The Mars Volta – The Bedlam in Goliath

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Style: prog rock inventifAnnee de sortie: 2008Label: Universal Music

The Mars Volta : depuis que j’ai découvert le groupe avec leur premier effort en 2003, j’ai attendu chaque sortie du groupe d’Omar Rodriguez Lopez et de Cedrix Bixler Zavala avec l’impatience d’un gamin au pied du sapin de Noël. Et ce The Bedlam In Goliath ne fait pas exception à la règle. Le single « Wax Simulacra » étant dispo à l’écoute quelques semaines avant, je n’avais pas pu résister et j’avais ouvert un petit coté du paquet en l’écoutant. Même si je l’ai trouvé agréable, son côté « simple » (comparativement à ce que nous propose le groupe habituellement) me faisait dire qu’il ne devait sans doute s’agir que d’une petite partie de l’iceberg.
Et puis enfin vint le jour d’écouter le disque en entier. Je dois dire que les premières écoutes furent éprouvantes tant ce disque est encore une fois complexe et dense. Quelques titres retinrent mon attention comme l’énorme « Metatron » qui m’a filé une baffe monstrueuse dès les premières écoutes, ou ce cinquième titre : « Goliath » et son riff crimsonnien qui rappelle « 21st Century Schizoid Man » du groupe de Robert Fripp. C’est d’ailleurs encore une fois dans les traces du géant King Crimson que The Mars Volta marche allègrement. Un King Crimson qui aurait rencontré sur sa route Santana et Led Zeppelin et les aurait invités au bœuf du siècle. Par rapport au précédent effort, Amputechture dont la complexité extrême a pu laisser quelques fans sur le bord de la route, The Mars Volta a retrouvé sur ce disque un côté plus efficace pour la plupart des titres, ce qui fait que bien des titres sont agréables à écouter au premier degré, sans volonté de plonger outre mesure dans la complexité du disque, tout en sachant que l’on pourra plus tard, si on le souhaite, creuser plus en profondeur.

Et là, il y a matière, car un peu à l’instar d’un film de David Lynch, on peut trouver de nombreux niveaux d’écoute à la musique des deux ex-At The Drive In. Tout comme une œuvre du maître, le premier contact laisse pantois, on sait qu’on a aimé, on n’a « rien compris », mais si on a accroché, on sait qu’on aura envie de s’y replonger. Pour prolonger le parallèle, le solo de cuivres à la fin d' »Aberilunka » semble joué par le Fred Madison de Lost Highway. L’album est certes long, mais très bien structuré, et s’articule autour de deux titres phares : « Cavalettas » et « Agadez » qui sont la colonne vertébrale du disque et ne laisseront pas l’auditeur indifférent. Mais ayez tort de croire qu’après ces deux titres The Mars Volta a tout dit, car il reste encore à écouter des brûlots comme « Ouroboros » ou « Conjugal Burns ». Omar Rodriguez-Lopez s’en donne à cœur joie, martyrisant sa six-cordes de son jeu si particulier et si inventif. À la fin du disque, on se dit que le titre est bien trouvé car ce bazar (traduction de bedlam), offre toute une palette de saveurs et d’arômes, comme un souk oriental, et que tout comme le Goliath du titre, ce disque est énorme !

Encore une fois, la production d’Omar Rodriguez-Lopez et le mixage de Rich Costley (Muse) réussissent de tour de force de rendre hommage à la complexité de la musique tout en faisant sonner tous les instruments de manière très audible, et en donnant au disque une identité sonore forte. Chapeau !

Décidément, à chaque chronique, je ne taris pas de louanges sur la musique du groupe, son inventivité et sa constante qualité. Les années passent et The Mars Volta continue son petit bonhomme de chemin, sortant des albums meilleurs les uns que les autres et évitant autant les faux-pas que les fautes de goûts. Cela me laisse pantois, et bien qu’on ne soit que mi-février, je pense qu’il est fort probable que ce Bedlam In Goliath soit mon album numéro 1 pour 2008.

