Blackfield

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J’ai rencontré Steven Wilson et Aviv Geffen, de passage sur Paris pour promouvoir le nouvel album de Blackfield sobrement intituled II. Ambiance détendue et même plutôt potache avec un Aviv très caustique, et un Steven plutôt affable…

Comment décririez-vous le nouvel album en comparaison du premier ?


Aviv : je pense qu’il est meilleur. Le premier était bien, mais celui-là c’est vraiment LE BON.

Et en terme de style, est-ce qu’il est selon vous, différent du premier ?


Steven : Il y a des différences notables en matière de production notamment, mais il est évident que ce nouvel album s’inscrit complètement dans la continuité du précédent.

C’est un album de pop en somme…


Steven : tout à fait c’est un album de pop mélancolique et sophistiquée.

Comment travaillez-vous avec la distance qui vous sépare ?


Steven : Non en fait j’ai passé 6 mois en Israël récemment et c’est à cette occasion que nous avons composé et enregistré l’album.
On ne fonctionne pas trop en s’envoyant des idées par Internet et en travaillant dessus. On a besoin de cette émulation, de travailler ensemble, dans la même pièce. Et je tiens d’ailleurs à cette « romance », à l’histoire du disque, que ce ne soit pas immatériel…

L’un de nos chroniqueurs m’a demandé de vous poser la question suivante : est-ce que cela vous étonne si l’on vous dit que l’on peut déceler des points communs avec U2 sur ce nouvel album ? (Merci Darkantisthène pour la question pourrie)


Tous les 2 : Wouah, oui en effet c’est étonnant…

Dois-je en déduire que vous n’aimez pas trop U2 ?


Steven : je n’ai rien contre U2, il est évidemment difficile de ne pas les entendre à un moment ou un autre, mais je ne pense pas que U2 soit une influence pour la musique que nous faisons. Il y a beaucoup de groupes qui nous ont bien davantage influencés…

Envisagez-vous de faire une tournée Porcupine Tree / Blackfield ?


Steven : Et bien nous avons fait quelque chose comme ça par le passé…
Aviv : Pas une vraie tournée…
Steven : Non c’est vrai pas une vraie tournée, mais Blackfield a joué sur quelques dates en tant qu’invité spécial de Porcupine Tree… Une ou 2 dates en fait…
Mais le problème pour moi c’est que c’est déjà très stressant et difficile vocalement de faire une prestation, et ça m’est compliqué d’envisager chanter 3 ou 4 heures de suites… Je crois que je mourrais après une semaine de tournée à ce rythme… En plus ma voix me lâche déjà souvent en tournée…

Oui je me souviens de la date parisienne pour la tournée Deadwing en avril 2005, tu avais eu un problème avec ta voix… Le concert avait néanmoins été excellent…


Steven : Oui exact ! Et bien en septembre dernier nous étions aux Etats-Unis, et sur une date je me souviens que nous avions terminé le concert, étions sortis de scène, et nous étions remontés sur scène pour faire le rappel. Je me suis approché du micro pour parler et… rien. Je n’arrivais même plus à parler. Le lendemain j’ai du voir un spécialiste qui m’a injecté des stéroïdes pour que je retrouve ma voix pour le reste de la tournée… Mais c’était très effrayant et stressant, je me disais « putain qu’est-ce que je vais faire ! ».

Pensez-vous que les fans de Porcupine Tree sont les même que ceux de Blackfield ?


Steven : En partie seulement. Il y a des fans de Blackfield qui n’aiment pas Porcupine Tree car ils trouvent ça trop heavy, trop complexe ou que sais-je. A l’inverse il y a certainement des fans de Porcupine Tree qui trouvent Blackfield trop pop, trop mainstream. Mais je pense quand même qu’il y a une bonne majorité qui fait le lien entre les 2 et qui apprécie les 2 projets. 60 à 70% je pense…

Aviv, tu es toi-même amateur de Porcupine Tree ?


Tout à fait. C’est d’ailleurs pour ça que nous nous sommes rencontrés. Je suis devenu fan après avoir entendu l’album Signify. On s’est rencontré dans un bar à Londres, je lui ai donné un cd avec un titre que j’avais composé. Il a écrit les paroles et a posé sa voix dessus, et c’est comme ça qu’est né « Open Mind », le premier titre de Blackfield.

De quelle année date cette rencontre ?


Aviv : 2001. Ensuite il m’a redonné le cd avec sa voix enregistrée, et puis nous avons couché ensemble… (rires)
Steven : (rires) pas au premier sens du terme en fait !

