Devin Townsend – Ocean Machine Biomech

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Style: métal génialAnnee de sortie: 1997Label: EastWest

Il le fallait… Il fallait que cette (pourtant immonde) pochette trône dans la rubrique Anthologik, qui est la seule place où ce dantesque Ocean Machine pouvait figurer.
Incroyable de se dire que Devin Townsend le génial canadien, a réussi à sortir en 1997 ce qui reste encore pour beaucoup (dont moi) ses deux œuvres majeures, puisque c’est cette même année que sortaient à la fois le phénoménal City sous le nom Strapping Young Lad et ce Ocean Machine : Biomech. Pas de doute, si SYL est le mal, l’agressivité, la colère, la noirceur, Ocean Machine est son pendant positif : beau, beau, beau, atmosphérique, pacifique. Le Yin et le Yang en somme. Le noir et le blanc… ou plutôt le bleu en fait.
Car si la pochette est moche, c’est un fait, avec ce dessin digne d’un infographiste raté, elle est aussi bleue, avec cette vaste étendue océanique. Et loin d’être anodin, ce détail prend au contraire tout son sens à l’écoute de l’album qui est incontestablement un album… océanique. C’est quoi donc un album océanique ? Tout simplement un album qui évoque à chaque instant, tant par le son (un son unique planant et immense), l’atmosphère, les titres, et même la musique, la mer et ses vastes espaces marins.
Il plane le Krakou ? Mais non voyons… Si vous ne me croyez pas, écoutez l’album. De toute façon écoutez l’album…

Soyons clairs, cet album est absolument parfait de la première à la dernière note, ce qui n’est pas un mince accomplissement, compte tenu du fait qu’il dure quand même près de 74 minutes. 74 minutes d’un véritable voyage, dépaysement et apaisement garantis. Suivez-moi donc…
Jamais violent, l’album démarre avec ces titres les plus directs qui ne font d’abord qu’effleurer la surface de l’eau : « Seventh Wave », « Life », « Night », et « Hide Nowhere » sont des bijoux presque metal-pop avec leurs refrains majestueux. La mer est encore houleuse, avant de se calmer, le temps est maintenant au beau fixe, on plonge quelques mètres sous l’eau avec « Sister » et « 3 A.M. » (« time will be on my side… », putain de chair de poule), atmosphériques et cajoleurs : rencontre avec une bande de dauphins, fascinante, magnifique. Et le jeu démarre, les mammifères marins s’agitent et virevoltent au rythme de « Voices In The Fan », avant de s’apaiser sur des chants quasi-religieux… Vous vous laissez couler, vous vous immergez, sans vous noyer…
D’un coup de nez agile un dauphin vous projette en douceur vers la surface… Pile à temps pour assister au magistral spectacle d’une baleine qui vient comme vous reprendre son souffle, respirer quelques instants… « Greetings » grande dame des profondeurs… Discussion virile entre requins et mammifères le temps d’un « Regulator » qui fait monter la pression, qui retombe aussi sec 5 minutes plus tard… « There goes that old feeling… I’m free again ! ». Vous voilà chevauchant un ami dauphin pour une fascinante visite des profondeurs. Vous n’avez pas peur, vous êtes serein, le temps semble s’être arrêté durant les magnifiques « Funeral » et « Bastard » véritables bijoux de rock-metal progressif s’étalant respectivement sur 8 et 12 minutes.
Puis c’est le silence, le noir absolu, vous êtes seul … Instrumentation minimale, ambiance inquiétante, avant que Devin offre peut-être sa meilleure prestation vocale à ce jour sur le monumental « The Death Of Music », un véritable chef d’œuvre de 12 minutes, beau et triste à en pleurer, véritable dernier titre de l’album, lente plongée vertigineuse dans les abysses façon Jacques Mayol…
« Thing Beyond Things » annoncé comme un bonus track, clôt le bal tel un générique de fin, un titre pop mélancolique sur lequel le timbre de la voix de Devin est surprenant…

Le voyage est beau, magnifique même, et on en ressort incroyablement apaisé, reposé… L’écoute au casque est recommandée pour véritablement partir et se laisser porter par les mélodies incroyables, instrumentales et vocales de ce diable de Devin, accompagné tout de même par 2 sbires de studio (rendons à César).
Un album incroyable, au-delà des superlatifs, et certainement le plus bel album de Devin à ce jour.
Si vous connaissez quelques albums de Townsend, ruez-vous sur celui-ci, vous y trouverez plus que certainement votre bonheur. Si vous n’en connaissez aucun, voici le parfait point de départ…

