Oceansize – Frames

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Style: rock moderne atmosphériqueAnnee de sortie: 2007Label: Superball

Autant commencer par dire qu’Oceansize est un groupe que j’affectionne particulièrement, j’aime leur musique, j’aime le potentiel mélodique du groupe, la voix du chanteur, leur son massif, le jeu du batteur, j’ai vu le groupe 6 ou 7 fois en concert et ai toujours été comblé, et d’autant plus tout récemment dans une Maroquinerie (Paris) bondée où le concert fut exceptionnel.

A une époque où le rock anglais se tourne vers le passé en revisitant éternellement la brit-pop, le rock 70s ou autre revival du binaire, Oceansize me semble être un groupe à proposer quelque chose de neuf sans sombrer dans le mielleux, le simpliste ou l’intimisme folk mais au contraire en lâchant les guitares dans un rock alternatif prenant sa puissance à des sources metal, ses constructions complexes au rock progressif et ses évolutions mélodiques au post-rock, formant un tout à la jonction entre calme et fracas, entre rage et apaisement.

Après 2 albums et un EP plus que recommandables, le groupe semble gagner de plus en plus de fans sans pour autant proposer une musique plus accessible ou facilement diffusable en radio, ce n’est pas ce nouvel album Frames qui le démentira. Il comporte 8 titres qui remplissent un cd de 70 minutes, le groupe prend donc son temps pour déployer ses morceaux, les commençant en version minimale pour les étoffer petit à petit. Le procédé est peut-être un peu trop récurrent sur l’album, tous les titres suivent un schéma évolutif et, étant assez longs, l’album est assez déstabilisant aux premières écoutes, aucun tube évident n’apparaissant. C’est seulement au fil des écoutes qu’on arrive à comprendre les morceaux dans leur ensemble et à en repérer la construction. On pourra dire par exemple que les 10 minutes de « An Old Friend of the Christies » s’étirent un peu en longueur, alors que le morceau se révèle excellent. En fait, on trouve un Oceansize relativement apaisé par rapport à Everyone Into Position sur Frames, avec peu de morceaux faisant la part belle aux grosses guitares, on a plutôt droit à de longues envolées où les guitares comme les voix s’entremêlent en harmonies et choeurs, pour ensuite laisser part à des guitares massives qui forment des murs de son noise sur lesquels se détachent en pointillés des mélodies ciselées.

Les 3 guitares du groupe étoffent la musique, mais certains titres voient des arpèges au piano leur voler la vedette (« Commemorative T-Shirt « , « Trail of Life », « Only Twin »), « Savant » lui est accompagné de nappes et orchestrations de cordes. « The Frame » conclut lui l’album en beauté d’une façon plus pop où s’entremêlent des sons délicats.

Deux morceaux cependant présentent un Oceansize se rapprochant du metal. « Unfamiliar » est peut-être le morceau qui se rapproche le plus de l’hymne rock classique, mais alors un rock métallisé et progressif, qui laisse toutefois la part belle à la voix. Ensuite, « Sleeping Dogs And Dead Lions » verse dans un metal plus dur, possédant des riffs saccadés sur des notes graves où Meshuggah apparaît comme une influence évidente. Surprenant de la part d’un groupe rock comme Oceansize, peut-être un peu évident et copié/collé mais tout de même bien intégré dans leur musique, les mélodies vocales s’y ajoutant étant vraiment réussies, puis le morceau s’ouvrant sur des passages plus complexes, bizarres et originaux.
Musicalement, le groupe est au top de sa forme, menés par un batteur encore une fois magistral, qui exprime tout son jeu sur des rythmiques évitant la plupart du temps le binaire (Oceansize se force décidément à éviter le 4/4, ici les riffs sont sur 3, 5, 7, 9 ou 11 temps), appuyant à la double pédale les moments les plus durs. Les voix de Mike Vennart sont toujours belles, limpides la plupart du temps, tendues parfois, le groupe sort indéniablement du lot grâce à son chant, et il est rare d’entendre d’aussi bons chanteurs dans le rock.

Pour ceux qui découvrent le groupe, on peut dire qu’Oceansize, a priori dignes descendants de la scène prog anglaise (Marillion, Porcupine Tree), ont réussi à se créer un son à eux, un rock progressif moderne empruntant les ambiances aériennes de Pink Floyd, mélodies pop de Radiohead, gros son de Tool et évolutions intimistes de Mogwai, et leurs 3 albums sont éminemment recommandés aux amateurs de ces groupes. Frames s’insère dans la discographie d’Oceansize sans avoir à pâlir par rapport à ses 2 prédécesseurs même si j’avoue tout de même rester un peu sur ma fin par pur goût personnel, je regrette la direction plus post-rock de certains morceaux et préférais voir le groupe explorer son penchant le plus métallique, « Sleeping Dogs And Dead Lions » étant pour moi le moment fort de l’album.

  1. commemorative t-shirt
  2. unfamiliar
  3. trail of fire
  4. savant
  5. only twin
  6. an old friend of the christies
  7. sleeping dogs and dead lions
  8. frame
jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 528 articles sur Eklektik.

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4 Commentaires

  1. pearly says:

    à ma grande surprise, j’ai beaucoup aimé.
    je le trouve bien moins axé sur la complexité des structures, sur la technicité, tout semble fait pour une meilleure fluidité. Typiquement le genre d’albums fait pour voyager. je ferme les yeux, je me laisse bercer, l’effet est immédiat.
    chapeau aux arrangements des trois guitares et à la batterie, excellente; elle installe un son très doux, très « logique », très simple. Voilà, c’est un peu ça à mon sens cet album, plus de simplicité pour plus de coulant.

  2. kollapse says:

    Album plus axé sur des ambiances post-rock, ce « Frames » est un bel album contenant son lot de perles (« unfamiliar », « only twin », trail of fire ») enrobées dans une douce mélancolie dont s’est accaparée le groupe de façon tout à fait propre, ainsi que d’autres titres plus surprenants (« savant » et surtout l’excellente « sleeping dogs and dead lions »). Homogène, passionant, riche, touchant, rêveur, puissant, voilà autant de qualificatifs que j’utiliserais afin de décricre le 3ème album de ces Anglais au talent rare. Encore une réussite à mettre au compte d’Oceansize et accessoirement un de mes albums de l’année.

  3. 1ternot2baz says:

    Formidable album ! Oceansize a vraiment tout compris en occultant quelque peu la complexité de sa musique pour un résultat à la fois plus accessible et plus immédiatement efficace. Peut-être moins dense et intense que sur Effloresce et son monstrueux « massive breavement », Frame exprime une sensibilité à fleur de peau qu’avait déja amorcé le très bon mais néanmoins éparse Everyone Into Position, et nous berce à travers ses montagnes russes de mélodies douces et envoutantes. La principale force de cet album est de se montrer, inversement à ses prédécesseurs, constant dans la qualité de ses compositions et, de ce fait, dans le plaisir d’écoute ! Vraiment une très belle surprise.

  4. Faya says:

    Oceansize ou le talent !

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