Nachtmystium – Instinct Decay

6 Commentaires      2 259
Style: black metalAnnee de sortie: 2006Label: Battle Kommand

Cet album de Nachtmystium a tout d’un album de black metal classique au premier abord. La production crasseuse, cette voix déchirée typique depuis les premiers cris de Nocturno Culto sur A blaze in the northern sky, le mot d’ordre est donné : black metal. Pourtant, au bout de trois minutes dans la première chanson, des arpèges de guitare acoustique interviennent et atténuent la charge des guitares et de la batterie pour ensuite introduire un solo de guitare souligné par un effet de réverbération, utilisé tout au long de l’album, qui permet ainsi à la guitare de trancher dans le vif de la dissonance par le biais d’un son plus mélodique. Nachtmystium, déjà auteur de deux albums plus traditionnels, n’est clairement pas un groupe de USBM comme les autres, comme le reste de l’album se chargera de le prouver. De plus, contrairement à ses compagnons de Xasthur ou de Leviathan, pour ne citer que les leaders, le groupe n’est pas dirigé par une seule personne mais comprend trois membres. Enfin, afin de parfaire le tableau et d’éloigner encore plus Nachtmystium des poncifs -et cela même en considérant l’engouement autour de Xasthur et sa récente signature chez HydraHead- qui pourrait s’attendre à voir un groupe de ce type prochainement en tournée avec Pelican et Daughters ?! Il est vrai que la scène USBM joui en ce moment d’une attention particulière venant de milieu moins metal, ce qui fera grincer sans doute les dents des puristes.

Et à n’en pas douter, certains cracheront dans la soupe car avec Instinct : decay, Nachtmystium marque un départ du son black metal traditionnel pour quelque chose de moins uniforme et évolue constamment vers des territoires plus metal en conservant une certaine mélancolie propre a la scène USBM mais en l’emportant bien loin des sentiers battus par d’autres. Par exemple, durant « Chosen by no one », on peut percevoir en fond un roulement bien électronique pour enchaîner après sur un riff assez thrash et finir sur un nouveau solo du même genre que celui décrit plus haut. L’atmosphère est la même, l’émotion et la production placent Nachtmystium en plein dans un son black metal, mais c’est la manière dont le trio se sert de ses éléments, ainsi que cette volonté de progression, qui les associe plus, par exemple, à Enslaved sans pour autant les rendre identique. De nouveaux éléments sont apportés au son black metal, ces solos, les changements de rythme, la multiplicité des parties dans un même morceau et ce constant regard surpris que l’on jette vers les enceintes toutes les trois minutes pour se demander si l’on a pas été sujet à une hallucination. Comme par exemple pour la conclusion pratiquement power metal d' »Eternal ground ».

Tout est prétexte pour permettre à Nachtmystium de se dégager du lot. Seule la production -toutefois très honorable et convenant très bien au genre tout en permettant aux expérimentations de bien s’accorder avec l’atmosphère- rattache fermement ce disque à un genre précis. Car je suppose personnellement, qu’avec un son plus metal justement, ce disque n’aurait pas été aussi facilement classé dans un registre black metal. C’est à dire que la frontière qui le sépare d’une reconnaissance par un public beaucoup plus varié est très fine et à n’en pas douter leur prochaine tournée en compagnie de Pelican les poussera encore plus sur le devant de la scène. De toute manière, que Nachtmystium soit reconnu ou non comme leader ne changera rien au fait que cet album est un des plus intéressant récemment sortis en matière de black metal. Quelques mots aussi sur la pochette, un crâne d’ou sortent des branches, une métaphore sur la progression effectué sur Instinct : decay ? L’extérieur tout comme l’intérieur permet à l’auditeur de se rendre à l’évidence que le futur de Nachtmystium s’éloignera plus tard des sentiers mille fois battus pour permettre à ce genre, qui s’apparente parfois plus a un culte ou à une philosophie, de s’étoffer et de ne pas s’enterrer sous des codes qui l’asservissent au lieu de servir à son ascension.

  1. instinct
  2. a seed for suffering
  3. keep them open
  4. chosen by no one
  5. circumvention
  6. eternal ground
  7. antichrist messiah
  8. here’s to hoping
  9. abstract nihilism
  10. decay

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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6 Commentaires

  1. Hoover77 says:

    Très bon cet album, entre le black classique et quelque chose de plus planant et mélancolique. 16/20 ça me semble tout à fait justifié.

  2. Güühl says:

    J’aime bcp ce disque. Etant un inconditionnel de Nachtmystium, j’ai été plutot surpris et presque déçu à la première écoute. Mais les écoutes suivantes m’ont fait changé radicalement d’avis. Ce groupe évolue et je ne peux que saluer la démarche. Excellent album !

  3. Hoover77 says:

    Tu sembles connaître le reste de leur discographie (ce qui n’est pas mon cas): qu’est ce que tu recommandrais en priorité à part cet album?

  4. Güühl says:

    Faut dire que j’aime la plupart des releases du groupe, mais mes préférences vont vers « Demise » et « Eulogy IV », bien que « Reign Of The Malicious » ne soit pas en reste, loin de là.

  5. Hoover77 says:

    Merci du conseil!

  6. darkantisthene says:

    bon album mais je lui préfère largement eulogy

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