Gothic Festival 2007 – 27 juillet 2007 – Waregem – Belgique

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« Tout metalleux qui se respecte se doit d’écouter de temps en temps de l’electro goth sauf s’il n’aime vraiment pas ça » disait ce bon vieil Alfred de Musset. Sacré Frédo, comme tu avais raison, la compagnie du latex, des cheveux gominés et peinturlurés et autres semelles compensées est une véritable cure de jouvence et élargit les horizons (sauf si on n’aime vraiment pas ça). Aussi ne pas assister au festival gothique de Waregem (Belgique) les 27 et 28 juillet derniers alors que la chose se tenait à 30 minutes de voiture de chez moi et accueillait une flopée de grands noms du genre eût été une injustifiable trahison du précepte de l’auteur des « Misérables »…

SAMEDI

Arrivé sur les lieux vers 12h, garé vers 12h01, récupération du billet vers 12h03, entré vers… 12h30, l’orga ayant distingué la file pour les places de la file pour les bracelets. Ce sera la seule chose bizarroïdo-bizarroïde du périple, le reste étant très au-dessus de la plupart des fests : timing carré (2 scènes ça aide), de quoi poser son séant pour boire, manger ou patienter pendant qu’un groupe chiant fait son office, parking à 1,50m des lieux, température pas trop élevée (merci à ceux qui envoient des trucs dans l’espace et qui nous détraquent tout !), etc, etc et surtout : pas trop de monde. Doux jésus que c’est agréable de ne pas être à 50km de la scène et de ne pas se payer une bande de soûlards tous les 2m ! Environ 2000 personnes étaient présentes et c’est bien suffisant surtout si vous tenez absolument à recroiser le regard (ou autre chose…) de certain(e)s de vos congénères.
Malgré le petit contretemps sus-indiqué, je ne suis toutefois pas en retard pour le début des hostilités sponsorisé par les jeunes belges de Trimetrick (site web).

(Avant de faire part mes commentaires de prestation, je tiens à préciser la méthodologie utilisée : motivé à donf sa mère la reum, j’ai commencé par prendre des notes pendant et à la fin de chaque set et puis… j’en ai assez rapidement eu plein le *tnut*, ce qui expliquera certaines approximations, merci de bien-vouloir-machin-tout-ça-après-tout-chuis-pas-payé.)

Trimetrick, donc. J’ai pris des notes. Malheureusement pour eux : ce duo (une demoiselle et un monsieur) pratique la bande-son idéale que Mme Bathory mère aurait pu choisir afin d’agrémenter la fête foraine organisée en l’honneur de sa benjamine Elisabeth. Une electro dark aux rythmes industrialo-casse-burnes que ne vient pas sauver la voix d’ado pré pubère de la chanteuse au regard polisson. À noter, toutefois, un sens aigu de l’humour avec une conclusion sur fond de variations Star Warsiennes façon « elle est fraîche ma choucroute, elle est fraîche ».

Première occasion de constater que le son sur la grande scène est trop fort avec les belges de Star Industry (myspace). Thème Draculien pour l’entrée en scène, lunettes noires, vestes classos, Les Paul, pas de doute c’est bien de goth rock qu’il va s’agir. Le groupe ayant reçu de bonnes critiques pour son dernier album Last Crusades, j’avais prêté une oreille attentive à leur musique. La prestation n’a en revanche pas été à mon goût, le travers principal du style (le chant) s’étant exprimé avec une particulière acuité, notamment sur la reprise (oh que c’est original) d’Enjoy the silence (Depeche mode).

On passe ensuite à Diskonnekted (http://myspace.com/diskonnekted). Je prends toujours des notes et c’est une fois de plus tant pis pour ces belges. Le premier titre est l’occasion d’apprendre l’anglais via la fameuse méthode « juvamine » consistant à répéter inlassablement les mêmes choses pendant un temps interminable sur fond de musique monotone très connotée dance-floor. Le 2ème titre est, quant à lui, un véritable bréviaire de subversion puisque le chanteur nous assène un refrain haut en couleur « religion kills, religion lies » pendant 6h30 (à 6h25 près). Voilà, on est prévenu. Et moi quand je suis prévenu ben… je vais voir ailleurs.

Arrivent ensuite ceux que j’attendais le plus, précédés qu’ils étaient par leur réputation (à mon avis ça n’est même plus la peine qu’ils la suivent, elle a pris trop d’avance) d’enflammeurs d’ambiance : les français de Punish Yourself (http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=8497845). J’ai pris des notes. Malheureusement pour vous. En principe, tout ce qui a trait, de près ou de loin, au punk m’emmerde au plus haut point. Mais là, mes enfants… c’est plus puissant qu’une flopée de groupes de metal ! Le déploiement d’énergie troue franchement le slip. On sent qu’on n’a pas affaire à des personnes calmes dans le civil, que les courants d’air dans le ciboulot sont légion. Qu’ils vous laissent indifférents, que vous ayez envie de leur chier à la gueule en leur chantant du Annie Cordy ou que vous les trouviez ridicules… il FAUT aller voir Punish Yourself sur scène !