  1. aberinkula
  2. metatron
  3. ilyena
  4. wax simulacra
  5. goliath
  6. tourniquet man
  7. cavalettas
  8. agadez
  9. askepios
  10. ouroborous
  11. soothsayer
  12. conjugal burns
Angrom

Chroniqueur

Angrom

Comme pas mal de gens, c'est par mon paternel que me sont venues bon nombre de mes émotions musicales. Éclectique en diable, mon daron, m'initia à la musique classique et rock essentiellement. Beatles, Rolling Stones et Elton John essentiellement furent parmi les premiers artistes à retenir mon attention. Imaginez ma stupeur quand un ami se présenta un jour chez moi avec des disques d'un groupe anglais, arborant une mascotte qui a l'époque m'avait paru horrible, mais me fascinait. Il s'agissait bien sûr d'Iron Maiden, dont je devins assez vite fan, intégrant ainsi un peu de métal dans mes écoutes, qui, à l'époque, suivaient plutôt la mode du moment. Metallica, Megadeth, Iggy Pop vinrent compléter ma collection d'artistes un peu plus péchus. Arrivé en école d'ingénieurs, un voisin de palier, voyant quelques disques de métal dans ma (encore petite) discothèque, essaya de m'entraîner du "côté obscur". Bien lui en prit, rétrospectivement. À l'époque, en 1998, Angra était au top, et c'est par ce moyen qu'il réussit son coup, me faisant sombrer dans une période heavy-speed, dont je ne garde plus grand chose aujourd'hui (mis à part Edguy et les trois premiers Angra). Une fois le poisson ferré, il passa à la vitesse supérieure en me passant des disques de Dream Theater. Coup de cœur direct pour Images And Words, un peu plus de mal avec Awake, mais la sortie de Scenes From A Memory en 1999 et plusieurs petits détails contribuèrent à faire de ce groupe un de mes groupes favoris, ce qu'il est encore aujourd'hui (une vingtaine de concerts au compteur). Suivant le groupe et tous ces side-projects c'est par Transatlantic que je m'intéressai aux groupes de rock progressif : Spock's Beard, Marillion, The Flower Kings, puis les grands anciens : Yes, Genesis (je considère encore aujourd'hui la période d'or de Genesis comme un des trucs les plus géniaux qu'on ait jamais écrit en musique), Rush (mon groupe n°1), plus récemment King Crimson. Sorti de l'école, je rencontrai sur Rennes la troisième personne à l'origine de mes grands tournants musicaux. Mon troisième maître m'initia aux sonorités plus saturées du death metal et du thrash qui pousse. L'éducation ne se fit pas sans mal, mais j'ai actuellement une discothèque de métal extrême bien fournie, que j'apprécie énormément. .J'en profitai pour découvrir un des groupes français les plus novateurs : SUP. Ou j'en suis aujourd'hui ? Sans doute un mix de tout cela. J'ai succombé également aux sirènes du rock alternatif (Tool, The Mars Volta, Porcupine Tree, Dredg). Je conserve quelques bases heavy que je ne renie pas (Judas Priest, Ozzy Osbourne, Alice Cooper), et j'écoute beaucoup de métal progressif, si tant est qu'il s'éloigne de la technique pour la technique (Pain Of Salvation, par exemple). La trentaine a été également l’occasion de s’intéresser au Jazz, plutôt les classiques « hard bop », mais je ne crache pas sur une petite nouveauté à l’occasion. Je voue également un culte sans limites à Peter Gabriel et à Frank Zappa, hommes à la personnalité fascinante et musiciens expérimentateurs !

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11 Commentaires

  1. pearly says:

    je n’irai pas jusqu’au chef d’oeuvre, mais il y a de la grande classe oui. A suivre, je n’ai encore que peu d’écoutes au compteur. Bref, cet album me donne presque l’impression que le groupe va explorer l’opposé du précédent (que je déteste). Là on trouve un rock étonnamment brut, un peu dans l’esprit du premier oui, c’est une facette que je n’attendais plus, convaincu que le groupe allait se perdre dans le branle-manche 70’s, à mon sens bien foiré… Là bing, ça en met plein la gueule, la complexité n’est pas frappante, on évite le démonstratif pour trouver quelque chose qui a un sens. ça ne paraît pas gratuit, c’est logique.
    La magie et l’instantanéité du premier opus me manquent toujours, mais The bedlam in Goliath a le mérite de ne jamais m’emmerder, se classe directement juste derrière De-loused. Surprenant, tant mieux.

