The Ocean – Precambrian

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Style: metal hardcore moderne et mouvantAnnee de sortie: 2007Label: Metal Blade

Wouah… Après le beau digipack de Fogdiver, le superbe digipack de Fluxion, le joli fourreau et le livret grande classe de Aeolian, The Ocean s’est une nouvelle fois surpassé pour nous proposer un artwork superbe, un packaging qui en donne pour son argent. Pour une présentation détaillée de l’objet, je vous renvoie à l’interview de Robin (lien), tête pensante du groupe.
Les téléchargeurs fous qui oublient qu’il faut aussi de temps en temps contribuer à faire vivre les artistes et les soutenir en achetant leurs disques, en seront vraiment pour leurs frais. Ils passeront à côté de quelque chose d’assez unique.

Mais intéressons-nous plutôt au principal, à savoir la musique et le contenu de Precambrian. L’album fait au total 83 minutes 40, répartis sur 2 disques bien distincts.
Le premier des 2 disques porte le nom de Hadean/Archaean tandis que le deuxième s’intitule Proterozoic.
Conceptuellement parlant, ces obscures noms représentent en fait des ères de la période précambrienne (qui précède la période primaire), période géologique qui nous ramène au commencement et à l’apparition de la terre, il y a de cela 4,5 milliards d’années. Cette période est en effet découpée par les spécialistes en 3 éons distincts correspondant à des époques : hadéen, archéen, et enfin proterozoïque.
Chaque titre de l’album est le nom d’une sous-période, et ont donc tous la particularité de se terminer en « an ». La plupart sont affublés d’un deuxième titre, en anglais (qui n’est visible qu’en surimpression dans les livrets), qui colle un peu plus au contenu des textes et de la musique (et permettra sûrement plus facilement aux musiciens de communiquer sur les morceaux sans avoir besoin de leur dictionnaire). Sur le deuxième disque, « Orosirian » porte en effet le deuxième nom plus connu de « For The Great Blue Cold Now Reigns », titre écoutable sur le site du groupe depuis plusieurs semaines.
Voilà pour le concept qui a au moins le mérite de donner lieu à une pochette fort jolie, et rassurez-vous, nul besoin de se pencher vraiment dessus pour apprécier pleinement la musique des berlinois.

Où en est donc le collectif berlinois en cette fin d’année 2007 ? Après avoir sorti deux excellents albums très différents comme Fluxion et Aeolian, quelle direction allait emprunter la bande à Robin Staps ?
Une double direction.
Les 2 disques qui constituent Precambrian sont en effet très différents musicalement parlant.

Le premier, qui est en fait un EP de 5 titres, pour 22 minutes de musique, marche fièrement dans les traces de son grand frère direct, Aeolian. Il s’agit donc d’un disque brutal, direct, chaotique, sans grande surprise par rapport à ce que l’on connaît déjà de The Ocean. Je dis sans grande surprise, mais ce n’est pas complètement exact quand même : vocalement le travail est encore plus colossal que précédemment et « Paleoachean » par exemple fait quand même appel à des vocaux multiples à la coloration encore un peu différente des voix death et éructations hardcore auxquelles Aeolian nous a habitués. Ce titre seul, fait appel à 5 vocalistes différents : certains de ces vocalistes sont des berlinois peu connus, mais on notera que l’on retrouve un certain Mike Pilat, nouveau vocaliste à temps plein du groupe, et Nate Newton de Converge. Au rayon des invités connus sur l’EP, on retrouve également Eric Kalsbeek du groupe batave Textures qui assure brillamment l’intégralité des vocaux du brutal « Mesoarchean ». Aucune révolution au programme sur cet EP, mais une excellente mise en bouche, qui permet de s’immerger facilement dans Precambrian en assurant le lien entre la période Aeolian et la nouvelle…