Dans la série gros poissards, les allemands Kiew (myspace) se posent là. Les yeux et les oreilles encore martyrisés par la prestation de nos compatriotes, j’ai soudain l’impression, à l’écoute de leur electro techno industrielle, d’assister à un tremplin musical du service de gériatrie de Munich. Trop répétitif et déshumanisé pour moi.

Bon allez, il est temps d’aller se ravitailler, afin d’aborder l’un des groupes qui m’a fait déplacer : Diary of dreams. Quoi ?! Aucun sandwich à la chauve-souris ? Même pas un menu « pleine lune » ? Qu’à cela ne tienne, je prends une frite et m’en vais retrouver les electro gotheux allemands (myspace). L’idéal aurait été que je ne les ai pas déjà vus en concert dans une ancienne église. Car ce soir la prestation me convient sans me transporter. Rien à redire sur le charisme du leader Adrian Hates, toujours aussi impressionnant par sa carrure et sa prestance, ni sur la set-list qui a tapé dans les incontournables ; pourtant, il manquait ce je ne sais quoi qui nous fait oublier le temps qui passe. Pas une déception, bien sûr, mais plutôt une satisfaction non totalement éprouvée.

Kloq (myspace) : pas vu.

Arrivent ceux qui m’ont amené un jour à écouter de l’electro dark : les vétérans allemands de Project Pitchfork. Ces types ont une sacrée bouteille, y’a pas à chier. Le chanteur Peter Spilles est barré à souhait et ses acolytes se démènent comme de beaux diables pour montrer aux ptits jeunes qu’il faut encore compter sur eux.

La suite a au moins le mérite de me conforter dans l’idée que les boites ne sont pas faites pour moi. Les néerlandais de Grendel (myspace) foutent pourtant un sacré feu dans la salle et font se tortiller un public tout acquis à sa cause gymnique. Grosse patate sur scène, le chanteur bouge dans tous les sens (normal il a une armure intergalactique cosmo-sidérale, je trouve ça un peu facile, en short et tong il ferait moins la malin) et met les dance-flooreurs en herbe dans sa poche en un tournemain. Impressionné par une telle liesse, je suis. Sympa mais à petites doses, pour ma part.

Grande scène à nouveau et voilà que débarquent les fameux mexicains d’Hocico (myspace). Merci à eux de m’avoir donné l’occasion de me repaître d’images plébéiennes tellement il se passe plus de choses dans le public que sur scène. Je sais bien qu’à 2 ce n’est pas facile d’occuper pleinement l’espace mais je ne pensais vraiment pas être déçu à ce point. Sans doute m’attendais-je à quelque chose de plus « foufou » ou charismatique que ce que le groupe pouvait apporter. La déception du fest pour moi.

In strict confidence me déçoivent également mais dans une moindre mesure, le côté « cucul » que peuvent avoir certains morceaux étant amplifié par la présence scénique.

Nitzer Ebb (http://www.myspace.com/nitzerebbmusic) : pô vus.

Retour maison. Dodo.

DIMANCHE

Arrivé plus tard que la veille, je rate (délibérément) O Quam tristis. On passe alors à Jacquy Bitch (myspace) et son rock gothique teinté 80’s. Fort échaudé par la découverte de leur musique sur album, je n’en étais pas moins curieux d’en voir la restitution scénique, persuadé que j’aurais affaire à du baroco-loufoque. Une fille masculine, des garçons féminins, ambiance kitsch, je m’attendais à du plus décadent, c’est finalement assez sage et convenu. Musicalement ? Je crains toujours autant l’eau froide.

Passons vite sur les suivants, les anglais de All Gone dead (myspace), qui confirment le caractère pléonasmique de l’expression « gothic punk rock chiant », pour débouler sur encore plus chiant : Inkubus Sukubus (myspace). La veille Star Industry nous avait gratifié d’une ô combien « rarissime » reprise de Depeche Mode, à quelle incroyable surprise peut-on s’attendre en ce dimanche béni ? Oh bah tiens un Paint it black, dis donc, ça c’est bien trouvé… Le chant est à la limite du supportable, ça sonne suranné, je ne tiens pas plus de 10 minutes. Un point de plus tout de même attribué à All Gone dead pour l’effort vestimentaire.

Arrive l’une des bonnes surprises du fest, même si j’ai eu un peu de mal à m’y faire au début : Katzenjammer Kabarett. Et c’est français ma ptite dame ! J’aurais même pu trouver ça vraiment excellent si je n’avais pas connu les Dresden Dolls (pour lesquels ils ont déjà ouvert), bien que ces derniers soient moins dans la mouvance death rock. Le groupe a l’air de prendre du plaisir sur scène (les fous, prendre du plaisir parmi des goths…), la chanteuse joue avec le public et ses compères. Sans moi sur cd mais agréable moment live.