  1. seventh wave
  2. life
  3. night
  4. hide nowhere
  5. sister
  6. 3 a.m.
  7. voices in the fan
  8. greetings
  9. regulator
  10. funeral
  11. bastard
  12. the death of music
  13. thing beyond things (bonus track)
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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10 Commentaires

  1. damien luce says:

    Excellente chro, c’est exactement ce que je ressens quand j’écoute cet album. L’un de mes préferes du génial devin, avec bien sûr l’autre bijou Terria que je trouve certes plus compliqué moins abordable mais tout aussi bon…
    Ce devin quel fantastique artiste, j’ai chopé son album ambient dronesque « The hummer » qu’il a sorti en 2006 et pareil je me suis repris une giffle…

  2. AlCheMist says:

    Un monument, un vrai… de ceux qui vous écrasent de leur majesté. Devin fait partie de ces créateurs dont on se dit : ‘Personne n’y avait jamais pensé, mais lui il l’a fait’. J’ai découvert ce chef-d’oeuvre bien après sa sortie mais le coup de foudre a été immédiat. Sur un constat simple : une voix hors du commun et des mélodies totalement imparables. Une musique hors normes, et surtout une émotion qui affleure à chaque instant. La quiétude certes, mais aussi la rage, la douleur, le recueillement. Un album sensitif, chargé jusqu’à la gueule d’une puissance dévastatrice mise au service d’une musique presque universelle à mon sens. L’enchaînement des titres à partir de ‘Regulator’ (ma favorite) est absolument magnifique. Devin est un artiste, un vrai, de ceux qui méritent amplement ces qualification si souvent usurpée. Chouette chronique, même si le trip aquatique me passe au-dessus de la tête à l’écoute.

  3. AlCheMist says:

    C’était ‘ce qualificatif ‘ qu’il fallait lire bien sûr…

  4. kollapse says:

    L’un des tous meilleurs trucs que Townsend aie produit, un disque où le Canadien se montre très inspiré vocalement (ces refrains mémorables de « life » ou « hide nowhere » !), qu’au point de vue guitaristique où les riffs métalliques et clairs au grain unique (où une sensation « aquatique » se fait sentir, comme le dit la chro) se cotoyent aux sublimes mélodies cristallines… Bah le résultat est juste incroyable. Indispensable pour sur, même ce n’est pas mon album favori du sieur (pour ça il ya « Terria » et « Accelerated evolution’), il s’agit de l’album pour lequel je lui trouve le plus de charme.

  5. Faya says:

    Enormes souvenirs avec cet album magnifique…

  6. guim says:

    Y a bien trois albums de Devin qui pourraient avoir leur place ici,bien vu Krakou,un super album

  7. RBD says:

    Y »a longtemps que j’ai laissé tomber Townsend (en bons termes, rassurez-vous), mais cet album est un chefs-d’oeuvre de la décennie. Un monument dont la cohérence tranche encore à mes esgourdes par rapport à beaucoup d’autres de ses travaux.

  8. darkantisthene says:

    LE choc qui m’a ouvert d’autres horizons ; le titre Life figurait sur un sampler et je me souviens avoir ressenti quelque chose de spécial dès la première écoute : structure et production inhabituelles, atmosphère unique, voix à crever : il me FALLAIT l’album, lire toutes les interviews, comprendre qui était le génie (forcément) qui se cachait derrière ce projet, savoir ce que lui-même écoutait, etc… je n’étais désormais plus un metalleux décérébré, j’avais touché la grâce. Inutile de dire que chaque morceau vaut son pesant d’or (une ptite préférence pour greetings ptêt).

  9. Devin says:

    Choc aussi à l’époque (de la réedition héhé) mais depuis j’ai tourné la page. Merci quand même pour m’avoir ouvert d’autres zorisons

  10. Quick says:

    Très bonne chronique, avec laquelle je suis presque en tout point d’accord. Effectivement, « Voices In The Fans » constitue pour moi le point de départ de la plongée, mais contrairement à ton point de vue, je trouve que l’on s’enfonce peu à peu dans les profondeurs à partir de ce morceau. Et malgré la profondeur des lieux, ce disque est beau, touchant, un pur chef d’oeuvre de la part du Canadien.
    Je ne suis également pas d’accord sur la pochette, que personnellement, je trouve vraiment belle. Peut-être pas un chef d’oeuvre, mais elle décrit tellement bien l’album, qu’elle est pour moi, à sa juste place. :)

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