Car sur Proterozoic au contraire, les nouveautés sont de la partie même si de par son approche beaucoup plus calme, ce disque est certainement à rapprocher de Fluxion. N’empêche, on est quand même surpris d’entrée par ce saxophone qui nous accueille sur l’instrumental introductif de « Siderian », ou cette voix claire très présente sur « Rhyacian ».
L’utilisation de l’électronique est également à noter sur ce titre, discrète mais épisodiquement présente, elle donne une coloration nouvelle au son de The Ocean.
Là où le parallèle avec Fluxion est très fort c’est sur l’orchestration importante de l’album et la diversité des instruments utilisés sur l’album : en plus des traditionnelles guitare/basse/batterie, on trouvera tout au long de l’album, du piano, de l’orgue, du violon, du saxophone, du violoncelle, de la viola (proche du violoncelle), du tambourin, et même du glockenspiel (sorte de xylophone).
Et l’utilisation de ces instruments classiques est loin d’être une coquetterie superflue. Elle est au contraire un pan fondamental sur lequel la musique du groupe s’appuie aujourd’hui complètement. « Statherian » est un exemple de la réussite de cette fusion inédite. Le mélange entre ces sonorités classiques et le metal/hardcore sans concession du groupe est tout simplement fabuleux (la fin de « Orosirian » est à pleurer).
Fluxion avait ébauché ce que pourrait être la musique du groupe aujourd’hui, et Precambrian concrétise à plein les attentes que l’on pouvait placer dans ce groupe à la maturité aujourd’hui impressionnante. Cette orchestration puissante, jamais démonstrative, est au service d’une musique puissante mais aussi touchante, et éminemment sombre également. J’en veux pour preuve le démarrage de « Calymmian », aussi glaçant qu’un titre de Portishead, l’émotion à fleur de peau de « Stenian », ou ces sombres intonations résonnantes de la basse sur « Ectasian » dont le tempo ralenti frôle le doom avant de se muer en déferlante apocalyptique.

On notera aussi que certains des textes de l’album ont encore une fois été empruntés à de célèbres auteurs comme Charles Baudelaire (sur « Palaeoarchean »), le comte de Lautréamont (« Mesoarchaean » et « Neoarchaean »), ou le poète Georg Trakl (sur « Ectasian »), alors qu’une citation présente sur « Statherian » est signée de l’acteur Kevin Spacey.

Vocalement comme sur l’EP, Proterozoic multiplie les participations, à tel point même qu’on se demande s’il y a un véritable vocaliste dédié dans le groupe.
Ce sont pas moins de 9 voix différentes qui parcourent le disque. Aux côtés de Meta, très présent encore bien qu’il ne soit plus l’officiel vocaliste de The Ocean, on retrouve des inconnus et certains de ceux déjà cités précédemment (notamment Mike Pilat un peu partout, et Nate Newton sur « Tonian »), et même Tomas Hallborn (Breach) ainsi que Caleb Scofield de Cave In, venu poser sa douce voix claire sur « Orosirian », ainsi que Robin Staps qui participe désormais souvent (sur trois titres pour être précis) aux voix (je le soupçonne d’être responsable de cette très belle voix claire sur « Rhyacian »).

Ces participations nombreuses, ainsi que ce sens du détail et de la minutie, rendront certainement une fois de plus les choses difficiles à retranscrire en live. Mais sur ce terrain, The Ocean a prouvé à de multiples reprises qu’il était contre toute attente un énorme groupe de scène (le concert du Batofar en avril 2006 restant encore à ce jour mon expérience de concert la plus marquante), et je vous encourage donc vivement à aller vous en rendre compte par vous-mêmes si par bonheur le groupe a la bonne idée de passer près de chez vous (a priori le groupe passera par Paris en avril 2008).

Alors on dira que je ne suis pas objectif et que la note attribuée à ce disque était prévisible (car oui c’est vrai, c’était sûrement l’album que j’attendais le plus cette année, mais ce genre d’attente engendre plus souvent des déceptions qu’autre chose), mais ce Precambrian est vraiment un monstre d’album à ne pas rater.

