William Sheller – Avatars

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Annee de sortie: 2009

« Ouvrez les yeux, regardez
Et nous y sommes
Derrière ces portes d’entrée
De mémoire d’homme
Rien ne fût imaginé
Plus beau en somme »
Avatar I – [Login]

La dernière fois que j’ai croisé « mon petit William chéri » (comme l’avait appelé Desproges en son temps), il était seul au piano. Avec ÉPURES, il signait une partition intimiste et élégante. Derrière l’apparente simplicité du duo qu’il formait avec son instrument favori se dévoilait l’immense richesse mélodique et textuelle dont il a le secret. C’est un fait, William Sheller détient les clefs d’un royaume. Mais loin de le garder clôt et d’en jouir seul, à intervalles réguliers, il entrouvre ses portes. L’air de rien, passant sa tête par l’embrasure, il nous murmure : « Allez-y, venez… »

Et c’est un jardin haut en couleurs qui nous attend. AVATARS est aussi multiple que son prédécesseur était singulier. Pour l’occasion, celui qu’on surnomme le Symphoman se fait caméléon. Que l’on convoque les cordes, les cuivres, les guitares, la basse et la batterie, le piano attendra un peu avant d’entrer en scène. La voix est là, seule ou se dédoublant. Toujours confidente, aérienne. Le spectacle peut commencer.

« Avatar I » & « II » ouvrent et ferment le bal en pièces maîtresses symphoniques. Véritable morceau d’invitation pour le premier, accents héroïques pour le second. Sheller envoûte son auditoire et réussi le pari de ne jamais le perdre dans les méandres pourtant variés qu’il dessine. De la pop fraîche et optimiste de « Tout ira bien » à la lancinante mélancolie de « Tristan », l’équilibriste éblouit son monde de ses prouesses.

Nouveau changement de masque avec « Le veilleur de nuit » et son rock percutant. Puis il entonne, accompagné par une guitare sèche, une ritournelle aux accents inédits intitulée « Félix et moi ». Le piano fait évidemment son retour avec par exemple le gouailleux et bien nommé « Music-Hall ». Encore une surprise. Dans un jeu de miroirs, chaque titre de ce nouvel album semble répondre à son double. A chacun de s’y perdre ou de percer l’énigme.

Du haut de ses 62 ans, l’artiste sait se renouveler, émerveiller. Son œuvre est salvatrice quand on constate la médiocrité et la vulgarité où se vautrent grassement tant d’autres. Je pense notamment à la récente et sirupeuse adaptation de « In the army now » de Status Quo par les bien nommés Enfoirés. Loin de ces tristes clowns, Bill survole tranquillement les débats. Détaché des vicissitudes du vedettariat et amoureux de la Musique, il laisse discrètement éclater son talent pour notre plus grand bonheur. Bravo l’artiste et merci.

« Qui prendra la longue échelle au prix d’un peu d’effort ? Qui viendra ouvrir le livre où vont nos destins ? Qui voudra tourner les pages qui nous restent encore Pour que vive alors notre histoire jusqu’à la fin ?

Chroniqueur

alchemist

Chroniqueur inter mi-temps, amateur de chats, de Metal mélodique sous toutes ses formes, de fromages de caractère, de bons bouquins, de radios intelligibles... et de zombies.

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