Life Of Agony – River Runs Red

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Style: metal/hardcore suicidaire puis rock grasAnnee de sortie: 1993Label: Roadrunner Records

Incroyable de réaliser que cet album a déjà 13 ans d’âge. En tout cas il n’a pas pris la moindre ride. Une véritable bombe, pierre angulaire d’un genre bâtard croisant certes le métal et le hardcore (ce qui n’était déjà pas si fréquent en 1993), mais apportant surtout une touche mélancolique et même dépressive.
En fait, imaginez que le Type O’ Negative de Bloody Kisses (tiens déjà un anthologik…) s’invite dans une fête bourrée de tough guys coreux new-yorkais. Le résultat est River Runs Red. Le lien avec Type O’ est d’autant plus évident que la production de cet album est assurée par Josh Silver, clavier de Type O’. Et ça s’entend, le son ressemblant fortement à celui que possédait Type O’ sur l’album précité, et certains morceaux faisant même penser au Type O’ hardcore (« Words and Music » par exemple).

River Runs Red est un concept album reposant autour de l’histoire d’un adolescent qui va en quelques jours franchir les étapes le menant à son suicide (sonorisé en plage 13 par « Friday »). Incendié par sa mère, mâratre au foyer probablement dépressive et un peu azimutée, il est d’abord quitté par sa copine (« Monday »). Il va ensuite perdre son (p’tit) boulot et se faire convoquer au lycée en raison de ses mauvais résultats (« Thursday »).

Cet enchaînement d’évènements est magnifiquement mis en musique alors que Life Of Agony enchaîne les ambiances, bien furieuses et pleines de colère faisant ressortir les racines hardcore du groupe (comme sur « This Time », « My Eyes » ou « Through and Through ») avec moult gros choeurs typiques du genre, ou à l’inverse bien dépressives et désespérées (« I need a place to rest » chante Caputo sur le superbe « Bad Seed », ou le début de « The Stain Remains ») qui ne sont pas sans évoquer le gothisme de Type O’. Mais en réalité un même morceau va quasiment systématiquement faire ressortir ces différentes ambiances (voir « This Time » avec son changement de tempo bien caractéristique, « Words And Music » ou encore le sublime « Method Of Groove » et… tous les morceaux quasiment), ce qui rend la performance si intéressante, accrocheuse, et la fusion parfaitement réussie.

Evidemment la réussite du disque n’est pas étrangère à la présence de Keith Caputo, chanteur à la versatilité impressionnante et à la voix superbe, capable de beugler mais aussi de chanter et d’émouvoir en sussurant ses mots. Indéniablement un des chanteurs marquants des années 90.
Au-delà de cette performance, la réussite s’explique simplement par la qualité phénoménale des 10 titres (et ce n’est pas un mince exploit tant le titre d’ouvevrture, « This Time » est énorme), les 3 autres titres étant les fameux intermèdes fixant le concept. Rien n’est à jeter, tout est génial de la 1ère à la dernière note, les hits se suivent (« This Time » en tête donc, mais aussi « Through and Through » et j’en passe).

La suite de la carrière de Life Of Agony, malgré un 2ème album Ugly sympathique (et encore plus sombre) et un retour réussi (après un split) en 2005 avec Broken Valley, ne sera toutefois jamais à la hauteur de ce premier essai. La valeur n’attend pas toujours le nombre des années et on ne m’empêchera pas de penser que le coup de maître, LOA l’avait réussi dès son premier album avec River Runs Red.
Si vous ne connaissez pas, dépêchez-vous de découvrir cet album cultissime.

Nouvelle chronique du 14/08/2013 :

Et oui les années passent, les chroniques défilent, et la mémoire défaillant, on oublie qu’on a déjà chroniqué certains albums… Me voilà donc lancé dans la chronique de cet album que j’ai pourtant déjà écrite il y a 7 ans… Allez tant pis, on la garde. Action.

