Dirge – Wings of Lead Over Dormant Seas

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Style: noise/ambient/post-hardcoreAnnee de sortie: 2007Label: Blight Records

Neurosis. La référence est évidente alors autant la planter dès le départ. Le groupe, dans la dernière interview qu’ils ont donnés au magazine Noise, semblait fatigué de cette comparaison de journaliste pressé de classifier Dirge dans un panorama. Le but de cette chronique sera donc de dépasser cette comparaison afin de rendre hommage à la grande qualité de l’album ici présent. Wings of lead over dormant seas, un double album massif et complexe que l’on peut traiter d’oeuvre d’art sans peur de prétention. En concert, devant une toile projetant un film constitué d’images de phénomènes naturels, les musiciens inspirent un sentiment de dévotion. C’est en cela que l’on peut comparer Dirge à Neurosis (ou inversement) car chacun des deux groupes engendrent chez l’auditeur ce besoin de se recueillir et de se plonger au plus profond de soi. Le grain des voix aussi peut être mis en parallèle. Mais, une fois remplacé par un autre chanteur (celui de Kill the Thrill) comme sur le deuxième disque, la comparaison n’a plus de sens et la force de Dirge prend tout son envol dans une longue plage d’une heure. Pas vraiment une chanson mais, plutôt une pièce de musique où un saxophone, un violon, de la distorsion crée par ordinateur et les instruments restant accompagnent le film qui se déroule devant nos yeux. L’album ne pourrait toutefois pas être taxé de « conceptuel » à mon sens car, la musique ne traite pas d’un sujet particulier. Ce serait plutôt à l’auditeur de créer soi-même les images qui vont de pair avec ces deux disques.

Les longues plages du premier disque, sans former un tout aussi dense que le second, sont propices à une immersion sonore et spirituel complète. On ne pourrait écouter ce disque tous les jours distraitement. Pour cela il faut choisir un moment de silence complet pour que rien ne puisse venir troubler la surface de la substance sonore qui suinte des enceintes une fois la première chanson démarré. « Meridians », une invitation à la prière au nom de notre mère la Terre. 19 minutes entrecoupés par des textures noise. Peu de changement dans la mélodie ou le rythme mais, une richesse bien particulière réservée aux groupes groupes capables de créer un morceau aussi hypnotique, catharsique et sombre. Ces deux derniers mots sont à mettre en gras quand on parle de ce disque. A se laisser piéger par le disque, on ne peut échapper au vagabondage de son propre esprit. Et que dire d’autre d’une musique aussi sombre et mélancolique qu’elle évoque les plus douloureux moments de notre vie. Cependant, car la longue traversée qu’impose le disque connait une conclusion, la lumière qui perce au bout du disque apporte plus que le douloureux receuillement qu’elle provoque. On aimera ou on ne supportera donc pas ce pèlerinage sonore de plus d’une heure (les deux disques formant des pièces séparées (contrairement à un album comme The fragile de Nine Inch Nails) ou on ne sera pas touché par les mélodies et la douce lourdeur des guitares. Wings of lead over dorment seas est une expérience très particulière et elle ne plaira, bien évidemment, pas à tout le monde.

Plonger dans un disque de ce genre est un plaisir que l’on apprend à aimer bien plus difficilement que des albums comme ceux de Isis, Cult of Luna ou Mouth of the Architect. Des groupes que certains compareront peut-être à Dirge mais qui n’ont strictement rien à faire côte à côte. Les guitares, tout en formant une masse cohérente et portant un rythme et une mélodie, sont accompagnés d’explosions sonores tout en grésillement et en effet psychédélique formant le vortex qui aspirera l’attention de l’auditeur. Malgrè la durée hors norme des chansons, elles ne se perdent pas dans une répétition facile d’un seul mouvement. Tout en étant monolithique, les arrangements n’ont rien de minimalistes et il faudra juste que l’auditeur se laisse guider par les mouvements des musiciens pour s’en rendrecompte. Toutefois, Dirge guide mais, ne donne pas les clés du secret. Autant durant le premier que le second disque, personne ne viendra vous prendre par la main pour vous faciliter la tâche. Pas vraiment élitiste mais, plutot destiné à une certaine catégorie de personne. Wings of lead over dormant seas n’est certainement pas un disque qui créera le consensus parmi les fans de ce « genre » de musique. Bien qu’entouré de références auxquels le groupe ne peut échapper du fait de l’époque et de la popularité de Neurosis, Isis ou Cult of Luna, Dirge crée, grâce aux mêmes instruments et à des influences communes, une oeuvre forte et complexe. Une longue phrase que je résumerais en trois mots : Dirge crée. Ecoutez.