Tracklist :

DISC 1 – Hadean/Archaean

1. Hadean
2. Eoarchaean
3. Paleoarchaean
4. Mesoarchaean
5. Neoarchaean

DISC 2 – Proterozoic

1. Siderian
2. Rhyacian
3. Orosirian
4. Statherian
5. Calymmian
6. Ectasian
7. Stenian
8. Tonian
9. Cryogenian

krakoukass

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Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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26 Commentaires

  1. Rémi says:

    « Eklektik est acquis à la cause des berlinois… » en effet, j’aurais douté du contraire. Belle chronique, donne envie d’écouter le résultat, même si je ne suis pas autant conquis par le groupe – ni sur cd ni sur scène (le côté mise en scène et poudre aux yeux – mouais…). Par contre l’effort mit sur l’emballage et le contenu, ça mérite que l’on s’y attarde.

  2. Neurotool says:

    « Certains d’Eklektik sont acquis à la cause… » Héhé… je fais justement parti de ces gens qui reconnaissent le travail fournit mais qui pour autant n’st en rien séduit par la musique produite. Dommage, peut-être…

  3. ellestin says:

    je préfère ne pas trop en dire. Comme pour « Aeolian » à sa sortie, j’ai encore du mal à mettre mes impressions à l’endroit. Je sais déjà que c’est du 5/5 albums de l’année bien sûr, mais la digestion est encore loin d’être achevée

  4. mush says:

    Moi jme demande toujours sur quel passage chante Tomas Hallborn…??

  5. SagresMetal says:

    Le cd2 est fabuleux, le cd1 après une agréable surprise n’est pas aussi bon que Aeolian dans le style.
    Le packaging mérite le détour.
    Sur Scéne rien à dire.
    Bref un des groupe si ce n’est le groupe de l’année pour moi.

  6. pearly says:

    Hallbom chante sur Stenian… ça m’a sauté aux oreilles pourtant ! Bref, j’ai adoré cet album.
    l’effet est étrange… je me dis par moments que ce son propre, que ces enchaînements presque prévisibles, peuvent et doivent presque gâcehr l’album. Bah non, tout est si fluide, cette structuration est parfaite, ce mélange d’instruments crée un univers vraiment à part, le groupe navigue entre lein de genres, se façonne un monde très personnel.
    je comprends vraiment ceux qui restent bloiqués, ou sont rebutés par le son certes massif, mais « commun ».
    c’est un immense puzzle, tout s’emboîte parfaitement, les nombreuses voix se mélangent à merveille, ambiances instrus calmes, explosions, progressions du zen vers le nerveux terribles, etc. etc.
    Vraiment du gros gros boulot, terrible !

  7. krakoukass Krakoukass says:

    Marrant, je ne le trouve pas très dur à la digestion personnellement… Les 2 premières écoutes sont déroutantes, mais après je me suis assez vite senti à l’aise, comme chez moi. ET plus je l’écoute plus je le trouve gigantesque. Vraiment le meilleur album du groupe.

  8. Chewy says:

    J’ai été facilement conquis par le CD1 qui était dans la lignée directe d’Aeolian mais le CD2 m’a laissé perplexe quelques jours… et puis j’ai écouté, et écouté et réécouté et là… l’extase. C’est beau, c’est lourd, c’est poignant… bref une vérutable réussite. Après un Between excellent, voici donc l’album de l’année.
    Krakou, bravo pour ta chro très complète et très intéressante.

  9. damien luce says:

    Des passages indigestes, une impression de déjà vu-déjà entendu cent mille fois sur certains passages du cd 1… Bref du Aeolian mal branlé et prévisible, dommage… mais putain ce deuxième cd est fantastique, là The ocean me surprend et me donne envie de revenir écouter cette partie… j’ai toujours préferé fluxion à aeolian…

  10. damien luce says:

    the ocean a toujours revendiqué son amour pour breach, le début du titre « rhyacian – intimely meditations » est pratiquement le même que celui du titre « kollapse » des Suédois, beau clin d’oeil des Allemands !!!

  11. Faya says:

    Bien vu Damien , j’avais aussi remarqué cette référence évidente à Kollapse. Sinon c’est un peu trop tôt pour que je donne un avis mais c’est du gros. J’aime bien le premier cd, il y a des plans assez clichés mais c’est toujours bien jouissif. Le second est complexe mais tout ca m’a l’air bien monstrueux.

