My Sleeping Karma – My Sleeping Karma

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Style: space rockAnnee de sortie: 2007Label: Elektrohasch

On reproche parfois aux labels une trop grande proximité de leurs groupes. C’est vrai que certaines signatures ressemblent furieusement à la deuxième moisson qui, dans un timing rarement innocent, vient recycler une première semence fertile (cf. Earache: Cult of Luna / Callisto). On peut toujours se demander si la demande génère l’offre ou l’inverse, mais heureusement la question ne se pose pas toujours dans ces termes. Lorsqu’un gérant de label est lui même compositeur accompli et reconnu pour l’indépendance de son univers musical, on peut difficilement tiquer s’il a tendance à regrouper autour de lui un cheptel qui, par un détail ou l’autre, lui renvoie un peu de l’image qu’il a bâti pour lui-même au fil du temps. On parle de Stefan Koglek, tête pensante et main gratteuse de Colour Haze (achetez tous leurs albums merci), qui dirige accessoirement le label munichois Elektrohasch, spécialisé sans surprise dans les musiques de guitare aux couleurs psychédéliques. Si Colour Haze transposent Hendrix dans le 21ème siècle avec une générosité exemplaire, My Sleeping Karma transposent Colour Haze dans une bulle de verre slalomant parmi les reliques de tout ce qui se fait de rêves d’espace un peu désuets chez les artistes. Du space rock saveur vinyle, une étiquette qui colle plutôt bien au bagage esthétique de ce quatuor instrumental, allemand lui aussi. Ce premier album, voulu éponyme, est une vraie réussite. La rencontre classique, mais grassement célébrée, du groove comme réflexe post-natal et de l’aventure orbitale comme exercice de style. Le groupe balaye sa constellation en six morceaux mûris et rondement exécutés. La musique, foncièrement positive et hospitalière, s’apprivoise immédiatement. D’autant plus facilement peut-être que la saturation est discrète, ce qui accentue l’exposition des instruments, la basse en tête, et donc clarifie l’écriture, que l’on prend plaisir à découvrir très aboutie. Naturellement avec une musique principalement axée trip, on ne s’arrête pas trop sur la technique, mais on peut aussi voir ça comme une assurance long terme.

De l’album, on peut regretter un démarrage diesel, avec deux premiers morceaux où le style s’affirme mais où l’efficacité pure reste un peu à quai. Heureusement, le groupe lâche les chevaux dès “Hymn 72”, petite bombe de cinq minutes qui part sur un riff statique à la “Sabotage” (Beastie Boys) pour embrayer foison de variations et dynamiques façon crescendo autour de cette colonne vertébrale. “Glow 11” qui vient ensuite peut prétendre au titre de morceau phare: une explosion de créativité dominée par une complémentarité pas gagnée d’avance entre des lignes instrumentales finalement plutôt distinctes les unes des autres, et un arpège qui se refuse à sortir de la tête. L’emballage final aurait juste mérité une ou deux minutes supplémentaires pour que la fièvre atteigne la température de cuisson et ne redescende pas aussi vite. On peut encore citer le titre suivant, “Drannel Xu IIop” (les paris sont ouverts sur la signification), qui balance bien dru tout en restant maintenu en lévitation par les inévitables synthés de série B, discrets en volume mais ô combien vivants à l’écoute – et ce tout au long de l’album finalement. “Eightfold Path” justifie sa dernière position sur le tracklisting par son caractère plus posé et détaché, défini par une base rythmique sous antalgiques, à l’exception d’une courte section médiane.

Ce n’est pas facile d’habiter l’instrumental de long en large, tout le monde a en tête des groupes qui grillent leurs calories sur des segments inoubliables et deviennent subitement chiantissimes sur des dizaines de minutes… My Sleeping Karma n’ont jamais ce problème là. Un peu parce que l’album est assez court, mais surtout parce que la musique est parfaitement équilibrée et se relance toujours aux moments opportuns. Pas une fois on ne se prend à y chercher du chant. On parlera de stoner, de psych ou de kraut, c’est forcément dans l’air du temps mais aussi et surtout sans époque, car renvoyant autant aux errements pattes d’eph’ que vos parents vous taisent qu’aux fantasmes SF d’auteurs pas encore nés. Pour tous ceux qui se sont déjà dandinés sur les susnommés Colour Haze, sur Monkey3, Brant Bjork et bien d’autres, ou même Ufomammut, My Sleeping Karma est une évidence.

  1. intention
  2. 23 enigma
  3. hymn 72
  4. drannel xu iiop
  5. eightfold path
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3 Commentaires

  1. kollapse says:

    Interessant tout ça !

  2. Faya says:

    Très.

  3. Devin says:

    AAHAHAHA Double M est parmi nous :)

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