Envisagez-vous de travailler avec un orchestre symphonique sur la tournée ?


Aviv : j’aimerais bien oui. Peut-être à l’avenir.
Steven : Beaucoup de groupes ont voulu le faire et se sont rendus compte que c’était très compliqué.
Aviv : donc on envisage de faire appel à un orchestre de gitans (rires)
Steven : (rires) Enfin toujours-est-il que pour le moment nous aurons des bandes pour reproduire les parties orchestrales de l’album…

Aviv, est-ce que Blackfield est un moyen important pour toi de te faire connaître en dehors d’Israël ?


Aviv : complètement, d’autant que Blackfield est vraiment mon projet le plus important. C’est ma priorité et d’ailleurs c’est moi qui écris 70% de la musique dans Blackfield, c’est un peu mon bébé.

Aviv, j’ai l’impression que sur ce 2ème album ta voix est moins différenciée de celle de Steven. J’avais le sentiment qu’on distinguait mieux la différence entre vos 2 voix sur le premier album…


Aviv : tu veux dire que mon chant s’est amélioré ? (rires)

Non, enfin oui, mais surtout qu’on perçoit moins la différence entre vos 2 voix…


Steven : C’est possible, je n’y avais pas particulièrement pensé. C’est peut-être le fait que j’essaye d’inciter Aviv à chanter comme un anglais, ce qui n’est pas une bonne chose en fait !(rires).

Combien de titres chantez-vous chacun ?


Steven : je dirais que je chante sûrement sur 5 ou 6 titres. Il y en a 2 ou 3 sur lesquels nous chantons tous les 2, et une sur laquelle Aviv chante seul. C’est vrai que c’est toujours environ 75% ma voix. Mais les moments où nous chantons ensemble marchent particulièrement bien je trouve. Les textures de nos voix se mélangent vraiment bien.
Aviv : j’ai mes « moments » sur ce disque et c’est vrai que de toute façon il n’y a aucun problème d’égo entre nous.

Que retirez-vous mutuellement de cette collaboration ?


Aviv : je pense que Steven s’est ouvert grâce à moi. C’est vrai, car il était quelqu’un de très réservé, très timide, et il commence à s’ouvrir bien. Steven me tempère, il m’apaise. En définitive, « je suis sa lumière, il est mon ombre ». (« I’m his light, he’s my shadow ») (rires).

C’est une belle image ! (rires) Qu’en penses-tu Steven ?


Steven : c’est vrai. Il faut dire qu’Israël a été pour moi comme une révélation. C’est vrai que les anglais et les israéliens sont des gens très différents. Les anglais sont réservés, timides, parlent doucement alors que les israéliens sont au contraire très extravertis, ils parlent fort, ils sont très directs. Ce contraste me plaît, me donne plus de confiance en moi. Mais je pense que Aviv se tempère à mon contact et ça lui fait du bien. Nous sommes tous 2 de meilleures personnes… Mais bon le dénominateur de tout ça est d’abord notre amitié. Ca peut sonner un peu niais mais c’est vrai. Enfin attention, amitié mais pas sous l’angle gay hein ! (rires)
(NDKrakou : ils partent tous 2 dans un délire que je n’arrive pas à déchiffrer).

Y aura-t-il une édition spéciale du nouvel album de Blackfield, comme c’était le cas pour le premier ?


Steven : tu veux dire avec bonus tracks ? Non. Cette fois-ci l’album sera juste l’album avec ses 10 titres. En fait il y avait des bonus sur le 1er en édition spéciale, car l’album était d’abord sorti en Israël et comme pas mal de copies s’exportaient, on a décidé de le sortir. Et du coup on en a profité pour rajouter quelques bonus dans l’intervalle.

Vos albums sont toujours plutôt courts…


Steven : Oui c’est vrai.

C’est à cause du format « pop » ?


Steven : En fait c’est plus que ça. Je pense que d’une manière générale, l’ère du compact disc a abouti à ce que les albums soient souvent trop longs. Beaucoup d’artistes se semblent obligés de remplir le cd jusqu’à 75 minutes. La plupart des grands albums que ce soit Sergent Pepper, Dark Side Of The Moon, sont des albums courts. Et je pense que ce n’est pas un hasard si ce sont des classiques. Augmenter la quantité fait souvent perdre en qualité donc nous avons voulu sortir des disques dans la tradition de ces classiques.

Steven, tu vas produire le nouvel album de Orphaned Land, n’est-ce pas ?


Tout à fait, un jour en tout cas…(rires)

Tu penses que ça se fera quand ?


