Kehlvin / Rorcal – Ascension

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Style: doom / post hardcoreAnnee de sortie: 2008Label: Division

La musique, c’est principalement une question de feeling, de partage, et quand deux groupes s’apprécient mutuellement, cela peut mener à un sacré résultat. C’est clairement le cas de la collaboration entre Kehlvin et Rorcal qui, plutôt que de sortir un split « conventionnel », ont décidé d’unir leurs instruments pour ne former qu’une seul et unique entité (composée de huit musiciens et de deux chanteurs) dont l’aboutissement est ce titre long d’environ une demi-heure.
Elaboré en quatre jours durant le printemps 2007, ce morceau est donc le fruit d’une étroite collaboration entre les deux formations, et mélange avec brio le doom oppressant de Rorcal et le post-hardcore un brin plus atmosphérique de Kehlvin.
La dissection d’un titre d’une telle longueur n’étant pas forcément chose aisée, j’ai donc décidé de diviser ce pavé en divers actes, afin d’en souligner les moments forts et vous dépeindre au mieux ce patchwork sonore qui mettra votre conduit auditif à rude épreuve.

Acte I :

Levée de rideau par un long larsen d’environ deux minutes, suite auquel l’auditeur est littéralement terrassé par un assaut de saturation d’une lourdeur inouïe. La puissance qui se dégage de ce riff martelé par quatre guitares et deux basses, soutenues par deux batteries à l’unisson, vous prend directement aux tripes sans vous laisser le temps de comprendre ce qui vous arrive.
L’intensité monte encore d’un cran lorsque Yonni et Junior font leur entrée et balayent les dernières miettes d’humanité qu’il pourrait rester à l’auditeur. Les grognements hargneux et désespérés des deux chanteurs se succèdent, s’entrechoquent, et se mêlent à ce mur de guitares pour mieux vous plaquer à même sol et vous séquestrer dans cet univers pesant, où aucune issue ne semble possible.

Acte II (09 :21) :

La tension se relâche, les guitares se font moins oppressantes, et l’auditeur perçoit au loin les premiers rayons de lumière se profiler. Un riff que l’on pourrait qualifier de libérateur fait alors son apparition du fin fond des ténèbres, tandis que le picking qui l’accompagne prend progressivement de l’ampleur et apporte, par la même occasion, une véritable bouffée d’oxygène.
Au fur et à mesure que la mélodie gagne du terrain, et que les batteries se lancent dans un bel exercice de polyrythmie, l’auditeur se surprend alors à remuer la tête de haut en bas, comme s’il était possédé. A ce moment là, la tension n’est pas entièrement retombée, car le tonnerre incarné par Yonni et Junior gronde toujours et vous rappel que tout peut encore basculer…

Acte III (14 :42) :

Les derniers nuages s’éclipsent et laissent filtrer un soleil abondant à mesure que les coups de médiators vous réchauffent l’épiderme grâce à un arpège magnifique et aérien. Ce passage très post rock, teinté de quelques incursions limites jazzy, est le point culminant de ce morceau, propice à l’évasion et à la rêverie. Une sensation de bien-être envahi l’auditeur qui se remet doucement du périple torturé qu’il vient d’effectuer, tout en sachant qu’il n’est pas à l’abri d’une embuscade qui peut pointer le bout de son nez à n’importe quel instant.

Acte IV (18 :48) :

L’atmosphère se fait plus malsaine, les batteries durcissent le ton à l’image d’un panzer avançant doucement vers sa cible, tandis que les guitares se lancent petit à petit dans une valse diabolique où la saturation gagne de plus en plus de terrain. La bête se réveille, son souffle se fait de plus en plus menaçant à mesure que les secondes défilent et que la noirceur envahi la pièce. Le vent tourne, et c’est poings et gorge serrée que l’on se prépare à la suite.

Acte Final (21 :02) :

Quelques mots hurlés par une voix pleine de désespoir et de haine nous replongent en plein chaos. Cette (re)descente au enfer est servie par une rythmique lourde, assommante, qui colle à merveille au mur de guitares qui l’accompagne. Les deux chanteurs mettent à mal leurs cordes vocales dans ce dernier sprint final, finissant d’achever l’auditeur par une prestation qui atteint les limites de la folie et de la schizophrénie. Alors que le rideau se baisse, les cris emplis de rage et de violence ne cessent de résonner dans une ultime attaque sonore, mêlant larsen et derniers soubresauts guitaristiques. C’est ainsi que la représentation se termine, laissant l’auditeur abasourdi, hébété par ces trente minutes qui n’auront pas été de tout repos et d’une intensité impressionnante.

Composer un morceau avoisinant la demi-heure n’est pas chose aisée, mais réussir à le rendre intéressant du début à la fin l’est encore moins, et c’est clairement le défi qu’on relevé les deux formations au travers de cette collaboration atypique.
Les transitions entre les différentes ambiances sont parfaitement amenées et maîtrisées, alors que la frontière entre lourdeur et mélodie n’a jamais été aussi étroite.
Au final, cette expérience audacieuse est une bien belle réussite qui devrait faire patienter les amateurs des deux formations pour qui l’année 2008 risque d’être bien chargée.
En effet, on devrait bientôt reparler de Rorcal qui va revenir avec Monochrome (à paraître chez Thundering Records), tandis que Kehlvin s’apprête à sortir un EP/DVD intitulé Holy Cancer au début du mois de mai, ainsi que son deuxième album – The dreams in which I’m dying are the best I never had – qui devrait quant à lui voir le jour dans un futur plus éloigné.

  1. ascension
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7 Commentaires

  1. Faya says:

    Ca fait envie. Ca n’a pas l’air original (Kelhvin quoi) mais suffisamment prenant pour justifier un achat. Jolie chro !

  2. Rémi says:

    Kelhvin seul bof, mais Kelhvin boosté par Rorcal là je dis chouette.

  3. sorne says:

    commencez par écrire leur nom correctement après on en rediscute…KEHLVIN. Ce groupe est loin d’être commun…croyez-moi!

  4. lubrik says:

    moi je dirais plutôt Rorcal boosté par Kehlvin…mais chacun ses gouts comme on dit!! Excellent disque en tout cas, pur, sincère et putain de doom!!

  5. kron says:

    Et moi je dis qu’ils se complètent totalement. Très bon morceau, spontané et bien lourd!

  6. Ron says:

    Moi je dis Kehlcal Boosté par Rorvin. Plus de hard les loulouttes.
    Foutre

  7. Schwardrak says:

    Juste petite question, il est dit que le prochain album sera nommé « The dreams in which I’m dying are the best I never had », ce qui fairai sûrement allusion à la chanson de Tears for Fears (ou Gary Jules je ne sais pas), Mad World. Ainsi, ce ne serai pas plûtot « The dreams in which I’m dying are the best I’ve ever had » ?.

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