Rosetta – Wake/Lift

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Style: post hardcoreAnnee de sortie: 2007Label: Translation Loss

Après un premier album assumé comme étant un effort pour rendre hommage à leurs influences les plus évidentes, Neurosis et Isis, Rosetta devait trouver son propre souffle afin de faire voler aussi loin leur montgolfière que le héros de leur premier album, un astronaute, les avait emmenés. Dans l’espace fascinant et dangereux des jeunes groupes au potentiel palpable mais, qui doivent encore faire leur preuve. Deux ans plus tard, un split avec Balboa au milieu et les revoilà qui viennent nous déposer un nouvel album. Deux chansons de plus par rapport au précédent, des titres aux durées plus variées (de la dizaine de minutes jusqu’à trois minutes pour la deuxième partie du triptique « Lift ») et une originalité qui se dévoile avec grâce et majesté. Oui, ici à Eklektik on aime les groupes typé post hardcore. Je m’en rends coupable moi-même et je sais que c’est dans l’air du temps de dire du bien de ce genre de groupe. Mais, voilà, quand il y a du talent, il faut bien le reconnaître et de même pour l’originalité. Malgré l’étiquette, les parallèles possibles entre les groupes, il n’y a pas de mal à prendre du plaisir en écoutant un disque bien fait dont les musiciens tissent un nouveau tissu à partir d’influences communes à d’autres groupes.

Et le costume dont se drape Rosetta est d’un bleu lumineux qui leur sied à ravir. Ce qui est d’ailleurs plutôt original pour un groupe que l’on associe à des artistes qui pronent une catharcie douloureuse (Neurosis, Cult of Luna, Mouth of the Architect …). Dès le départ de l’album, malgré les cris du chanteur, la musique est apaisée. Jouant sur des nappes de guitares plutôt que des riffs, la mélodie qui nage entre la distorsion fait sourire et apaise. Et à partir de là, l’émotion continue et reste telle qu’elle. La composition évolue, la mélodie change. La distorsion se tait, la batterie continue à jouer de toms en cymbales, mais le sourire reste à mon visage. Je dois être devenu un putain de hippie ! Ca doit être ça. Ou alors Rosetta est un groupe qui me plait trop pour que je ne puisse en vanter les mérites en étant objectif. Mais est ce mon travail de toute manière ? Peu importe. Le résultat est là et vous en jugerez par vous-même, je vous y invite. Tout aussi bien produit que leur premier album, avec un son de guitare flou qui favorise l’émotion, dans les passages plus lourds, plutôt que de clarifier le jeu du guitariste et toujours cette frappe naturelle de batterie. L’acoustique ne change pas mais, la pièce a beaucoup évolué avec des acteurs plus confirmés.

Les compositions, comme l’on peut en juger par le titre composite, « Lift » ,et les deux dernières plages, sont plus longues mais, aussi plus complexes. Alors que The galilean satellite reprenait à son compte le sens de la composition de Isis, Rosetta prend plus de liberté tout en alternant entre la distorsion et la guitare claire pour plus modifier la dynamique. La batterie, toujours en mouvement, est largement mis à contribution pour assurer l’originalité du groupe, mais la superposition de samples sur une ligne claire de guitare (comme sur « Lift part 2 ») et le jeu des instruments qui se chevauchent pour mieux se rejoindre font de ce disque une nouvelle réussite qui conviendra autant aux fans de « postcore » qu’à ceux qui apprécient leur metal avec des expérimentations et un besoin compulsif de passer au-delà des clichés et de regarder bien plus loin que tout le monde. Tout en affirmant sa position de groupe à suivre avec attention dans un genre tellement bondé que les musiciens ne cessent de chercher de l’air en se calant contre les vitres, Rosetta poursuit sa course et satisfait les attentes du fan, que je suis, mais aussi celles du bougon dubitatif, que je suis aussi, quelque part, qui demmandait un peu plus de risque et de personnalité. Wake / Lift est un très bel objet, autant d’un point de vue musical que dans son packaging superbe présentant une architecture longue, complexe et porté vers les hauteurs. Une illustration qui représente parfaitement ce groupe.

  1. red in tooth and claw
  2. lift (part 1)
  3. lift (part 2)
  4. lift (part 3)
  5. wake
  6. (ternet nosce)
  7. monument

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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2 Commentaires

  1. kollapse says:

    La chronique résume bien mon ressenti par rapport au contenu de ce wake/lift : Voici un groupe qui a mué et a fait de ses influences une force et non pas un poids, ce que bon nombre de groupes du genre n’atteignent pas totalement ou en tout cas pas à ce point. Un disque plus personnel donc, fort bien ficelé, aux mélodies aériennes superbes, à l’intensité certaine et au fil des écoutes on sent qu’un remarquable travail sur les sons et expérimentations dronesques, subtiles, a été abattu. Effort considérable et imposant qui installe ce groupe talentueux aux cotés des ténors du genre, et donc en tant que « relève » puisque certains de ces dits ténors semblent s’éssouffler un peu avec le temps…
    Superbe !

  2. jonben jonben says:

    Oh putain excellent ce « Lift », son surpuissant. massif.

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