Sulaco – Tearing Through the Roots

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Style: metal extrêmeAnnee de sortie: 2006Label: Willowtip Records

Durant mes études de psychologie, j’ai appris les statistiques. Les formules ne m’ont guère intéressé et je ne pourrais vous en réciter aucune. Par contre, une phrase qui m’a particulièrement marqué durant ces années est celle du « constat d’ignorance ». Si le résultat que l’on obtient à la fin d’un calcul ne nous donne aucune indication alors on conclue à un « constat d’ignorance ». Tearing through the roots, premier album de Sulaco, après un EP fort peu remarqué, pourtant distribué par Relapse, me force, tout comme mes calculs de statistiques que j’ai eu bien du mal à ingérer et à comprendre, à conclure à un constat d’ignorance. Je sais quoi penser de ce disque mais je ne saurais en donner une équation simple et facilement compréhensible par tout un chacun. Sulaco est tout simplement un groupe à part et on aura beau calculer la part de chaque sous genre présent dans la formule de concoction de chacune des plages de ce disques, on en sera pas plus avancé. La somme de chaque part n’est pas égale à ce que l’on obtient une fois l’album placé dans le chaîne hi fi. Pas vraiment un ovni pour autant, ne dégageant pas cette aura mystique que les albums inclassables inspirent au chroniqueur qui s’empresse de crier au génie, Tearing through the roots est un loup déguisé par un peau de mouton.

D’abord introduit par une liaison capable de provoquer l’excitation et l’intérêt, puisque constitué d’un ancien membre de Lethargy, légendaire monstre proposant une sorte de mélange entre le death et le grind, ou officiait auparavant, derrière la batterie, un certain Brann Dailor, que l’on retrouvera maintenant dans ce fameux petit groupe de quartier qu’est Mastodon. Sulaco offre donc d’entrée de jeu une association simple et clair avec un héritage musical prestigieux. Pourtant où sont les influences communes dans tout cela ? Nulle part. Oui, un peu de grind dans tout cela, surtout dans un jeu de batterie qui n’est pas avare en blast beats, et aussi une affinité avec le death metal quand on observe ces riffs fortement techniques (mais jamais démonstratifs) qui possède parfois ce sentiment de crasse que Autopsy, ou Commit Suicide, dispense dans chacun de leurs albums. Ajouté a cela des riffs que l’on tord et que l’on déplie sans prévenir et vous aurez tôt fait de vous interroger longuement sur la direction vers laquelle votre esprit va vagabonder une fois que Eric Burke et son jeu original auront finit de faire mumuse avec vos attentes et les dépasseront constamment. Et c’est bien sur sans compter les changements de tempos fréquent et inattendus (l’inattendu étant la seule constance dans le jeu et le format des chansons). Des interludes aussi, viennent pimenter le tout, et apportent des bouffées d’air frais nécessaires à l’absorption d’une musique que mes phrases lourdes en supposition vous aurons convaincu que Sulaco n’est pas exactement un groupe comme les autres.

Alors que dire ? Devant un album insaisissable que l’on a du mal a comprendre on se retrouve a tourner autour du pot. A qui cela s’adresse t’il ? Aux fans de musique originale et extrême, sans aucun doute. Peut être à ceux qui aiment les riffs anguleux à la Burnt by the Sun ? Tout aussi extrême d’ailleurs, le batteur, qui n’aurait pas à rougir devant Dave Wittie, et la voix crié, rugueuse, mais jamais exagéré, ne se privant pas d’intervenir. Sulaco est l’incarnation de ce monde indéfinissable que nous appelons, chez Eklektik, le metal moderne. Un metal extrême qui se prévaut des clichés et se rend intouchable et impossible à cantonner à un seul style sinon celui des amateurs de guitares lourdes. Seul défaut, l’aspect impénétrable et imprévisible de l’ensemble des 11 plages rend le tout assez difficile d’accroche au premier abord, ainsi qu’au second et même au troisième ou vous serez sûrement encore surpris. Constance et persévérance -deux qualités dont ont du faire preuve les membres de Sulaco après avoir passé beaucoup de temps sans label avant que Willowtip ne leur ouvre les bras- vont être les deux qualités requises avant de se lancer dans ce disque. Donc en gros, ce que je suis en train de vous dire, c’est que ce disque n’est pas vraiment un divertissement mais un album bourré de contours et de détours qui, sans être progressif ou expérimental, vous fera l’effet d’une brique tombé du dixième étage. Tearing through the roots n’est pas un album qui vous prend par la main, cela va sans dire. Mais en même temps, a-t-on besoin d’enfoncer un peu plus le clou alors que d’autres le font déjà trop ? Autant privilégier ce qui ressort de l’ordinaire. Et ça, Tearing through the roots le fait très bien.

  1. middle man
  2. pointing out the obvious
  3. summon the hammer
  4. an eye in every window
  5. brunt of the joke
  6. sticks in my craw
  7. winning the race
  8. the lone chime
  9. model of inefficiency
  10. full of holes
  11. bupkus

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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Groupes cités dans la chronique

6 Commentaires

  1. Damien luce says:

    La première fois que j’ai entendu parler de ce groupe, c’est grâce au batteur de Playing enemy, il portait un tee shirt de ce groupe quand je les ai vu l’année dernière. Une petite recherche et hop une giffle bien frontale !!! Bonne chro et excellent groupe technique, novateur, original. L’ essayer c’est l’adopter !!!

  2. Romain says:

    Enorme CD, à conseiller aux fans de Mastodon et Lethargy : 17/20

  3. Bernard says:

    La suite logique de l’EP. Très bon, mais aussi assez hermétique pour qui n’est pas familier de ce genre très technique/complexe et brutal… Perso je déconseillerais aux fans de mastodon…

  4. kollapse says:

    Moi qui suit pourtant fan de Mastodon et Burnt By The Sun, ce Sulaco m’a gonflé. Les musicens maitrisent à mort leur affaire mais ça part un peu trop dans tous les sens, ce qui fait qu’on perd en dynamisme, en gros c’est un peu le bordel… J’ai des fois l’impression que c’était complexe pour faire complexe. Et même si c’est pas vraiment le truc sur lequel je fais une fixette habituellement, le chant est très bof.
    En bref c’est pas pour moi^^

  5. Hororo says:

    Nos gouts communs viennent de trouver une frontière cher Kollapse. Les larmes me montent aux yeux.

  6. kollapse says:

    hihi :-)

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