  1. meridians
  2. end, infinite
  3. epicentre
  4. lotus continent
  5. nulle part

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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11 Commentaires

  1. damien luce says:

    J’ai vu Dirge en live en septembre et j’ai été agréablement surpris par la force massive et écrasante du groupe. Ce disque est captivant mais demande un minimum de concentration de la part de l’auditeur afin de capter toutes les texture s sonores de ce double album. Le voyage est fabuleux car Dirge a réussi à donner un côté épique à ce tourbillon noise psychédélique…

  2. Damien luce says:

    Quant à la référence à Neurosis elle est justifiée même si le groupe en a ras le bol de toujours l’entendre. Belle chro mister Hororo !

  3. Faya says:

    Cet album est un peu moins « efficace » et « pur » que And shall the sky descend, mais il est plus personnel, moins Neurosis, un son vraiment original (aidé par la présence de NIcolas Dick et de la présence de texturres noise). Une expérience pas évidente mais très gratifiante :)

  4. kollapse says:

    Captivant, riche, dense, le voyage ici proposé long de ses 2h est fabuleux. Il faut s’armer de patience car il ne se dévoile pas facilemment (surtout le cd2), mais il vaut à mon sens son lourd pesant de cacahuètes, tant on est récompensé une fois le tout digéré. C’est du moins mon cas. Je découvre le groupe avec ce Wings of lead… et me tarde de découvrir les précédents dont l’acclamé « …And shall the sky descend ». Superbe.

  5. Bernard says:

    Ayant débuté dans une veine plus « metal-indus » rigide « à la » Godflesh (cf. le très bon ‘Down Last Level’) et après un deuxième album en demie-teinte, reflet d’un groupe en pleine mutation, Dirge nous a pondu deux perles avec ses deux derniers albums. Un groupe que je suis plus ou moins depuis le début et qui ne m’a jamais déçu… bien au contraire! Un de mes albums de 2007!

  6. ellestin says:

    Cet album me saoûle. « Meridians » est un titre colossal puis pfft… c’est la grande évaporation, il ne se passe plus grand chose, le son si caractéristique du groupe, entre chrome et rouille, est mis au service d’un univers certes savoureux et magistralement apprivoisé, mais au final criblé de vides et de longueurs injustifiables (selon moi). Quant au morceau d’une heure, je l’ai écouté une fois en entier, il a fallu des effluves de choucroute au munster pour me ranimer… Bref je suis méchant et moins qu’un peu subjectif, et il va de soi que je lui redonnerai sa chance en temps voulu, mais ppour le moment grosse déception par rapport au précédent album qui m’avait scotché au plancher.

  7. ellestin says:

    moins qu’un peu objectif, fallait lire (pff fatigué moi :-))

  8. Neurotool says:

    A peu de choses près le même avis qu’Ellestin… je suis déception. Mais j’y reviendrais en temps utiles en espérant la révélation.

  9. Bernard says:

    A l’époque, il m’a fallut un bonne dizaine d’écoutes pour commencer à apprivoiser Through Silver In Blood… Tout ça pour dire que dans ce genre musical je ne pense pas qu’on puisse se faire un avis définitif après juste quelques écoutes rapides. C’est juste un avis, je n’ai pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Je préfère effectivement le précédent mais je le trouve aussi assez énorme celui-là. Bon bref on aura compris…

  10. jéjé says:

    un truc étrange, c’est qu’il y a un autre groupe, nommé dirge, à Rouen, qui a sorti 2 albums, avec extrait sur myspace. Ils ont un point commun?

  11. kollapse says:

    Le même nom…C’est tout.

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