été un groupe « grand public » et « tête de gondole ». On ne va pas leur reprocher d’avoir virer leur cuti, il n’ont jamais été underground … :)
    personnellement, je trouve que , un peu à l’instar de Coldplay, ca fait plaisir de voir en Muse un groupe grand public qui a du succès sans céder aux sirènes de la facilité et en gardant des compos de haute qualité …

  20. ridurand says:

    Pareil que dark hypp et pearly. Inquiet après avoir écouté le single. Mitigé après avoir écouté l’album. Puis finalement, il passe bien même si je trouve que ça manque de puissance émotionnelle. Ce qui me gène aussi, c son côté grand public, trop facile qui fait qu’en l’écoutant seulement 4-5 fois, je le trouve bien sans qu’il soit pour autant exceptionnel et alors que ct pas gagné à ma première écoute…

  21. Conrad says:

    Moi j’adore Absolution et ensuite Origin, mais là je dis non. Cet alum m’ennui, je le trouve plat et globalement sans génie. Ok Assasin est sympa, ok la fin de Knights of truc est excellente, ok City of desilusion est vraiment bien. Le reste … Starlight est une repompe de Keane, Supermassive aurait pu être formidable comme tube de l’été potable (pour changer) si le chant et la batterie n’était pas ridicule. Etc.

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