Anathema + Demians – 02 novembre 2008 – Le Splendid – Lille

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Annee de sortie: 2013

Il est bien évident que l’idée d’assister à un concert d’Anathema (pour qui aime le groupe, bien évidemment) n’incite pas vraiment à sombrer dans la morosité. Cependant, deux arguments ont eu tendance à faire naître en moi un légère méfiance avant d’aborder cette soirée Lilloise du 2 novembre.
Le premier concernait Anathema eux-mêmes. Le groupe végète un peu en studio et n’a su, en guise de successeur d’A natural disaster, nous donner en pâture qu’un album de versions électro-acoustiques de vieux standards (Hindsight). J’adore les frères Cavanagh mais force est de constater qu’ils ont eu ces derniers temps une légère tendance à rencontrer leur public sans le matos électrique. Je craignais donc d’avoir une fois de plus affaire à un set, bien sûr émouvant, mais, par définition, peu couillu puisqu’il suivait de près leur dernière sortie.
Le second argument avait trait à la première partie, Demians. Le premier album de ce jeune projet français ne m’a pas particulièrement séduit. De plus, il s’agit d’un one man band, ce qui signifie qu’on aura droit à des zikos de session et donc par forcément un concert carré avec des membres pleinement investis.
La soirée n’aura malheureusement eu raison que d’une seule de ces craintes : la première.
Ce qui nous amène à la prestation de Demians. Étonnamment introduite, d’ailleurs, par un Jamie Cavanagh (le 3ème frère bassiste de son état) grimé en une sorte de mixte ente un pizzaïolo burlesque et un clown d’Europe de l’est censé représenter le Français de base avec sa baguette et son béret. De fait, on s’attend plus à voir débarquer les Gronibards qu’un groupe de metal/rock progressif. Ils mériteraient qu’on associe l’Angleterre à la bouffe dégueulasse et aux rouquines moches, tiens !
Peut-être histoire de prouver qu’il n’a pas le melon ou parce qu’il a envie que le public voit un vrai groupe et non le projet d’un seul, le guitariste/chanteur/compositeur est placé sur le côté de la scène tandis que les 2/3 restants sont laissés à la batterie et au bassiste. Ou bien, autre hypothèse, est-ce parce que nous avons affaire à un jeune homme timide. En tout cas, ça ne lui laisse pas beaucoup de place pour bouger. Et comme il ne bouge pas beaucoup, je finis par me demander s’il n’a pas choisi cette disposition pour que cela se voit le moins possible. Pourquoi je m’attache à ce genre de détails ? Tout simplement parce que la prestation ne me transporte pas, que mon esprit reste implacablement ancré dans le trivial. Je reconnais que le Demians version trio est crédible. Le côté maître à bord accompagné de 2 comparses interchangeables ne transparaît pas. Je reconnais également que le groupe bénéficie de lights de qualité. Je reconnais même qu’il y a un petit quelque chose qui rend ces Français sympathiques. Mais, musicalement, je n’accroche pas. Tout d’abord à cause du son. Ce dernier est en effet bien trop brouillon, surtout lorsque la machine s’emballe et que la guitare fait cracher la disto. Les subtilités perceptibles sur cd trouvent donc le chemin des oubliettes. Et puis surtout, et là ça confirme mes impressions à l’écoute de l’album, le chant est définitivement trop monotone à mon goût. C’est trop propre, ça manque de nuances. Le timbre sombre parfois dans la pop/rock mielleuse.
Certains doivent sans doute adorer, moi je m’ennuie. Le public semble avoir été assez réceptif à cette cinquantaine de minutes qui, paradoxalement, ne m’ont pas paru interminables.
30 minutes après, la troupe anglaise débarque devant une assistance déjà toute acquise à sa cause. Danny a une banane d’enfer, on sent que le bonhomme est ravi d’être là et ça fait plaisir à voir. Par contre, ça ne fera pas toujours plaisir à entendre car le guitariste semble venu avec toute une famille de canards à nourrir au vu du nombre de pains dont il gratifiera quelques titres. Il a peut-être cru, backstage, qu’on sirotait de la triple karmeeliet aussi rapidement qu’une heineken… Heureusement l’énergie déployée permet de ne pas trop focaliser sur les approximations. D’autant que le frangin est dans une particulière grande forme vocale. Je ne sais pas si c’est dû au kilos perdus depuis quelques mois (doux jésus le ballon que c’était pour les dates acoustiques faites en compagnie d’un violoncelliste) mais papy Vincent fait preuve d’une superbe maîtrise. Or, vous n’êtes pas sans savoir qu’une part importante des émotions délivrées par le groupe découle des harmonies vocales. L’exhumation de vieux titres (en tête desquels « Far away » a une place de choix) permet d’ailleurs de se rendre compte des progrès accomplis.
Le groupe nous offre une version live des 3 inédits qui circulent sur leur site depuis quelques mois. Dans la droite lignée d’A natural distater (surtout le déchirant « Angels walk along us »), ils passent l’examen d’entrée haut la main. Je ne vais pas commenter chaque titre (voyez la set list pléthorique) mais je tiens à signaler quelques moments forts. « Empty » met littéralement le feu à une salle qui connaît les paroles par coeur et soutient formidablement un Vincent galvanisé (j’étais plus habitué de voir ce genre de participation en Belgique, ça fait plutôt bizarre de voir ça dans une salle française). L’énergie sera encore au rendez-vous quelques minutes plus tard sur le désormais classique enchaînement « Judgement/Panic ». Il ne faudra pas moins que « Shroud of false » et une grandiose interprétation de « Lost control » (pour moi, LE moment de la soirée) pour calmer son petit monde et être baigné de la grâce du groupe. Je ne peux en revanche manquer de faire part de ma déception de la version voix/clavier de « One last goodbye ». Le groupe a fait l’effort de retravailler la plupart de ses classiques et c’est bien évidemment louable mais là je dois dire que les nappes de synthé ont donné une couleur sirupeuse à un titre qui ne méritait pas ce sort. LA déception de la soirée.
À en juger par la set list, ce moment quasi liturgique était censé marquer la pause avant le rappel. Sauf que le reste du groupe rejoint les 2 frangins pour enchaîner 4 titres et tirer sa révérence (salut Freyrdaam!).
Impossible pourtant de partir sans avoir refait un petit coucou au public. On a donc droit à leur reprise de « Confortably numb » (du Floyd). Joli cadeau de fin de soirée, n’est-il pas ?
Au final, un très bon concert Anathema même si j’ai déjà eu l’occasion d’assister à encore mieux. Comment ça, j’étais d’humeur ronchonne ?

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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2 Commentaires

  1. AlCheMist says:

    comme d’hab’ les photos déchirent et on ne peut qu’apprécier la prose du plumitif le plus volubile d’Eklektik (Surtout quand il a de si bonnes références…)

  2. Joss says:

    « le guitariste semble venu avec toute une famille de canards à nourrir au vu du nombre de pains dont il gratifiera quelques titres » LOL ! J’ai pas pu m’empêcher de m’ esclaffer à voix haute en lisant ça :-)

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