D’Ukraine on ne connaît finalement que peu de groupes, parmi lesquels Astrofaes, Nokturnal Mortum, Dub Buk ou Hate Forest. Tous ces groupes regroupés dans une même ville, Kharkov. A côté de ces valeurs sûres, des groupes non moins talentueux cherchent à se faire une place au soleil. Parmi ceux-ci Kroda figure assurément en tête de cortège, attendant patiemment la reconnaissance qui lui est due. Fort de déjà deux albums de très haute qualité, le groupe nous revient ici avec sa troisième offrande.

Après deux premiers albums aux très forts accents Pagan, le groupe change un peu son fusil d’épaule en proposant 5 titres d’une dizaine de minutes plus brutaux et plus rapides. Evidemment la guimbarde est toujours présente, accompagnée des éternelles flûtes et autres sopilka, mais elle semble avoir laissé la place à une furie typiquement Ukrainienne. Tout au long de ses 10 minutes, chaque morceau a le temps de changer de rythme dans des structures toujours plus complexes. L’alternance de passages à la double et de passages folk mélancolique serait finalement ce qui décrit le mieux cet album.

Kroda s’est toujours illustré par une production typiquement Ukrainienne (comprendre par là une production assez claire mais laissant trop souvent la basse de côté). Cette fois ci le groupe fait la part belle à la basse, comme sur ces envolées de « Glacial Riders of Fimbulwinter ». De même la batterie a pris un coup de jeune et le batteur/chanteur/bassiste s’en donne à cœur joie pour notre plus grand plaisir. Chaque morceau navigue autour d’une mélodie qui lui est propre sans jamais s’en éloigner plus de quelques minutes. Mais comme je le disais plus tôt ce nouveau Kroda se caractérise un peu plus par sa puissance et sa rage. En effet là où cry to me, a river nous proposait de très nombreux éléments folk avec des tempos relativement honnêtes, ce Fimbulvinter propose de nous rentrer dans la tronche et de faire dans la dentelle après (cf. l’acceleration tonitruante sur « Where Braves Warriors shalt meet Again », magnifique morceau soit dit en passant). Evolution fort bienvenue, les morceaux gagnant en cohérence et en fluidité. Les riffs quant à eux évoluent tout au long des morceaux avec classe et intelligence. Côté vocaux on reste dans la tradition black de l’est avec des voix évoquant tour à tour Temnozor ou Nokturnal Mortum. Si on devait d’ailleurs rapprocher Kroda d’un groupe, cela serait sans aucun doute Temnozor. Les paroles sont d’ailleurs, encore une fois avec ces groupes de l’est en ukrainien (russe ?), langue très agréable avec ses « r » roulés si typiques.

Bref on s’enfile les 55 minutes de l’album d’une traite, oubliant même qu’une reprise de Branikald s’est glissée dans le lot tant celle-ci colle parfaitement avec l’ensemble du disque.

Ces qualités musicales associées à un artwork de qualité (une habitude chez Kroda) font de ce Fimbulvinter un très grand album a côté duquel il serait vraiment dommage de passer.

1. the beginning of winter night, of oskorei
2. glacial riders of fimbulwinter
3. where braves warriors shalt meet again
4. funeral of the sun
5. a stormride (branikald cover)