A mon avis, pas avant 2008. Je pense qu’il leur faut encore 6 mois d’écriture, et après je risque d’être en plein milieu d’une tournée, ce qui nous amènera assez vite à l’année prochaine. Quand on pense que cette idée a été évoquée depuis l’été 2005 ! (rires) Les choses ne vont pas très vite…

Tu aimes leur musique ?


Beaucoup. J’adore cette façon qu’ils ont de mélanger toutes leurs influences, incorporant leurs racines culturelles, cette utilisation d’instruments classiques, d’instruments traditionnels, le fait qu’ils aient des paroles en hébreu, en arabe, en anglais…
Aviv : je trouve ça un peu niais pour ma part quand les groupes utilisent des instruments traditionnels…
Steven : Ah bon ?
Aviv : je n’ai pas voulu tomber dans ce genre de facilité avec Blackfield en tout cas…

Steven, as-tu des nouvelles à nous donner concernant le fameux super-groupe avec Mike Portnoy et Mike Akerfeldt ?


Steven : Et bien… Ca va se faire (rire) mais comme tu l’as compris je suis un peu occupé ces temps-ci. Je pense que je ne pourrais pas aller voir Michaël (Akerfeldt) en Suède pour écrire
Et travailler ensemble avant l’été prochain. Au mieux. Mais ça va se faire ! En tout cas avant que je ne meure… (rires).

Que penses-tu du dernier album d’Opeth, que tu n’as pas produit cette fois ?


Je le trouve incroyable…

Et le son, puisque tu n’as pas travaillé dessus ?


Je le trouve super aussi. A titre personnel, Blackwater Park reste mon favori, pas seulement parce que j’ai travaillé dessus, mais aussi parce que je trouve le niveau et la maturité de cet album incroyables. Mais le dernier est fantastique, le son, les compos… Tout.

Penses-tu bosser avec Opeth pour leur prochain album ?


Je ne sais pas encore, je le souhaite, je l’espère vraiment. Mais bon je ne pense pas qu’il travaille sur un nouvel album cette année puisqu’il vient d’avoir un enfant.

Et toi Aviv, que penses-tu d’Opeth ?


Aviv : je ne les connais pas…
Steven : il n’aime pas le métal.

Tu es plutôt branché rock, c’est ça ?


Aviv : Oui rock indé, des trucs comme Radiohead, Placebo… Ce genre de trucs…

2006 vient de se terminer, quels sont pour vous les albums marquants de cette année passée ?


Aviv : les meilleurs albums de l’année sont Friendly Fire de Sean Lennon (« Dead Meat » est superbe), et Eraser de Thom Yorke.
Steven : Tout à fait d’accord. Katatonia aussi, le dernier album est excellent.
Aviv : Lionel Richie aussi… (rires)
Steven : quoi ??? (rires)
Aviv : Il a sorti un nouveau disque ! (rires)
(ils l’imitent tous les 2 et chantonnent).

Et dans des trucs plus métal ?


Steven : je n’ai pas écouté beaucoup de métal… Voyons… Le dernier Mastodon est excellent. J’adore le dernier Sunn O))) et en particulier leur dernier album avec Boris. Meshuggah, l’album date de 2005, mais cela reste un de mes groupes favoris…

Aviv, tu parlais de rock indé, quels sont les artistes qui t’influencent dans l’écriture avec Blackfield ?


Aviv : des groupes comme Placebo, j’adore Placebo. Radiohead aussi.

Puisque tu parles de Placebo, c’est vrai que…


Aviv : je te rappelle Brian Molko ? (rires)

Non pas du tout (rires) ! Mais une chanson que j’aime beaucoup sur le premier Blackfield me fait chaque fois penser à Placebo, il s’agit de « Pain ».


Et bien oui pas étonnant, c’est vrai que je suis complètement fan de ce groupe.
Steven : tu te trouves d’ailleurs dans le pays où ils vendent le plus d’albums… Leur DVD a aussi été tourné ici…
Aviv : oui c’est vrai. Enfin bref j’aime aussi beaucoup Belle & Sebastian, Blonde Redhead, My Bloody Valentine.

Dernière question Steven, même si je me doute de la réponse… Le titre du nouveau Porcupine Tree, je suppose qu’il est influencé par le titre d’un album de Public Enemy…


Steven : en effet évidemment !

C’est un album que tu aimes ?


Oui tout à fait c’est un excellent album, c’est clair.

Merci à vous messieurs !

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1158 articles sur Eklektik.

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