Mouth Of The Architect – Quietly

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Style: post-hardcoreAnnee de sortie: 2008Label: Translation Loss

Si en septembre dernier le combo originaire de l’Ohio était au bord du split suite au départ du guitariste chanteur Gregory Lahm (Droves, Vigils), il n’a pas mis longtemps à retrouver un second souffle avec l’arrivée du guitariste Steve Brooks et du bassiste Kevin Schindel (Dead Blue Sky, Twelve Tribes). Quelques semaines après avoir dévoilé son nouveau line-up, le groupe annonce alors qu’il va débuter l’écriture du successeur de The ties that blind, deuxième opus du groupe paru en 2006, qui avait obtenu d’excellents échos un peu partout dans la presse spécialisée.
Souvent comparé à Isis, Neurosis, Cult Of Luna ou encore Pelican (période Australasia), le quintet avait réussi à en surprendre plus d’un avec son deuxième album qui proposait des compositions aux schémas plus « personnels », où lourdeur et mélodies cohabitaient avec une certaine classe, permettant ainsi au combo de mieux développer son propre univers sonore.

La pochette (qui n’est pas sans rappeler celle de Radiance of shadows de Nadja) en dit long sur le périple qui nous attend et met d’emblée l’auditeur en condition, car la musique de Mouth Of The Architect est aussi capricieuse que la météo en haute montagne. En effet, c’est clairement cette capacité à jouer avec les diverses ambiances et émotions qui fait la force du groupe et rend sa musique si immersive.
Dès les premières notes de Quietly, le décor est planté et on se laisse happer par ce jeu de guitares aériennes, qui ne mettront pas longtemps à se faire plus menaçantes. Alors que l’horizon s’assombrit au gré des coups de médiator, les premiers éclairs et coups de tonnerre ne tardent pas à résonner dès que Jason Watkins (chant, claviers, samples) fait son apparition. Le chant du claviériste barbu semble encore plus rugueux et rageur que par le passé, tout en ayant clairement gagné en puissance et en impact émotionnel. Plus désespérée et mélancolique que jamais, la voix est d’ailleurs plus présente et mise en avant sur cet album que sur les précédents, sans pour autant prendre le premier rôle. Comme à son habitude, le groupe propose un titre à la progression en crescendo, oscillant entre montées hypnotiques et attaques saturées, avant de nous asséner le coup de grâce durant les deux dernières minutes du titre.
Hate and heartache opte quant à lui pour une approche et une évolution un brin plus mélodique qui fait mouche, tant les structures s’imbriquent parfaitement les unes aux autres. Si les guitares sont en effet un poil moins étouffantes et abrasives que sur Quietly, les interventions vocales de Jason – mêlées à une section rythmique toujours aussi précise et inventive – se chargent de maintenir la tension et la mélancolie qui se dégagent généralement des compositions du groupe.
Là encore, le quintet démontre son aptitude à transporter l’auditeur dans son univers en jouant adroitement avec l’alternance des diverses ambiances qu’il développe au fil du morceau.
L’atmosphère s’assombrit encore un peu plus avec Pine boxes qui, du haut de ses quatre minutes, nous propose un étrange duo entre Jason et Julie Christmas (Made Out Of Babies, Battle Of Mice) uniquement accompagné de quelques notes pianotées qui confèrent à ce titre cette atmosphère particulière.
Débutant par un arpège à la fois planant et inquiétant, Guilt and the like pointe le bout de son nez et vous proposera une fois de plus un périple vacillant entre légèreté et oppression. Alors que les guitares gagnent progressivement en lourdeur, l’auditeur sera vite interpelé par la prestation de Dave Mann (batterie) qui nous offre là toujours un jeu net et précis mais plus « aéré », ce qui a pour conséquence d’apporter une petite touche tribale (pas si éloignée de certains passages de In the absence of truth de Isis) du meilleur effet.
Place ensuite à l’excellent Generation of ghosts qui risque certainement d’en étonner plus d’un, principalement grâce à la prestation de Julie Christmas, dont la voix à fleur de peau ne manquera pas de vous refiler la chair de poule. La dualité entre la voix caverneuse de Jason et celle de Julie fonctionne à la perfection et permet au groupe de développer un morceau aux structures plus éthérées, sans pour autant tomber dans la mièvrerie. S’il s’agit en effet du titre le moins agressif présent sur ce nouvel album, le résultat est vraiment bluffant et intense.
Une vilaine sensation de déjà entendu plane sur Rocking chairs and shotguns, qui est certainement le morceau qui se démarque le moins des autres, même s’il est loin d’être mauvais. C’est bien dommage, car Alex Vernon (guitare, chant) livre là une excellent prestation, tout comme le reste du groupe, mais il manque LE petit truc en plus pour que la sauce prenne. Alors que la formation nous avait habitués à des compositions variées et progressives, on se retrouve là avec des structures qui stagnent et qui peinent à évoluer. Dire que l’on s’ennuie serait peut-être exagéré, mais en ce qui me concerne, il s’agit clairement du titre le moins intéressant de l’album.
En moins de deux minutes, Medicine instaure une ambiance feutrée et propice à l’évasion qui nuance avec le déluge qui est en train de se préparer.
Riff gras, rythmique de plomb, chant au bord de la rupture, c’est A beautiful corpse qui clôt cet album de façon tout simplement magistrale. Similaire à un panzer réduisant en charpie les derniers lambeaux de peau qui joncheraient un champ de bataille, ce titre est sans conteste le plus agressif et oppressant présent sur cette nouvelle galette. Intense du début à la fin, ce morceau est un véritable brûlot qui dégouline de rage et de hargne jusqu’à ce que résonnent les dernières paroles, martelées machinalement dans un déluge saturé de larsens.

En un peu plus de cinquante cinq minutes, le quintet nous en aura fait voir de toutes les couleurs, tout en prenant un malin plaisir à jouer avec nos émotions. On sent clairement que le groupe a progressé et qu’il a réussi à faire évoluer ses compositions vers quelque chose d’un peu plus lourd, en n’oubliant pas d’y incorporer de nombreuses éclaircies mélodiques qui, si elles se font plus discrètes et moins palpables lors des premières écoutes, font toujours partie intégrante de l’univers de la formation.
Avec Quietly, le combo poursuit donc son petit bout de chemin et nous propose un excellent disque qui s’affiche comme le successeur logique de The ties that blind, tout en continuant d’affiner et de perfectionner son univers sonore pour le plus grand plaisir de ses fans, ainsi que les amateurs du genre.

  1. quietly
  2. hate and heartache
  3. pine boxes
  4. guilt and the like
  5. generation of ghosts
  6. rocking chairs and shotguns
  7. medicine
  8. a beautiful corpse
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Commentaire

  1. Arnaud says:

    Belle chro. Il me tarde de le recevoir, l’extrait en écoute, sur myspace, m’a mis une très grosse claque. Je ne suis pas trop amateurs de post-hardcore et compagnie, mais ce groupe arrive à faire passer des émotions que je ne retrouve pas ailleurs.

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