Vic Chesnutt + Dirty Three + Pneu – 19 février 2008 – Epicerie Moderne – Feyzin

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Pourtant l’organisation de la soirée me l’avait bien précisé : ouverture des portes 20h00, début des concerts 20h30 précises. Oui mais voilà… A force de jouer les piliers de comptoir débonnaires dans l’attente fébrile d’un début de set, on se lasse. On se lasse, on oublie les heures, les minutes, les secondes, on se laisse glisser dans la torpeur de son sofa… Sauf que L’Epicerie Moderne est à l’heure, elle ! C’est une horlogerie suisse qui n’a rien à envier aux autres organisations lyonnaises. Et ici c’est moi qui suis en retard. Je pointe ma gueule enfumée vers 21h00. Le temps d’en griller une au-delà des sphères hygiénistes, de chopper mon pass et de pénétrer la salle, je ne souffrirai pas les derniers accords de Rien. Seules les dernières volutes soniques et poisseuses de leur set m’accueillent. Dommage. Deux batteries, deux guitares, une basse, pas de micro pour un style arguant de velléités plus ou moins post-rock, devaient être des plus intéressants. Mea culpa.

J’attaque donc la soirée avec le trio australien Dirty Three. Vieux routards de la scène indie, ayant usé les fonds de catalogue du label Touch and Go, le trio violon – guitare – batterie semble être dans son élément. Un public en partie conquis, des potes dans le public, un Warren Ellis en grande forme pratiquant la langue de Molière avec subtilité psychédélique et poésie – à en faire rougir de honte les onomatopées grossières du p’tit Nicolas… – le show semble assuré.

Leur set s’étire donc durant plus d’une heure au son de ce violon tour à tour beau à en crever, épileptique, nostalgique ou tout simplement rageur. Warren Ellis embrase la scène de son charisme, développe son jeu tout de rock’n’roll et de lyrisme, se love le long de son violon, se dandine ou saute partout et  se roule par terre pour finalement laisser peu de place à ses acolytes. Peu importe. Les morceaux s’enchainent autour d’une nostalgie envoutante, apaisante, parfois ironique et où la   tension finit parfois par s’immiscer pour nous exploser à la gueule. Plus saisissant que sur album, on se laisse embarquer dans leur set à l’univers musical des plus personnels touchant parfois à l’intime, une ambiance de carte postale jaunie flottant dans l’air, le souvenir d’êtres chers vous flinguant en plein ciel . Et même si certaines plages m’ont semblé un peu longues par instants Dirty Three demeure un groupe à écouter ou à réécouter. Sur scène en tout cas. Fin du set.   

Mais ce soir, tout le monde est là pour le phénomène Vic Chesnutt et son backing band de luxe. Pensez donc : une bonne partie de The Silver Mount Zion & the Tralala Band est au rendez-vous ainsi que Guy Picciotto – guitariste et chanteur à ses heures entre autre pour Fugazi et Rites of Spring. Le Label Constellation a mis les p’tits plats dans les grands, comme pour le dernier album du gonze Chesnutt « North Star Disaster » dirait-on. Certes. Mais il ne suffit pas de jeter ses cartes sur le tapis pour remporter la mise…

Car même s’il faut bien reconnaître une entrée en matière des plus saisissantes avec Everything I say, justement un des titres phares du dernier opus, et cette montée en puissance typiquement post rock from Constellation Records (Godspeed You! Black Emperor en tête), je ressors déçu de ce set si prometteur. Malgré des textes ironiques – « It’s ok, you can take a condom… » sur You are never alone – ou mélancoliques portés par une voix  aussi nasillarde que puissante mais toujours charismatique, malgré les sourires enjôleurs de la brune violoniste, malgré les duels de guitare rappelant parfois le Isis de la période Oceanic sur Debriefing, je finis par m’ennuyer. Et ferme avec ça !

Les morceaux sont bons, c’est indéniable. Qu’ils soient folk, post-rock, calmes ou puissants. Mais je finis toujours par décrocher. Alors quoi ? Une mise en place trop longue entre le set de Dirty Three et celui de Vic Chesnutt aura eu raison de ma patience ? Les promesses d’une telle dream team sur une même scène n’auront pas été tenues à mes yeux ? Peut-être… Et c’est bien dommage. Les moments les plus folk, les plus paisibles, les plus minimalistes et donc les plus intimes deviennent des chemins de croix sirupeux auxquels on ne souhaite qu’une salve de guitare rageuse pour briser un équilibre déjà si fragile… Les compositions plus rock d’aventure si sombres et mélancoliques par la force des choses, veulent ici jouer les filles de l’air. Mais elles finissent toujours par sombrer dans le bancal avec ces structures évolutives sans fin, étirent des longueurs sans souffle. L’auditeur se perd dans ces paysages musicales. Tout du moins je suis largué.

Bref malgré une salle quasiment pleine, les applaudissements se feront polis, un rien médusés, dans l’attente de ce moment de bonheur sans faille qui ne viendra certainement jamais… En tout cas s’il fallait attendre le rappel pour revivre à minima les émois des premiers instants de ce concert, je ne le saurai jamais. Je suis parti.

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