Pj Harvey – White Chalk

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Style: rockAnnee de sortie: 2007Label: Island Records

PJ Harvey a survécu et survivra encore au blitzkrieg du business musical et médiatique. Là où de nombreuses autres femmes aussi vaillantes soient-elles sont tombées au champ d’honneur, PJ Harvey a toujours su se protéger depuis son Sheela-Na-Gig rageur de 1992 jusqu’à aujourd’hui. La fin de la tournée du Uh Huh Her nous avait fait craindre le pire, la perdre, elle et sa musique, son urgence et sa dévotion, sa voix et sa création. « Ce concert à Paris est le dernier que je donnerai » aurait alors clamé la belle, fatiguée. Badinage médiatique. Polly Jean est une artiste, de ces méthodiques, qui se construisent sans fin. La parution des Peel Sessions 1991 /2004 l’année dernière fut alors révélateur. La belle était toujours là, faisait un break, l’œil dans le rétroviseur pour mieux reprendre la route de ces compositions. Et ce White Chalk de sortir en cet automne 2007 telle une renaissance nous conforte dans cette idée que PJ est un ange coriace.

White Chalk (« Craie blanche ») se fait le théâtre d’une nouvelle métamorphose de la diva. Un nouveau look, virginal et victorien, l’abandon de son instrument de prédilection pour la composition – la guitare – pour une écriture au fil des touches d’un piano mélancolique et cette voix. Unique, non pas lyrique, mais qui a pris le parti du danger en s’élançant vers les aiguës sans filet dans un dénuement total où l’introspection se fait la reine du bal au point que l’idée du portrait chinois voir de l’autobiographie pointe le bout de son nez dans l’esprit des vampires journaleux. Et très certainement dans celui de nombres de fans. Mais s’il est question ici une fois encore de nous toucher, nous son auditoire, au cœur, au plus près de nos sentiments et de nos émotions, il est clair qu’elle se défend d’une vulgaire mise à nue : « L’imagination a sa part » dixit PJ. Les adeptes de la pornographie en seront pour leurs comptes.

Le souhait étant de créer, d’éviter une fois encore le carcan d’un style (le rock), d’une image (l’incarnation du rock au féminin), elle aura éludé tout au long du processus de composition les titres pouvant justement trop vite se conformer à du PJ Harvey. Aidée en cela par le Bad Seeds Mick Harvey, l’ami John Parish (dont on attend d’ailleurs leur nouvel album en duo pour 2008), Flood ou bien encore Eric Drew Feldman, clavier chez Pere Ubu et Captain Beefheart et Jim White de Dirty Three, Polly Jean a écrit cet album tout au long de ces trois dernières années entre Londres, Bristol et Los Angeles, là où l’on aurait pensé qu’une retraite dans son Dorset natale était l’initiateur de cet album intimiste.

Une musique simple mais certainement pas une musique de fond. White Chalk est de ces albums qui imposent le silence, envahissent l’espace et jouent encore après son terme dans vos oreilles faisant du silence un élément même de la composition, vous laissant seul et hébété, face à vous même. Que vous aimiez ou non cette musique, PJ Harvey se joue de cet état, de cet abîme émotionnel qui constitue bien là la marque de PJ Harvey dont elle ne pourra se défaire sous peine de basculer dans la vulgarité. En attendant elle maintient la distance avec ces chansons aussi fascinantes qu’insoumises l’espace d’à peine plus d’une demi heure. Les compositions s’égrainent rapidement mais l’album a le temps de nous plonger au cœur de cet univers intimiste où le piano et la harpe sont les rois, où les arrangements anémiques et ces cordes accueillent en de brefs instants une batterie ou des chœurs. La voix tour à tour angélique ou fragile, puissante et intime nous conte ces histoires d’êtres perdues To Talk to You, de solitude The Piano, de pardon Broken Harp, de disparition et d’oubli Dear Darkness, de désolation The Mountain, d’enfance disparue Grow Grow Grow

PJ Harvey continue à prendre des risques, et si ce disque semble presque à part dans sa discographie tant il semble être le lien entre son testament et sa renaissance, il donne un nouveau visage du danger en jouant avec le vide, le dénuement et les blessures sans jamais perdre sa cohérence ni verser dans les atermoiements larmoyants. C’est une fois encore l’œuvre d’une artiste qui doute, émouvante dans sa violence désincarnée, qui sait prendre des risques. Ce qui est bien trop rare de nos jours.

  1. the devil
  2. dear darkness
  3. grow grow grow
  4. when under ether
  5. white chalk
  6. broken harp
  7. silence
  8. to talk to you
  9. the piano
  10. before departure
  11. the mountain
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8 Commentaires

  1. Rémi says:

    Polly se prend pour Tori Amos, bof… je ne vois pas où est le risque.

  2. Neurotool says:

    Tori Amos ne m’a jamais ému… Elles ont beau être copines rien à voir ici… Prends le temps de l’écouter.;-)

  3. Dun23 says:

    Moui, ça pourrait à la limite faire penser à du Tori, l’ancien, celui d’il y a 15 ans et encore. C’est PJ comme on ne l’a finalement jamais entendu. Et ce dépouillement dans la musique la rend finalement plus belle. J’adhère. Bel album. Fragile.

  4. basse-tard says:

    j’ai vraiment du mal à voir le rapport avec tori amos.
    ah oui c’est une femme et elle joue du piano : ben comme france gall!! hihi
    treve de connerie, cet album me touche, c’est le grand frisson
    pj arrive encore aprés quoi, 15 ans de carriere à sortir un album de cette qualité, moi je dis respect!!!
    seul défaut : un peu court!!

  5. Rémi says:

    je préfère France Gall…
    …. ok ok

  6. kollapse says:

    Premier album de PJ auquel je m’interesse et j’ai vraiment bien fait. Ce disque est superbe, sombre, mélancolique, lumineux, elle a créé ici une oeuvre entière et émouvante. Le fait qu’il soit court n’est d’ailleurs pas un défaut, au contraire. Autant dire qu’avec un tel album, ça me donne foutrement envie d’aller écouter le reste de sa discographie !

  7. Dun23 says:

    @Kollapse: Et tu seras surpris, je pense. Essaye les rid of me et to bring you my love.

  8. kollapse says:

    ok je prends note.

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