No Country For Old Man

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Bon, je ne vais pas vous la jouer grand critique de cinéma. Rigolez pas, c’est un métier. Non ici ces quelques mots n’ont comme prétention que le discours qu’ils porteront. Soit l’affirmation du plaisir non feint de me plonger à nouveau dans l’univers des frères Coen dont j’ai pourtant longtemps boudé les sorties. Mais ce sont les joies des révélations et des éditions DVD qui auront eu raison de moi. Là où j’étais totalement passé à côté du délire de The Big Lebowski à sa sortie, il me faudra bien reconnaître aujourd’hui que ce film trône non loin de la scène de mes films cultes.  Bref après les sympathiques comédies Intolérable Cruauté et Ladykillers, les frères reviennent aux choses sérieuses avec ce No Country For Old Men et cette adaptation d’un roman du non moins auteur culte Cormac Mac Carthy (serait-ce une gageure de parler de son influence sur des groupes telles que Sunn O))) ?…). On s’évitera les sempiternelles comparaisons et autres dialogues de sourds sur l’intérêt d’une mise en image d’une oeuvre littéraire. Les fans de Cormac Mac Carthy en seront peut-être pour leurs frais. Peu importe. Ici il est uniquement question de cinéma.  A la croisée du cinéma de genre – le western et le film noir- et du film d’auteur personnel – et pas prise de tête !- ce No Country For Old Men est une réussite tant par son intelligence et sa maîtrise que son sang-froid vis à vis des jeux de hasard.  Sa maîtrise tout d’abord. S’il faut planter le décors, alors naviguons entre désert, road trip et motels du début des 80’s en compagnie d’un tueur laconique (Javier Bardem), d’un shérif désœuvré (Tommy Lee Jones) et d’un loser de cow-boy (Josh Brolin) pour le moins à côté de ses pompes. Trois personnalités charismatiques, trois visions, trois champs d’attaque pour un film perdu au cœur des paysages désertiques de l’Arizona. L’intrigue pourrait tenir en ces quelques mots : une mallette dégueulant de billets de 100, des tueurs, un shérif spectateur d’un monde à la renverse et un cow-boy naïf jouant à pile ou face avec ses bourses. Mélanger le tout sur fond d’humour noir et de tueries en règle et vous obtenez le film type d’une réalisation des frères Coen. Mais il est un fait indéniable : la signature Coen fait son œuvre. Elle se joue du contexte, jongle avec les  poncifs des genres – western et film noir – rend réelle l’improbable au cœur de ce désert et finalement fait mouche sans coup férir. Entre suspense et envie de contemplation, fusillades des plus jouissives (non vous n’aurez pas de détails !) et dialogues des plus savoureux, on plonge tête la première, on se laisse balader par ce road trip et ces virages à 90° sans même sourciller.   Au hasard justement de ces dédales liés au scénario, il faut bien se rendre à l’évidence. Les frères Coen veulent défier le hasard ou tout du moins le mettre en scène en même temps que les espoirs de chaque protagoniste s’affrontent et finissent par en découdre. Le réel est mis à rude épreuve. Mais c’est finalement lui qui s’impose. Que ce soit dans le jeu du pile ou face du tueur, dans les préparatifs des tueries et ces blessures sanglantes – pas aussi invalidantes que l’on pourrait imaginer… les joies du cinéma – dans la fuite en avant du cow-boy, etc… Le spectateur est finalement installé sur le fil du rasoir entre ironie du sort et réalité implacable, entre ciel et terre. Another one bites the dust ?! Chacun joue son rôle comme si les dès n’étaient déjà jetés. Fatalistes les frères Coen ? Peut-être. Réalistes pour le moins. Réalité qu’il faudra bien finir par appréhender, dont il faudra bien accepter l’issue puisque cette garce nous rattrape dès le panneau sortie.  En attendant, No Country For Old Men navigue déjà vers mon panthéon des films cultes. Deux visionnages depuis sa sortie. Aucune lassitude à l’horizon. Fait bien assez rare en ce qui me concerne pour être mentionné ici.   En attendant le sable est brûlant, le ciel est bleu, le vent souffle, les balles sifflent, le sang gicle et le cynisme de l’existence se jouent de nos sens. Culte je vous dis !

2008, de Joel et Ethan Cohen (USA, 2h02) Avec Josh Brolin, Tommy Lee Jones, Javier Bardem,…  

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