Bon c’est pas tout ça mais c’est l’heure de l’artillerie lourde : Agonoize (myspace). Entrée sur scène sur un thème Star warsien, hou que je pars avec un a priori méfiant ! Et pourtant… Pourtant voilà bien la bonne découverte de ce week-end. J’avais un peu écouté sur cd sans réelle conviction mais sur scène l’electro dark indus survitaminée des allemands prend toute sa puissance. Les mimiques d’hommes-robots constamment court-circuités permettent d’entrer rapidement dans l’atmosphère d’une cité chaotique. Les types sont là pour foutre le feu et maîtrisent leur affaire. 2 molosses derrière leur clavier-pupitre futuriste chargés d’accompagner le chanteur marathonien nous font part à travers leur gestuelle quasi psychopathe d’une volonté irrémédiable de se bouger le cul. Ce que je ne fais pas mais uniquement dans un but de rébellion ultime afin de contrecarrer audacieusement l’attitude générale du public. Chuis comme ça moi. On termine par une reprise putride de la daube Kissienne I was made for lovin’ you baby. Et en plus c’est des déconneurs… Trop fort.

Pour la suite, je n’ai pas pris de notes. Il faut dire qu’à part les hyper classos Covenant, le reste n’a pas éveillé grand-chose en moi. Entre la goth new wave à la voix brise-burnes de The breath of life (myspace), les poses agaçantes de la chanteuse de Kirlian camera (myspace) sur fond de vidéos insipides, l’insupportable rock goth de Skeletal family (myspace) ou la musique ritualo-rébarbative de This morn omina (myspace) ma patience a été mise à rude épreuve.
L’electro-pop des papes Covenant aura donc irradié de sa grâce et de son sens de la mélodie énergique un public tout acquis à sa cause. Eskil Simonsson est forcément le fils caché de David Bowie et Dave Gahan, je ne vois pas d’autre solution, même si ça défie les lois de la nature. Mon 2ème moment fort avec Agonoize.
Bravant la fatigue et le léger sentiment de ras-le-bol, je reste pour les premières minutes des mythiques Front 242. Avec leur look de vieux beaux qui feraient mieux de se remettre à la muscu histoire que tout ne s’effondre pas, les belges font preuve d’une étonnante énergie, sans doute boostés par l’accueil de leurs compatriotes. La patate est là mais je commence à saturer et ne leur trouve pas plus de mérite que celui d’avoir jouer le rôle de pionniers du mouvement.

Merci à Dark Hypp pour ses photos.

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

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9 Commentaires

  1. guim says:

    Excellent report mec et bravo à Dark Hypp pour les photos y en a de très bonnes.Assez marrant de suivre tout du long ton point de vue de metalleux sur la musique produite,je suis sûr que dans les milieux autorisés ça doit être tout l’inverse,c’est aussi ça qui est bon.

  2. Bernard says:

    Comme les anciens s’en prennent plein la poire pour pas un rond. Trois lignes sur Front 242 et rien sur Nitzer Ebb! Ouch! Sinon, agréable lecture…

  3. epoch says:

    d’accord dans l’ensemble, sauf que:
    -Grendel c’était une tuerie monumentale
    -Hocico c’était très bien
    -Kirlian Camera c’était sympa

  4. RBD says:

    Bonne idée ce report. J’aurai été curieux de voir une bonne partie des groupes présents, quitte à lâcher encore plus sur certains autres. Il est vrai que l’impasse sur les deux projets avec Doug Mc Carthy est surprenante.

  5. Syriaca says:

    Darkantisthene, je n’ai pas lu l’intégralité et vu le peu de diplomatie que tu as employé afin de parler de la prestation d’un groupe que j’aime beaucoup (the breath of life), je m’en félicite. La prochaine fois conserve ton manque d’objectivité. Merci.

  6. darkantisthene says:

    ok je tâcherai d’être toujours subjectif donc mais tu sais quand on a accès à la Vérité Absolue ça n’est pas facile tous les jours …

  7. Syriaca says:

    Ce n’est pas le problème… mais torcher une review en trois ligne, je ne vois pas en quoi ça a quelquechose à voir avec de l’objectivisme.

  8. Sylvain says:

    Je n’ai pas assisté au festival et je suis tombé par hasard sur ta page. Merci pour ta subjectivité qui n’en fait que mieux ressortir les groupes que tu as appréciés. Et comme en plus tu places les sites, les aigris pourront toujours vérifier par eux-mêmes. Continue comme ça. – Une erreur de légende sous les photos « grendel hocico » je crois…

  9. darkantisthene says:

    sinkse!

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