  12. mr.hutz says:

    Rhyacian ne me rappele pas vraiment Breach quoique c est assez proche par contre Ectasian carrement.. remember its me god..le riff dintro tout ca? Et Killing the Flies, le pont de The Huamn Stain, Isla de la Luna aussi.. comme quoi on sort jamais vraiment de ses influences.
    Suis je le seul a trouver le premier cd tres bon? En particulier l enorme Neoarchaean qui n aurait pas fait tache Aeolian. Deuxieme patie ambitieuse, limite trop. Dans l ensemble c un travail titanesque qui merite bien quon sy attarde quelque temps

  13. damien luce says:

    mr.hutz je t’assure que les premières notes de gratte de stenian sont pratiquement celle de kollapse, c’est évident…

  14. damien luce says:

    pas stenian rhycian ehehe

  15. Pablo says:

    Mouvant

  16. Angrom Angrom says:

    C’est assurément du gros morceau. Je me rends compte qu’à première vue, je préfère le CD 1, qui est plus accessible , surtout le titre 5 (neoarchaean). Le CD 2 me demandera sans doute plus d’efforts (mis à part le tube Orisirian) , mais certaines parties sont clairement très intéressantes. Une belle découverte

  17. wakos says:

    Ben en ce qui me concerne, c’est vraiment sur le CD2 que je reste scotché. Le CD1 est loin d’être mauvais, mais je trouve que la deuxième partie nous propose un groupe totalement différent qui offre des compositions hyper fouillées, intenses, et pleine de rebondissements. Y’a pas photo, cet album est clairement une des meilleures réussite de l’année !

  18. Penumbra says:

    C’est certainement un des meilleur album que j’ai entendu depuis longtemps avec le dernier Neurosis. Si le premier CD1 est clairement plus facile d’accès je trouve que le second est complètement démentiel.
    Je ne saits pas trop quoi dire encore, car a chaque écoute je redécouvre l’album d’une manière différente, et seul le temps me permettra d’avoir un avis definitif.

  19. Joss says:

    Assez incroyable ce disque. C’est assez dense, avec une heure trente de musique en tout et donc il faut un peu de temps pour en faire le tour. En tout cas, pour le moment il m’apporte de nouvelles suprises à chaque écoute. Un des albums de majeurs de l’année, assurément. Ha oui et packaging somptueux pour couronner le tout, j’ai rarement vu un digipack comme celui-ci O_o

  20. xavier says:

    Pas écouté ce skeud mais sur scène c’est royalement chiant. Elu groupe live le plus insipide de l’année.

  21. krakoukass Krakoukass says:

    lol Pauvre Xavier…

  22. xavier says:

    pourquoi lol ? Parce que les deux fois où je les ai vu live c’était vraiment pénible ?

  23. krakoukass Krakoukass says:

    Que tu n’aies pas aimé sur scène pourquoi pas (même si bon…) mais de là à « élire » The Ocean : « groupe live le plus insipide de l’année »… Ca ressemble fort à de la bêtise d’après moi ou alors tu n’as pas du faire beaucoup de concerts…

  24. xavier says:

    Ou alors j’en vois trop et je suis blasé… Mais très honnêtement, les deux fois où je les ai vu, c’était horriblement chiant. Pas d’âme, pas de tripes, pas de coeur, juste du gros son aseptisé d’où rien ne dépasse. Encore plus chiant qu’Isis, c’est dire ;)
    Pour ce genre de musique, c’est quand même très dommage.

  25. jonben jonben says:

    On est plusieurs sur Eklektik à penser que The Ocean est un groupe exceptionnel sur scène, en particulier ceux qui étaient au concert du Batofar à Paris, qui reste par exemple pour moi un des meilleurs concerts de metal que j’ai vu.
    T’as le droit de ne pas avoir aimé, ma mère aussi ne resentirait pas l’emotion qui se dégage de leur musique… par contre les tripes, faut être de mauvaise fois, c’est un groupe qui vit sa musique sur scène.

  26. xavier says:

    Alors j’ai pas eu de chance et j’ai vu deux mauvais concerts. Ceci dit, ce n’est qu’une question de sensibilité personnelle… et la mienne m’a poussé à aller voir ailleurs au bout de quelques minutes. Pas la peine d’argumenter davantage.

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