Immemorial – Chronique d’Une Apocalypse

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Style: ambiant/electroAnnee de sortie: 2007Label: So Far So Good

Chroniquer l’album d’un ami est une tâche difficile car il faut a la fois ne pas être trop direct si des critiques négatives sont à formuler mais ne pas non plus être trop sympa si le projet se révèle être un pétard mouillé qui ne mériterait même pas d’être écrasé par le talon de ma chaussure. Toutefois, en acceptant de chroniquer ce premier album d’Immemorial, je n’ai pas pris de risques inutiles qui pourraient compromettre mon amitié pour le compositeur de ce disque. Si vous avez 4 euros à mettre dans un album de musiques ambiantes, dissonantes et cinématiques, alors vous pourrez toujours les mettre dans cet album. Influencé par John Carpenter, les images qui se dégagent des notes de guitares de « Et dieu créa Satan » évoquent le paysage désolé de « the Thing ». Excepté que vous vous retrouvez seul avec la bête en question dans le froid polaire, les grésillements électroniques évoquant le crépitement des flocons contre votre visage et votre manteau, et que Kurt Russel ne sera pas là pour vous tirer de là.

Cependant, ce disque n’a franchement rien de stressant et bien que les sons évoquent des paysages désolés et étranges, un sentiment de quiétude nage au dessus des effets noise. Si le Mal habite ce disque, il n’est pas là pour vous surprendre mais il se rappelle à votre présence continuellement sans jamais briser l’équilibre a la fois mélodieux et froid que la rencontre entre les différents instruments crée. Le choix des sons est typique d’un projet solo ambiant. Quelques notes de guitares minimalistes et des sonorités artificielles créées par ordinateur. Le but d’un projet comme Immemorial n’est pas de révolutionner la musique ou le genre, quel qu’il soit (je ne m’aventurerais pas a placer une étiquette noise ou dark ambiant sur ces sept plages) mais de permettre à l’artiste de s’exprimer dans un cadre aussi libre que les quelques instruments mis à sa disposition lui permettent. La qualité de cet album réside dans la capacité du compositeur à évoquer une atmosphère suffisamment forte pour qu’elle se transmette de plages en plages, créant une cohérence globale mais ne lassant jamais l’auditeur en alternant les sonorités et les ambiances.

En effet, ce que j’aime beaucoup ici c’est la dualité entre les émotions crée dans chaque chanson. La rencontre entre les sons créés par ordinateur et les cordes de guitare doucement tirées. Chacun prend sa place et n’encombre pas l’autre en allant et en venant sur les plages. Pratiquement dénué de rythmes, on écoutera sûrement mieux cet album en éteignant les lumières et en se plongeant dans le son pour que celui ci engendre de lui même l’environnement qui lui convient. Car aussi minimaliste que peuvent être les compositions, elles n’empêchent pas de créer des images et donc de se suffire à elle même. D’une durée assez courte pour un style qui pourrait s’éterniser sur de très longues plages (la plus longue, « L’ange noir » est la seule a dépasser les dix minutes), la musique ne devient pas envahissante et remballe aussi vite qu’elle est venue son atmosphère et ses émotions. Les sept titres qui composent l’expérience nommé Immemorial forment une douce et sombre cohérence sur laquelle on se plait à revenir de temps en temps. Je ne suis pas un passionné des musiques ambiantes et je ne suis donc pas le meilleur apte à juger de la pertinence de ce disque par rapport a ces contemporains. Toutefois, cet album d’Immemorial me semble toutefois être une belle réussite dans le domaine.

  1. le cercle celeste
  2. et dieu créa satan
  3. la porte du néant
  4. l’ange noir
  5. le dernier appel
  6. glorifie mes jours de colère
  7. damn you, gravity ! (dark remix)

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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Commentaire

  1. Faya says:

    Un disque qui m’évoque des paysages industriels rouillés et sombres, dans des ruines désertiques. Je ne suis pas familier de l’ambiant mais si l’objectif de ce genre est l’immersion, ici le pari est gagné ! A écouter en lisant du Nihei…

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