Asunder – Works Will Come Undone

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Style: death/doomAnnee de sortie: 2006Label: Profound Lore

Le rythme funéraire de la musique enivre et emporte sur les routes. Une longue procession moyenâgeuse où l’on célèbre la vie d’une femme ou d’un homme, non identifié. Asunder, groupe à la paternité prestigieuse, puisque fondé avec un ex Weakling, un des grands noms de la scène black metal américaine, se place dans le death doom des origines, My Dying Bride en référence première, mais élargit le champ d’action en forgeant un glaive beaucoup plus sombre et progressif. Works will come undone, monumental disque à deux facettes de 20 et 50 minutes chacune, n’est pas un album que l’on peut mettre entre toutes les mains, mais que l’on aimerait pouvoir faire écouter au plus grand nombre. Tout le monde n’aime pas les atmosphères sombres, les voix gutturales, les guitares lourdes et les chansons longues et complexes. Mais tout le monde devrait aimer les chansons riches en émotion, en savoir-faire et en sincérité. Le monde n’en serait que meilleur. De là à dire que seul une élite puisse apprécier ce disque, je n’irai pas jusque là. Mais si vous aimez ce groupe et si ces chansons vous touchent, alors vous avez gagné mon estime. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça à prendre.

Un rythme funéraire donc, mais aussi une ambiance et une colline qui se dessinent au fil des pas et des respirations de chacun des musiciens qui participent à cette procession. La route est sinueuse et le violon et la rythmique se chargent de marquer ces changements de directions par une constance dans le ton, mêlée à une variété bienvenue dans l’éxecution de cette tache. Car quand on me parle de funeral doom, genre forcément associé a la thématique évoquée par Asunder, on ne pense pas à une composition riche mais à la répétition de riffs lourds et extrêmement lents. Ici la variété du jeu de batterie et le son naturel des instruments donne toute sa vie à ses deux plages et transforme l’écoute en une activité qui invite l’auditeur à guetter le mouvement des musiciens plutôt que de le subjuguer avec une atmosphère lourde, lugubre et envahissante. La musique de Asunder, qu’importe la plage, transforme la pièce et vous emporte. Malgré l’heure d’écoute tardive à laquelle j’écris cette chronique, je ne pourrais couper cette chanson pour la reprendre plus tard. Cela n’aurait pas de sens. Cela ne se peut. Une fois lancée, on se doit de finir la procession jusqu’à son terme pour en consommer le plus de détail possible jusqu’à la prochaine écoute.

Sombre mais pas grotesque. Subtile mais pas pédant ni trop recherché. Il y a quelque chose d’ancestral dans Asunder mais, aussi de très personnel. L’étiquette doom prend sens bien plus qu’au niveau musical mais aussi tout simplement en exprimant le sentiment d’inéluctabilité de la mort que célèbre Works will come undone. Les cinq musiciens jouent tous avec le même but : faire de ces deux plages des chefs d’oeuvres d’un metal sombre et romantique, embrassant leur héritage tout en se délestant de tout cliché. Reste la durée abusive du deuxième titre. 50 minutes pour 25 minutes de drone léger en conclusion. Je coupe toujours le titre en son milieu car j’ai du mal à saisir l’utilité de cette longue conclusion. Pas inécoutable mais redondant après deux plages riches où les instruments se mèlent avec tant de savoir-faire. Le passage au minimalisme est bien effectué et l’on pourrait se laisser porter encore un peu par ces gresillements légers. Je fais le choix d’interrompre le voyage à la conclusion qui me semble la plus logique. Décidez comme vous le voulez, mais prenez le temps d’apprécier ce qui précède car vous n’aurez pas souvent l’occasion d’entendre pareille musique. Asunder, mystérieux et sublime groupe de musicien, se place dans le même rang qu’un groupe comme Maudlin of the Well de par son originalité et son refus d’emprunter les routes balisées par d’autres musiciens. Car s’il faut célébrer la fin de l’existence de quelqu’un, autant le faire en le montrant dans tout ce qui a fait de sa vie un monument. Et à en écouter ce disque, cet enterrement est si riche et fastueux qu’il est digne d’un Roi…

  1. a famine
  2. rite of finality

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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3 Commentaires

  1. Bernard says:

    Bonne chronique pour un excellent album. Et toc..

  2. inthese says:

    chouette chro. malheureusement, un groupe qui peine à sortir ses productions, perdant un nombre gargantuesque de musiciens au fil des années qui séparent chaque sortie et depuis le départ de Britt Halett, le groupe a perdu de sa splendeur. un album plaisant, une belle perle de doomdeath, mais en deçà du morceau de 18 minutes ‘Whited sepulcher’ du split avec GaS lui même en deçà du chef d’œuvre ‘A clarion call’.

  3. jonben jonben says:

    Vraiment un très bon album, dommage que le fait qu’il n’y ait que 2 titres lui donne une impression de trop peu.

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