Combien de temps faut-il pour être sûr qu’un album va marquer le temps de son empreinte sur un genre donné? Chacun aura certainement son avis sur cette cruciale question, mais 20 ans semble un âge raisonnable pour tirer une telle conclusion. Ça tombe bien puisque c’est précisément l’âge du premier album de feu Life of Agony, River Runs Red.

Et voilà un album qui n’a pas pris la moindre ride à l’oeil et dont la musique continue d’influencer encore en 2013 des groupes récents comme Twitching Tongues (chronique à venir de leur deuxième album).

Sur des bases hardcore inattaquables, la bande de Brooklyn construit la bande son du désespoir, la descente aux enfers du héros de cette tragédie conceptuelle (dont on comprend mieux les tenants et aboutissants via les 3 interludes « Monday », « Thursday » et « Friday » : en gros largué, viré de chez lui, de son job, recalé à ses diplômes… Et tout cela va logiquement mal finir). Un hardcore sombre, triste, dépressif même qui n’hésite pas à ralentir et à flirter avec des tempos doom (« Bad Seed » par exemple et son démarrage pachydermique). Impressionnant quand on sait que cet album a été intégralement écrit et composé par le bassiste du groupe Alan Robert. Mais il lui fallait une équipe du tonnerre pour donner vie à sa création et en particulier un chanteur loin des clichés et des tonalités habituelles du hardcore. Enter Keith Caputo, l’un des chanteurs les plus doués de sa génération, capable de faire passer le désespoir dans son chant habité, mais aussi de faire transparaître une colère, une rage même, sans avoir jamais besoin de growler (sur les fondeurs et directs « River Runs Red », « My Eyes » ou sur le refrain de « Respect » par exemple). Le timbre du Monsieur (aujourd’hui devenu une femme prénommée Mina mais c’est un autre sujet) reste encore aujourd’hui inédit, inégalé, à la fois original et parfaitement adapté à la musique du combo. A tel point que le groupe ne se relèvera jamais vraiment de son départ malgré une tentative pour intégrer le très côte ouest et ultradoué Whitfield Crane (chanteur de Ugly Kid Joe), tentative qui ne durera que 2 ans.

Du hardcore new-yorkais, influence majeure du groupe, on retrouve les choeurs puissants et virils à la Carnivore (dont un des membres intégra justement Life of Agony), également partagés par Type O’ Negative, le double gothique de Life of Agony formé un an après sur les cendres de Carnivore. Difficile en effet de ne pas voir d’accointances avec le groupe de Peter Steele (au-delà des amitiés sincères entre les membres des deux entités), notamment dans ce goût pour la lourdeur et la dépression qui les fera tous deux se distancer du « simple » hardcore basique à la new-yorkaise (Madball et autres Sick of It All) composante pourtant complètement intégrée à la musique des deux groupes. On notera en effet que River Runs Red a été produit par Josh Silver, emblématique claviériste de Type O’ et que Sal Abruscato a été batteur des deux formations.

Pour en revenir à River Runs Red, l’album reste puissant et passionnant même 20 ans après, ses fondations étant parfaitement inattaquables. Les tubes « This Time », « Through and Through » ou « Method of Groove », qui sont certainement inscrits durablement dans la tête de tous ceux qui ont tué des heures devant le fameux Blah-Blah Metal de MCM ou sur Headbanger’s Ball côté MTV, restent des tubes aujourd’hui, témoignages magiques de cette époque où Roadrunner proposait au public autre chose que de la soupe. Les autres titres ne sont pas en reste (rhaa « Bad Seed » ou « Words and Music » et ses mythiques ralentissements/accélérations), il n’y a même absolument rien à jeter sur cet album fabuleux auquel le groupe ne parviendra jamais vraiment à donner un digne successeur malgré des titres intéressants par-ci par-là. On sent bien que Caputo souhaitait donner une tonalité moins sombre et plus lumineuse (à l’image du par ailleurs bon titre « Weeds » sur le globalement moyen Soul Searching Sun), qui ne collait certainement pas forcément à l’idée que se faisaient les autres membres de Life of Agony et qui l’a d’ailleurs finalement poussé à partir vers une carrière solo qui ne décollera jamais vraiment.