  2. Neurotool says:

    Album surprise pour moi. J’avais jusque là mis de côté ce groupe. Je ne sais si c’est pour son énergie rock, pour son côté prog ou pour son concept pour le moins métaphysique avec une table ouija comme fil rouge (mais apparemment les lascards naviguent toujours un peu dans ces univers métaphysiques). En tout cas, belle claque, belle surprise et à coups sûrs un incontournable. Je ne sais plus où j’ai lu ça mais il était dit que The Mars Volta était la parfaite synergie des courants rock depuis les 70’s. Je ne suis pas loin de le penser en tout cas.

  3. jonben jonben says:

    Chef d’oeuvre c’est clair, je ne sais pas si il ne détrone pas Deloused à mes yeux. The Mars Volta retrouvent l’énergie rock et cet album est leur plus énervé, le nouveau batteur est vraiment une brute. A côté de ça retour à des formats de morceau moins dispersés, un paquet de riffs bien trouvés, un jeu de guitare personnel, des voix marquantes, ça donne 12 titres réussis.

  4. Angrom Angrom says:

    A lire l’avis de Jonben, je me rends compte que j’ai effectivement oublié de parler du nouveau batteur dans la chronique. Le petit nouveau arrive sans mal a faire oublier le cogneur précédent, tant par sa technique que par sa puissance…. Hate de voir ca en live, moi

  5. 1ternot2baz says:

    Imposteurs, visionnaires, virtuoses de l’instrument, musiciens sous acides ………… On aura tout lu et entendu au sujet de the mars volta.
    N’empêche que ce « the bedlam in goliath », comme pour de nombreuses personnes je suppose, m’a définitivement réconcilié avec le groupe ! Pas un seul gramme d’ennui, rien que de l’energie et de l’efficacité en barre avec en prime pas un titre au dessus des dix minutes. Bravo les gens de chez mars volta !!!

  6. ellestin says:

    très chouette vraiment! Pas aussi immédiat que De-loused, pas aussi over the top que Frances, pas aussi naze que Amputechture (heureusement…)

  7. Joss says:

    Excellent, même si à l’heure actuelle je suis encore loin de tout capter. Le terme Goliath semble bien choisi car en ce qui me concerne j’ai l’impression de me retrouver devant un truc gigantesque qu’il faudra du temps pour apprivoiser. On est a mon avis en face d’un des groupe de rock les plus marquants des années 00′

  8. Arnaud says:

    Je me laisserai bien tenter, assez complexe et indigeste mais ça me plait bien. C’est origianl en tout cas.

  9. Monster says:

    Faudra que je l’écoute celui là, le précédent m’avait fait lacher ce groupe, trop indigeste selon moi (tous les défauts du prog en somme), donc faut que je teste celui là à l’occase…

  10. Reflebe says:

    Amputechture avait des longueurs dans ses passages plus ambient mais certains morceaux étaient énorme (notamment Day of the Baphomet). Celui-là est plus efficace et vraiment excellent. Je le vois un peu comme un mélange de Amputechture au niveau des sonorités et de De-Loused au niveau des structures plus efficace. A l’inverse de bien des gens je trouve que De-loused est l’album le moins bon et que Omar est bien meilleur compositeur maintenant (De-loused n’a réellement que 3 ou 4 titres imparables alors que le petit dernier en est bourrés). Encore quelques écoutes et je saurais si c’est bien l’album que je préféres…

  11. 1ternot2baz says:

    finalement un album qui lasse sur la durée ! Après une bonne trentaine d’écoutes, je me rend compte que cette musique a la capacité de m’insupporter tout comme je peux la trouver défoulante et extatique par moments. A force de trop vouloir se montrer subversive et exclusive, the mars volta finit par me faire regretter l’authenticité et l’energie punk d’At the drive-in (oui je sais ça n’a rien à voir.). Bref je vais laisser tout ça se reposer un petit moment et y replonger avec plaisir quand la musique plus soft et consensuelle finira par me les gonfler à son tour.

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