Qui + Get the People + Socrates – 07 décembre 2007 – Grnd Zero – Lyon

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Annee de sortie: 2010

Ce soir est un grand soir. Ce concert c’est un peu comme retrouver un ami de vingt ans. Vous savez celui qui est parti avec votre femme, sans les gosses et qui ressurgit dont ne sait où pour vous taxer dix tunes. Alors oui ce soir je suis au Grnd Zero et je compte bien retrouver cet enfoiré de David Yow qui avait laissé tombé la scène après quelques décennies d’exactions au sein de Scratch Acid et The Jesus Lizard. Pas que je lui en veuille. Non loin s’en faut. Simplement, je n’ai jamais pu apprécier les prestations sulfureuses du sieur. Rendez-vous est donc pris.

Mais avant la grande messe, deux groupes se partagent la scène. Socrates tout d’abord puis Get the People.

Socrates sont lyonnais. C’est un trio guitare – batterie – chant. Ils officient dans le noise-rock et on la dure mission de lancer cette soirée. Semblant être motivés, ils vont remplir cette mission avec un certain brio. Et ce n’était pas gagné d’avance, tant la salle semblait peu à même de se remplir. Une cinquantaine de personnes tout au plus en début de soirée pour voir leur set. Les absents ayant toujours tords, ils ne profiteront pas d’une petite leçon de noise façon Arab on Radar meet the Locust meet Sonic Youth sachant s’évader vers des contrées plus rock, plus catchy par instants où l’on peut notamment apprécier un jeu de guitare versatile et une batterie assez nerveuse et cinglante. Points faibles de la prestation : les changements de guitare quasi systématiques entre les morceaux, cassant la dynamique du set et une chanteuse pas toujours à même d’assurer pleinement son chant félin et un rien rageur. Quoiqu’il en soit ils ont rempli leur mission. Ils se sont fait plaisir. Le public aussi. La chaleur monte, la salle est enfin remplie, un set bien agréable à découvrir et à écouter somme toute. A revoir dans une salle un rien plus intimiste pour moi.

Get The People monte sur scène une demi-heure plus tard. Leur prestation un rien décalée risque d’en laisser sur le chemin. Sincèrement j’en fais parti. Je sais de quoi est capable cette bande de doux dingues mais autant leur album éponyme m’a fait bonne impression, autant ici leur set me laisse dubitatif. La faute au guitariste ? Coiffé d’une perruque starlight, il passe le plus clair de son temps à plaquer des accords quasi inaudibles ainsi qu’à chanter de façon presque inintelligible. Dommage, tant ces textes doux amers gorgés de délires et autres expressions ironiques semblent sortir des sentiers battus. Mais non il n’y a pas que ce guitariste. Les morceaux math rock sont tous aussi insaisissables. Ils vous glissent entre les doigts, s’enlacent sans que vous ne puissiez rien y saisir de réellement tangible. Pour preuve cette batterie qui s’emballe en permanence sans raison évidente. M Kevin Shea, batteur de son état, a beau sortir des rangs du Strom And Stress, j’ai un peu de mal à le suivre. Finalement rares sont les morceaux qui m’accrochent vraiment. Et comme par hasard ce sont ces morceaux les plus rocks. Quoiqu’il en soit le public répond présent, semble aussi réceptif qu’interloqué par ce trio somme toute des plus sympathiques, vannant en permanence, le sourire narquois toujours au coin des lèvres. Il reste donc une prestation sympathique comme un bœuf de potaches. En apparence seulement, tant la maîtrise technique me semble elle belle et bien réelle. Mais personnellement je resterai à la porte.

Le temps de faire le tour du merchandising, et voici enfin Qui sur scène. Il est 23h15. On est parti pour une bonne heure et quart de show où la quasi-totalité du dernier album en date, le Love’s Miracle, sera revu et corrigé façon straight in your face. Pour le plus grand bonheur du public. Chemise noire, jeans noir défoncé, santiags noires, Yow en maître de cérémonie sur la droite de la scène va s’adonner à la musique sans rémission, comme si demain n’existait pas. Ici il joue avec sa chemise (finira-t-il à poil ce soir encore ? Non c’est bien là la seule concession qu’il fera à son grand âge !). Là il se jette dans la fosse la tête la première. Les enceintes auront la joie et l’indicible honneur de le porter avant qu’il n’aille se pendre au plafond et retombe sur la scène tel un chat. Autant dire que la scène va connaître les litres de sueur et les éternels crachats du sieur… mais elle raisonne aussi de ce chant oscillant toujours entre le spoken word éraillé et ce chant nasillard voir hurlé si charismatique. L’émotion est palpable à chaque instant. Là où certains remontent sur scène pour faire leur vieille pute fanée,  ici le jeu n’est en rien sur joué. Il est vécu, sans compromis, point. Et les deux lascars qui ont remis en selle cette hydre de la scène rock peuvent être fiers de leur coup ! Les morceaux s’enchaînent, quelques vannes tombent de temps à autre. Mais même si le batteur comme le guitariste ne sont guère affables, on sent une réelle complicité entre les trois musiciens et un plaisir non feint de jouer ce rock un rien noisy rappelant bien évidemment par instants les plus belles heures du Lizard. Le set se termine dans la sueur et l’allégresse, un rappel pour un public implorant – la fameuse reprise du Echoes de Pink Floyd qui s’étire durant bien plus d’une vingtaine de minute mais donne le temps à Yow de s’en griller une, puis d’enfiler sa basse pour marteler ce riff aussi basique qu’entêtant rendant ce morceau au combien hypnotique. Fin du set. « See you last night ! » Rideau. Lumière. On aurait aimé que ça dure encore et encore. Peu importe. Qui a prouvé ce soir que le père Yow est revenu d’entre les limbes pour un bon moment (du moins on l’espère !) mais aussi et surtout que Qui n’est pas un groupe faire-valoir de David Yow. Qui est avant tout Qui et Yow n’est que la cerise sur la gâteau. Mais quelle cerise !

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