Bref, ami lecteur si tu ne connais pas cet album, sache qu’il n’est pas trop tard pour rattraper ça, jette-toi donc rapidement sur cette bombe atomique jamais égalée.

  1. this time
  2. underground
  3. monday
  4. river runs red
  5. through and through
  6. words and music
  7. thursday
  8. bad seed
  9. my eyes
  10. respect
  11. method of groove
  12. the stain remains
  13. friday
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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15 Commentaires

  1. Hallu says:

    Mouais bof aucune émotion, et le type chante comme une merde.

  2. dah-neir says:

    AHAHAH putain « le type chante comme une merde » ca c’estdu commentaire mythique. Merci Hallu. Bref album genial, chant superbe et tres varié, bref c’est du fameux. Par contre je me suis toujours demandé, c’est Keith qui chante sur « Method of groove »? Le chant rappelle franchement le chant de Biohazard…

  3. darkantisthene says:

    bombe atomique, groupe de scène fabuleux, que des tubes, rien à jeter, un groupe marquant de l’histoire du metal

  4. bob says:

    non, tous les chants/choeurs « hardcore » sont assuré par le bassiste (et principal compositeur) Alan Robert.

  5. dah-neir says:

    Merci pour l’info Bob

  6. Angrom Angrom says:

    Putain j’aimais du hardcore sans le savoir…
    En fait, je n’ai jamais écouté ce disque. J’ai découvert LOA en live en 2004, et je me suis surpris a resté schotché devant alors que je ne connaissais aucun titre… J’ai donc investi dans « Soul Searching Sun » et j’ai revu le groupe en live (de près) par la suite. Je connais bon nombre des chansons de ce premier album, mais via le live « River Runs Again » et je trouve que Broken Valley est un album fort réussi.
    Enfin il faudra quand même que je me décide à écouter la version originale. Bonne chro.

  7. heavydevy says:

    Superbe album,bien dépressif par moments et pas mal de tueries, »through and through », »method of groove », »bad seed », »this time », »underground ».Et les interludes,surtout la dernière « friday » est vmt glauque! Une pure tuerie et ne croyez surtout pas hallu,keith caputo chante excellement bien.Mon préféré du groupe juste devant « ugly »

  8. Joss says:

    Bah, si on compare tous les commentaires, les gens sauront à qui faire confiance LOL

  9. Hallu says:

    Hmmm oui faut toujours se fier au plus grand nombre. Dans ce cas, matte la star ac’, aime Arthur, écoute Cauet, et prends AOL comme FAI.

  10. Joss says:

    ouais mais ici c’est déjà plus ciblé :-p

  11. Monster says:

    ça fait depuis longtemps que AOL n’est plus le FAI numero 1, surtout en France, d’ailleurs cette année ils licencient dans leur structure française, tssss si tu suivais un peu la bourse Hallu

  12. guim says:

    Excellent disque
    alternance hardcore mélodique/fusion/doom métal qui prend du tonnerre,dommage qu’ils aient vite laché la recette,même si moi aussi je trouve qu’Ugly est pas mal du tout
    Bonne kro mec

  13. matstriker says:

    ben alors elles sont passées où les kros anthologiks??

  14. darkantisthene says:

    mea culpa c’est moi que je tarde!

  15. flyingdust says:

    aaaah hallu! Quel plaisir de lire tes commentaires toujours aussi bien argumentés ( aussi sur guts of darkness), c’est de l’humour en fait? tu aimes bien dire l’inverse des autres ou tu penses vraiment ce que tu dis?

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