Kruger – Redemption Through Looseness

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Style: noise post-hardcoreAnnee de sortie: 2007Label: Listenable

3 heures du mat’… Je suis épuisé. Je viens de terminer un de ces bouquins qui vous colle à la peau. Un Série Noire pour être plus précis. Un de ces romans noirs glauques et poisseux, aussi passionnel que dévastateur. « La pêche aux avaros » qu’il s’appelle celui-là. Tout droit sorti des effluves encrées de David Goodis, ce clochard céleste si imbibé de solitude, si accablé de colère. « Sans espoir de retour », « La lune dans le caniveau » autant de titres tant sordides qu’inspirés. S’aventurer au cœur de ces récits puissants, c’est accepter de traverser la brume pourpre, entendre des sanglots silencieux, sentir l’angoisse se dissimuler derrière les larmes pour brusquement voir la brume se dissiper sur un champ de bataille désespérant. Et c’est à cet instant que vous êtes heureux de trouver le chemin de votre platine et de la musique de Kruger. Car là où cet enfoiré de Goodis écrivait avec le fil du rasoir pour mieux dépecer nos visages et nous abandonner ébahi à nos sueurs froides, Kruger prend les armes, joue avec les vieux démons et la soif de vengeance aux lèvres, hurle pour sortir de cet enfer. C’est sombre, violent mais la machine est maintenant bien rodée. Entre alcool et cigarettes, la machine de guerre Kruger louvoie, s’arme d’un cynisme dévastateur, pousse les potards dans le rouge, une chaleur affable éradique les sueurs froides et finalement la souffrance pourpre des désirs impossibles laisse place à un jet de foutre jouissif et vengeur !

Il suffit d’appuyer sur le bouton play de la platine, d’entendre « Ammunition matters », son cliquetis de fusil s’armer, suivi d’une explosion de riffs et de rythmiques lapidaires pour se convaincre de l’intérêt majeur de ce groupe. Les langues de putes et les oreilles fainéantes avaient un peu trop rapidement cantonné Kruger à une énième étiquette post-hardcore lors de leurs deux précédentes productions. Et il est indéniable que leur musique s’est influencée de Neurosis et de Breach. Mais c’était sans compter leurs prestations scéniques à l’énergie viscérale devant autant à Entombed qu’à Unsane ! Avec ce « Redemption Through Looseness » les pendules sont remises à l’heure !

La voix aussi rauque que charismatique de Reno. Son pouvoir évocateur bien au-delà de textes autant emprunt d’amoralité que de désespoir, son ton cinglant, vous envoûte et vous invite à investir des compositions alambiquées où la mélodie surnage toujours au cœur de ce creuset métallurgique, où la musique se fait tour à tour chatte ou tigresse, lente et puissante dans ces excès sludge, lourde et rapide dans ces accès hardcore. Les riffs et les rythmiques s’enchaînent, se mêlent et s’entremêlent révélant des qualités de compositions et une écriture incandescente, fière et arrogante, digne des lauriers. Aucun temps mort. Des instants de calme laissent placent au souffle chaud et vengeur des déflagrations, le tout avec cette force et ce son un rien intemporel qui honore les albums cultes.

L’album parfait pour déflorer Marie-Céline col Claudine.

  1. ammunition matters
  2. queen of the meadow
  3. the graveyard party
  4. hummers vs pedestrians
  5. holy fire
  6. army of lovers
  7. war & wine
  8. the cowboy song
  9. crusaders
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4 Commentaires

  1. Alex says:

    Lourd…argh! Un véritable rouleau compresseur, tout simplement. Clairement au-dessus de leur précédente réalisation déjà très interessante, un must.

  2. damien luce says:

    J’avoue avoir eu peur en écoutant la première fois cet album… Un côté « métal » plus prononcé… des mélodies plus appuyées… A force d’écouter cette nouvelle offrande, j’ai réussi à dompter la bête… Quelle claque !!! « culte » non mais pas loin…

  3. Zurb says:

    Certes cet album est beaucoup plus rentre dedans et brutal, mais à force de vouloir trop faire ça part un peu dans tous les sens, et au final bah c’est pas toujours très beau. On a l’impression d’entendre un énième groupe germano-ricain. Un peu trop de voix en-veux-tu-en-voilà qui deviennent vraiment rébarbatives, on ne retient pas grand-chose si ce n’est le batteur qui (se) fait vraiment plaisir (et ils ont là un sacré atout!). Pour moi Kruger ne réédite pas l’exploit de «Cattle Truck», ce dernier était bien plus posé et assumé. Je retiendrai surtout « Ammunition Matters », qui aurait largement pu se dispenser de sa très courte intro (sur-cliché sortit tout droit des 80’s, combien de groupes de hip-hop et metal s’en sont accaparé ?) qui connote avec l’ensemble de l’album. C’est un peu une déception pour ma part… Au moins ils bénéficient d’une prod vraiment classe, mais un gros son ne fait pas un bon album. Ils méritent néanmoins une écoute approfondie, je vais donc m’y forcer encore un peu, on verra…

  4. kollapse says:

    Bien bon cet album pour ma part, homogéne, puissant, varié, on sent chez Kruger une volonté de s’extirper du carcan dans lequel on lesa peut-etre un peu trop rapidement casés. En atteste cette lourdeur toute Entombed-ienne, ces accents noisy prononcés et cette énergie rock’n’roll fort bien sentis. Rafraichissant, maitrisé de bout en bout, Kruger en impose et s’impose comme une valuer sure en signant un album meilleur encore que le pourtant déjà reluisant précédent album. Yeah !

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