Colour Haze – All

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Style: stoner/rock psychédéliqueAnnee de sortie: 2008Label: Elektrohasch

13 ans de studio et 9 albums, on pourrait croire que Colour Haze ont leur badge de sommités et règnent sur une colonie de fans au taquet. Pourtant non, si leur reconnaisance va bien s’élargissant, en toute justice, personne ne peut dire qu’ils squattent les wishlists des mois à l’avance, même dans les milieux avisés. Peu communicant en amont, sans doute pas assez sexy ni assez scandaleux pour la presse rock à gros tirage, l’immuable trio bavarois s’accomode bien de ce profil d’éternel outsider qui ne déçoit pas davantage qu’il n’enflamme. Et ses albums de celui de tuyau infaillible qu’on distille au fil de l’eau non sans une pointe d’autosatisfaction. Jamais attendus, toujours bien accueillis, souvent classiques à retardement. Comme si le karma du groupe se délayait dans les pixels de l’éloge systématique.

All ne change rien à tout cela, mais un peu quand même. Après avoir offert à leur indécrottable groove hendrixien un lifting progressif sur Tempel, Colour Haze ont a priori voulu pousser plus avant ce qui peut s’apparenter à une quête de sens. En tout cas de contenu. C’est visible dès l’artwork, on fixe un cadre de références pictographiques, voire géographiques. La transe qui agite les membres gagne aussi les yeux, les mélodies prennent des couleurs pastel indélébiles, la guitare papillonne un peu moins, elle trace des courbes et des angles plus cartésiens. Même si à la lecture rien n’arrache la musique à son universalité, l’évasion est plus dirigée, plus dessinée. Sans jamais se vautrer dans la démonstration, les arrangements atteignent un niveau de complexité que les albums précédents ne faisaient que tutoyer par endroits. Et le chant à l’hélium de Stefan Koglek, toujours aussi sensuel qu’une petite averse après une journée brûlante, appuie avec plus d’insistance sur les syllabes.

Cette tendance à fleurir l’écriture se traduit à un autre niveau, celui des nuances sonores utilisées. Si les morceaux restent dominés par l’inimitable souffle vinyl de la guitare et la rotondité débonnaire de la basse, ils ménagent un espace d’expression important pour des instruments autrefois confinés à l’ornement, le mellotron et le sitar notamment, ce dernier emportant “Stars” dans une sarabande baba cool aux vapeurs de safran que n’auraient pas renié Grails sur une de leurs dernières productions. Sur “Fall” la présence inédite d’un chœur féminin surprend au premier abord mais enchante sans latence aucune par son greffage adroit et discret à la progression accidentée du morceau.

All s’inscrit tout naturellement dans la continuité d’une belle discographie dont il perpétue les qualités tout en contournant largement l’écueil du recyclage – seul “One” entretient sur certains riffs une impression de déjà-vu, vite effacée par l’arrivée du sitar. Plus que jamais le groupe a travaillé la dynamique globale de l’album de façon à sabrer toute uniformité. Certains titres (“All”, “Remains”) ouvrent une parenthèse absorbée où prospèrent le doigté retenu et les envies de blues de Stefan. D’autres ont la physionomie de la ballade typiquement Colour Haze (“Moon”, “Turns”). D’autres encore ne manquent pas de peps et s’annoncent déjà comme de la dynamite en concert, je pense notamment au très nerveux “If”, où l’on flirte avec le metal, ou à l’ascension volcanique vers le final de “Lights”, qui picote sévérement l’échine. Leur présence à l’édition 2009 du Roadburn semble couler de source, et par là même la mienne. Et la votre ?

  1. silent
  2. moon
  3. turns
  4. lights
  5. if
  6. stars
  7. all
  8. fall
  9. one
  10. remains
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Commentaire

  1. Bastard #1 says:

    Je le veux, Je le veux, Je le veux
    Comment ça arrête de faire l’enfant !!
    Oui mais c’est Colour Haze, ta chro m’a donné l’eau à la bouche, et je sens l’achat impulsif se profiler…en vinyl évidemment.
    Déjà pas mal de groupes que j’aimerai voir sur la prog. du Roadburn comme eux, Ufomammut, ASVA, Serpent Throne, les Melvins (why not ?), Bardo Pond…
    + Tous ceux qui ne sont pas venus cette année : Electric Wizard et Grails

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