Ars Moriendi – L’Oppression du Rien

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Style: black metalAnnee de sortie: 2008Label: Griffin Music

Qui s’appelle Ars quelque chose prend un risque. On peut attendre des directions, voire des fulgurances. On ne fait pas de l’art, fût-il de la mort, sans montrer son âme à tout le monde. Heureusement Bastien, one-man man derrière ce projet montferrandais, n’a pas la confidence farouche. On peut même dire qu’en matière d’indices sur ses appétences musicales, ça dégorge. Sherlock Holmes en serait insulté.

Dans la continuité de ses démos et albums précédents, Ars Moriendi conserve comme aire d’ancrage une base black/doom, ce qui lui vaudra peut-être d’être assimilé à la scène black/doom. La façon dont les vocaux se tordent de douleur dans le micro ne se soustrait pas aux canons du genre. Globalement, on reste dans le mortifère ou jamais trop loin. Néanmoins le périmètre des genres explorés par les compositions est on ne peut plus élastique. L’album va ainsi renifler plus ou moins activement du côté du metal progressif norvégien, de formes de metal plus mélodiques, du dark ambient ou même du rock psychédélique avec force slides et solos des nuages. On trouve des saillies dark electro (le très bon interlude “Voyage en Hérésie”), mais aussi certains plans – brefs mais plutôt réussis – directement en résonance avec le death technique à la Atheist

A tel point que par instants on peut parler de migration totale d’un genre vers l’autre, avec refermage de porte et essuyage de friture sur le paillasson. C’est particulièrement flagrant lorsque Bastien se fait plaisir en sortant des lignes de basse bien rondouillardes qu’il associe adroitement à une guitare taquine en fins arpèges frappés d’ambiance cabaret. Dans la démarche je ne suis pas loin de penser à Godkiller, autre micro-entreprise venue du black des ancêtres qui n’hésitait pas à garder sur ses dernières sorties une gaine sonore très abrasive tout en se prosternant sans honte devant Depeche Mode…

L’Oppression du Rien met en scène de façon bien convaincante une collision d’organes amputés aux quatre coins des musiques sombres, explosant dans une anti-déflagration aux allures de questionnement orphelin d’un véritable point d’interrogation. Si j’ose dire, c’est une inflagration. Le mélange détonne mais ne fait pas de gerbes comme chez certains avant-gardistes. La fusion se fait dans l’intestin. On y entrevoit du terrible, mais personne n’est là pour soulever le couvercle et laisser s’échapper le cri. Avec une superposition de pistes parfois très touffue, l’expérience se veut à tout instant tortueuse, c’est peut-être sa limite – les purs exutoires, tels que le solo très floydien sur “Le Sang de ton Dieu”, peuvent sembler anachroniques. C’est une gestion très personnelle des influences et des styles que touche cette musique. A l’exemple de certains films d’essai où les images s’enchaînent sans cohérence apparente pour qui les visionne détaché de l’intuition du cinéaste, la clé de l’écheveau est enfouie, peut-être assez loin, dans l’esprit du créateur. Musicien cherche âme sœur.

Récompensé qui acceptera, sans forcément chercher à tout comprendre, de dévorer tous les recoins, de suivre le dédale jusqu’à la conclusion, qui est un commencement. Faute d’une arme de conquête totalement imparable dans l’immédiat, Bastien fait le pari de lendemains emballants. Prêtez lui donc, en toute sécurité, vos deux oreilles.

  1. marche d’un fou
  2. le sang de ton dieu
  3. l’oppression du rien
  4. voyage en hérésie
  5. réalité
  6. au-delà de l’illusion
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7 Commentaires

  1. Arsonist says:

    Merci Matt pour cette excellente chronique. Une prose toujours impeccable.
    Que ceux qui auraient envie de découvrir Ars Moriendi sachent que l’album est disponible sur simple demande et pour une somme bien modique à l’adresse mail indiquée.
    Merci

  2. mia says:

    L’une des premières fans de Ars Moriendi, je dois dire qu’il a fait un bon bout de chemin depuis sa première démo…Toutes ses démos sont d’ailleurs super…L »Oppression du rien » est néanmoins l’aboutissement d’un art gigantesque, sublime et inoubliable que Bastien sait si bien manier.Alors, n’hésitez pas à vous le procurer !!!

  3. Exil says:

    Une production améliorée d’album en album, un univers sonore riche et complexifié aux multiples influences. Cet intellectuel métaleu ne s’éloigne jamais de ses racines musicales extrêmes, un album brutal aux mélodies envoutantes. De ça froide citée gothique, Ars projette ses émotions et nous fait vivre son album, c’est avec nos tripes qu’on l’écoute. Toutes mes félicitations Bastien !

  4. oerigjdfihg says:

    Que d’la daube vous faites sur ce site, rien que des chroniques de black metal, et les autres, ils dorment ? Les glandeurs-rédacteurs, vous négligez pa bonne musique par ailleurs.

  5. OYC says:

    Quand les chiottes puent, tu restes pas dedans à renifler si? ALORS CASSE TOI!

  6. Nitro says:

    Qu’est ce qu’il vient nous emmerder celui là…Premièrement si t’ouvre un peu tes esgourdes et lit la chronique tu verras que le terme de Black Metal n’est pas forcément approprié pour qualifier la musique d’Ars Moriendi…et puis dans les denieres chroniques je vois Prodigy…Schonwald…Steve Wilson…que des stars du Black Metal…QUEL RAGEUX !!!

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