Universe 217 – Universe 217

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Style: alternative metalAnnee de sortie: 2007Label: Autoproduction

Destination bas-fonds… S’enfoncer jusqu’aux tibias dans la vidange impure. Ferrer dans ses narines les remugles de chiure, de rouille, de sang… L’univers 217 c’est le notre ni plus ni moins, la saveur âcre et grouillante de toute grande ville une fois privée radicalement de tous les artifices qui la rendent attractive et respirable à la majorité rentière ou laborieuse. Savoir ce que ça fait de franchir le miroir, là où la promesse du confort s’éteint. De devoir accepter comme compagnons les poux, la crasse et la bouteille, de devenir sa propre abjection. De voir se désagréger, un soir dans un faisceau de lampadaire, toute illusion de retour. Universe 217 donnent dans la décrépitude et le cri de détresse, sans jamais se laisser gagner par l’outrance. Le metal peu expansif mais bien approprié du jeune groupe athénien tangue entre langueurs doom/dark et ébauches de formations progressives, auxquels se greffent des tentations pop étouffées dans l’utérus (on se rappelle As Divine Grace). Une petite pluralité de registres dans un espace artistique plutôt étriqué, délimité par des guitares corrodées, à la frontière de la noise, et une basse qui pousse parfois le flegme sur les parties lentes jusqu’à tutoyer un état de torpeur végétative (on se rappelle Bohren & der Club of Gore).

Le véritable catalyseur de démence de l’album, son gène dyssocial et une grosse part de son intérêt réside dans la bouillante performance au micro de Tania, sorte de Julie Christmas (Made Out of Babies, Battle of Mice) version salakis, dont les éruptions colériques, prières déchirantes et volutes méditerranéennes trempées dans le delay déterminent les impulsions des morceaux et portent l’essentiel des atmosphères sur leurs épaules. De là à réduire la musique du groupe au rôle de faire-valoir il y a un fossé que se charge de combler un titre comme “Nobody’s Sincere”, superbe exercice de post-rock sombre à l’abyssal final ambient (on se rappelle Dirge). Mais c’est bien sur les morceaux archi-squattés par le volume vocal de Tania qu’Universe 217 remuent avec le plus d’acharnement la mélasse de la condition humaine: le pachydermique “In Your Head” et ses longues plaintes ensanglottées en forme d’ellipses pleines d’un désir et d’un espoir lancés vers le ciel pour retomber, inexorablement, et enfoncer, un peu plus. Le classieux et dissolu “Harmless”, composition habitée de bout en bout par le spectre des regrettés In the Woods… avec sa plastique avant-gardiste, ses distances acoustiques et son hospitalité providentielle vis-à-vis de rythmiques trip-hop. Ou encore “I Don’t Give a Damn”, qui clôture le disque dans un vertige de couleurs orientales et de crashes de cymbales…

Universe 217 ne revendiquent sans doute pas le statut de révélation mais ils se posent d’emblée en outsiders sérieux par la conjugaison prometteuse d’un talent individuel avéré (Tania) et d’un collectif instrumental bien huilé (ou bien rouillé, c’est selon) qui ne pourra que s’affirmer avec le temps. En attendant si la force d’introspection et le voyeurisme vis-à-vis de l’enfer des autres sont des choses qui comptent dans votre cahier des charges, un petit détour par l’univers 217 s’impose.

PS: Le groupe a été primé à plusieurs reprises en Grèce pour ses étonnants vidéoclips. N’hésitez pas à checker ça sur le myspace (lien ci-dessous)

  1. in your head
  2. inferno
  3. swallow
  4. 66
  5. harmless
  6. nobody’s sincere
  7. i don’t give a damn
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