Lofofora – Les Choses Qui Nous Derangent

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Style: fusion rock hardcoreAnnee de sortie: 2005Label: At(H)ome

Découvrir un nouvel album de Lofofora, c’est un peu comme se rendre au camping que l’on fréquente depuis quinze ans pour les vacances d’été : on part en terrain connu et il est rare que beaucoup de choses aient changé. Il s’agit là du deuxième méfait du groupe, avec Pierre (ex-Artsonic) derrière les fûts et Pascal (Noxious Enjoyment) à la guitare, qui étaient apparus pour la première fois sur Le fond et la forme, sorti en 2003.
Avec plus de 15 ans de carrière et quatre albums studio, le groupe fait partie des fers de lance de la scène fusion/hardcore française à ses débuts, et en est l’un des rares rescapés. Sans cesse sur les routes, Lofofora est aussi réputé pour ses prestations scéniques hautes en couleur, tout comme les coups de gueule de son chanteur emblématique : Reuno.
Autant dire que le groupe n’a plus grand-chose à prouver, mais ne se repose pas sur ses lauriers et poursuit son petit bonhomme de chemin.

Le groupe continue donc à nous abreuver de son savant mélange, oscillant entre passages groovy, bien carrés et puissants comme il sait si bien le faire, tout en optant pour un son de guitare plus « rock n’roll » à mon goût. Le tout reste tout de même plus rentre-dedans et percutant que sur « Le fond et la forme », mais lorgne aussi vers des rythmiques plus calmes, et posées sur certains morceaux. Nous avons donc là affaire à une parfaite synthèse des deux derniers albums en date du groupe (Dur comme fer, Le fond et la forme) au niveau des compositions, tout en ayant, par la même occasion, la sensation que le groupe a encore affiné son style d’écriture et sa façon de composer, certainement grâce à une plus grande implication des deux « nouveaux » membres du groupe. Qu’il s’agisse des morceaux directs et bruts de décoffrage, que des quelques titres où le tempo se calme, le groupe va droit au but.
C’est un véritable uppercut sonore qui débute dès le premier titre et, autant pour les morceaux lourds, gras et groovy (« Les choses qui nous dérangent », « Rien au monde », « Aveugle et sourd » …), que pour les titres aux relents punk (« Le pire », « Mondial Paranoïa », « Buvez du Cul ») ou pour ceux qui jouent avec la mélodie (« Accelère »), ou encore pour les ambiances beaucoup plus calmes et posées (« Quelqu’un de bien », « L’éclipse »), le groupe ne laisse aucun temps mort s’installer. La production très crue, voire rugueuse, vient d’ailleurs renforcer cette sensation de déluge sonore, et transporte l’auditeur dans une ambiance suintant la transpiration, l’acharnement, la haine et la bière, comme s’il assistait, en personne, à une répétition du groupe dans son local.

Décortiquer un album de Lofofora sans parler des textes de Reuno serait une grosse erreur, car il s’agit là d’un des piliers du groupe. En effet, que serait Lofo sans ses coups de gueule, ses dénonciations et revendications envers un système et un monde qui l’écoeure ? La plume de Reuno est toujours aussi assassine tout au long de ses textes qui n’épargnent par grand monde, comme à son habitude, mais elle sait aussi se faire plus introspective lorsque le bonhomme s’ouvre à nous. Le style d’écriture de Reuno est toujours aussi riche, imagé et si propre au personnage.

Au final, nous avons donc un très bon album de Lofofora qui, à défaut de révolutionner la recette et le genre, confirme que le groupe ne compte pas se ramollir et qu’il a encore plein de choses à nous dire. Le combo navigue en électron libre, trace sa route sans se soucier des modes, de ses détracteurs et continue à cracher son ras-le-bol d’un monde hypocrite, prônant l’individualisme, le profit et la consommation de masse, pour ne citer que quelques exemples. Par contre, je ne m’exprimerai pas sur le cas « Rock n’Roll class affair » qui est, à mon avis, la plus mauvaise chanson de l’album, autant au niveau instrumental, qu’au niveau du texte. A vous de voir …
Une chose reste claire, même si ses albums ont parfois tendance à sentir le réchauffé, Lofofora est un groupe qui prend toute son ampleur en live et il est indéniable que la scène est le terrain de prédilection du combo Parisien. L’impact et le message de leurs compositions y sont d’ailleurs naturellement amplifiés, tant leurs prestations sont intenses et riches en surprises.

  1. les choses qui nous dérangent
  2. rien au monde
  3. accélère
  4. enfant du chaos
  5. la peur du vide
  6. le pire
  7. rock n’roll class affair
  8. mea culpa
  9. humide song
  10. quelqu’un de bien
  11. l’éclipse
  12. aveugle et sourd
  13. mondial paranoia
  14. buvez du cul
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9 Commentaires

  1. pearly says:

    un immense échec pour moi.
    le chant de reuno est de plus en plus mis en avant, on n’entend plus que ça, sauf que là, les textes sont niais, et le chant stéréotypé. Musicalement, ça a la pêche, mais « lofo » plagie lofofora.
    acheté les yeux fermés comme d’hab’, la déception fut grande.

  2. Monster says:

    Beurk pas du tout aimé. Peuh ! et « Dur Comme Fer » sont très bons mais le reste de leur discographie on s’en passe…

  3. Florent says:

    Sauf erreur ils ne sont plus parisiens mais marseillais. A confirmer.
    M’ennuie ce skeud. Peuh reste le meilleur et de loin. J’adorais le jeu de Farid…

  4. wakos says:

    Ben il me semble que Reuno vit bel et bien sur Montpellier, mais le reste de la clique sont sur Paris … Pour « Peuh », je suis tout à fait de ton avis, il reste leur meilleur skeud …

  5. GURG says:

    exactement le meme avis que pearly

  6. wakos says:

    ben moi c’est « Le fond et la forme » avec lequel j’ai beaucoup de peine … Mais Lofo reste quand même un groupe que j’apprécie toujours autant lorsqu’il sont sur scène, y’a pas photo …

  7. SeB "D" says:

    « La chose qui me dérange » chez Lofo… cet album vraiment loupé !

  8. sebz says:

    cet album est loin d’etre le meilleur du groupe ! pour moi g un faible pour le fond et la forme ou on a vu le chant et les textes de reuno s’affiner d’avantage et ou la prod etait ma foi impressionante !Ce dernier album reste pour moi anecdotique

  9. georges abitbol says:

    Vous êtes durs, les mecs! Ok, cet album n’est pas le plus abouti et novateur de Lofo. Mais ça reste quand même bien au dessus de la moyenne, si on parle rock ou métal français.
    Je pensais pas qu’un jour je verrai associés « chant de reuno » et « niais »!
    Je veux bien être ouvert d’esprit, tolérant, mais y a quand même des limites. T’as le droit de pas être d’accord avec son point de vue, mais de là à parler de niaiserie, je trouve que c’est vraiment abuser… Comme l’indique le titre, cet album a pour but de nous mettre le nez dans la merde, de pointer du doigt notre inertie, notre soumission… peut-être que ça en « dérange » certains.

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