Après de nombreuses critiques ultra-positives, je dois dire que lorsque j'avais découvert le premier film de Michel Gondry Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, j'avais été au final un peu déçu. Celui-ci était bien réalisé, mais pas le chef d'œuvre que l'on m'avais promis. Néanmoins, il était prometteur, et offrait un casting de rêve au vidéaste avec une brochette d'acteurs américains talentueux (Jim Carrey, Kate Winslet, Elijah Wood, Kirsten Dunst)
La science des rêves offre aussi un casting talentueux mais cette fois "à la française" : Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Miou Miou, Emma de Caunes, auxquels vient s'ajouter la star mexicaine Gabriel Garcia Bernal, qui a décidément le vent en poupe en ce moment. L'histoire (le film est apparemment autobiographique) : Stéphane, un jeune homme franco-mexicain, mi-rêveur, mi-inventeur, revient en France suite au décès de son père. Il s'installe dans un appartement laissé libre par sa mère, et commence un travail monotone dans une imprimerie de calendriers. Dans le même temps, il fait fortuitement la rencontre de Stéphanie, sa voisine, et une idylle, compliquée, commence à vouloir se nouer.
Comme l'explique Stéphane dans la séquence d'introduction, les rêves sont compliqués et composés de choses diverses et variées. C'est un peu l'impression globale que l'on a de ce film : un joyeux bazar, mi-dingue, mi-surréaliste. Gondry réussit à perdre de manière agréable le spectateur dans le monde de Stéphane et de Stéphanie. On pense parfois à Lynch (car finit par se perdre entre rêve et réalité), parfois aux créateurs de Wallace et Gromit ou aux créations visuelles des films de Tim Burton. On suit le film en trois langues (espagnol, français et anglais), on ouvre les yeux et on s'émerveille devant toutes les trouvailles visuelles, prouvant qu'il n'est nul besoin d'effets spéciaux hors de prix pour faire rêver au cinéma aujourd'hui …
Clairement Gondry a franchi un palier par rapport à son précédent métrage avec La Science des Rêves. Là où je trouvais Eternal Sunshine un peu complexe à suivre au niveau du scénario, La Science des Rêves est un vrai plaisir. Les acteurs ne sont pas en reste : Chabat joue à merveille le collègue beauf de la petite PME, Charlotte Gainsbourg incarne avec brio l'attraction et la répulsion qui animent Stéphane, et que dire de Gabriel Garcia Bernal, si ce n'est qu'il prouve encore, à 28 ans seulement qu'il est d'un talent fou. Ce garçon est en train de se faire un joli CV : Inaritu, Salles, Almodovar … il incarne un Stéphane perdu, jonglant entre trois langues jusqu'à ce qu'elles se mélangent, rêveur et amoureux, a mi-chemin entre un jeune premier et un vieil inventeur.
La science des rêves fait appel à ce qu'il y a de plus intime au fond de nous : les rêves, et y arrive de fort belle manière en nous permettant ce qui est normalement impossible : pénétrer les rêves d'un autre. Une forte impression de rêver éveillé se dégage du film, ainsi qu'une grosse dose d'émerveillement et de nostalgie. Du sacré beau bricolage, bravo M. Gondry