Obscura – Cosmogenesis

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Style: death techniqueAnnee de sortie: 2008Label: Relapse

Il est plutôt rare de commencer une chronique par « il est donc plutôt rare de commencer une chronique »; mais de toutes façons, il faut commencer la chronique par quelque chose, et le non-sens est la seule chose qui me soit passé par la tête en écoutant cet album d’Obscura.

Il est donc plutôt rare de commencer une chronique par un conte (supposé) pour enfants, mais Alice s’avançait dans ce labyrinthe d’idées. Perché non botté au sourire assassin la fusille d’une note aiguisée.

« Oh le Chat de Chesire, » dit elle timidement, ne sachant pas s’il aimerait ce nom ou pas, « pourrais-tu guider mes pas? »

Le chat élargit alors son sourire et cela rassura Alice.

Pendant ce temps, les morceaux passaient et de leurs notes avisées assayaient mes fusibles.
« Oh, me dis-je calmement, » ne sachant pas trop quoi penser de mes pensées, « pourrait-ce être une réconciliation? »
Mes lèvres s’étirent et je penche vers un oui.

Alice demande alors au chat:
« Pourriez-vous s’il vous plait me dire par où aller? »
« Eh bien cela dépendra grandement d’où vous voullez aller d’ici ».
« Cela m’importe peu… » dit Alice
« Eh bien cela vous importera aussi peu de savoir par où aller »
« …pour peu que j’arrive QUELQUE part… »
« Vous arriverez toujours quelque part, » dit le Chat « pour peu que vous marchiez assez longtemps »

Le scénario est toujours le même, il en va de même pour la direction de cette musique qui a tendance à m’exaspérer à base de cordes qui éructent des chromatismes aussi inspirés qu’un plan de bataille suisse et d’autres cordes vomissant des mots aussi inintelligibles que les jérémiades d’un chiard de 18 mois.

« Mais je ne veux pas aller parmi les fous », fit remarquer Alice.
« Oh ça vous n’y pouvez rien », dit le Chat: « nous sommes tous fous ici. Je suis fou, vous êtes folle. »
« Comment savez vous que je suis folle? » dit Alice.
« Vous devez l’être, » dit le Chat, « sinon vous ne seriez pas venue ici. »

Alice pensa que cela ne prouvait rien, elle rétorqua néanmoins: « Et comment savez-vous que vous êtes fou? »

« Eh bien pour commencer, » dit le Chat, « un chien n’est pas fou, vous êtes d’accord? »
« Je suppose… » dit Alice.
« Eh bien alors », continua le Chat, « vous voyez, un chien grogne lorsqu’il est en colère, et bouge sa queue lorsqu’il est content.

Et moi, je grogne lorsque je suis content et bouge ma queue lorsque je suis en colère. Donc je suis fou. »

La logique imparable de ce raisonnement me faisait remarquer:
Si le groupe moyen à médiocre use de composition insipide, de constance rythmique abusivement plate et de faibles grognements primaires, tout groupe à composition inspirée, de variations rythmiques absolument planantes et de solides vocalises, sera à la musique ce que la folie est au Chat: un délice.

Le Chat disparait après quelques phrases et ne laisse apparaitre qu’un sourire.

« Eh bien! J’ai souvent vu un chat sans sourire, » pensa Alice; « mais un sourire sans chat! Ceci est la chose la plus étrange que je dis de toute ma vie! »

En 13 ans d’écoute de ce genre de death métal, seuls 5 albums avaient réussi à entrer dans mon étagère d’albums intemporels, figés dans l’excellence. Ils sont aujourd’hui 6.

Obscura ne sert pas de réchauffé, la balance musicale de ce groupe est digne des mots de Caroll, on y trouve un rythme complexe mais à la lecture aisée, des tournures riches et des transitions ma foi surprenantes. Bassiste de mon état, je vais tenter de garder mon calme face à ce puits de fulgurantes idées que nous sert un Thesseling apparemment heureux de revenir dans le monde du métal. Ses influences latines (ce qu’il a passé la majeure partie de ces dernières années à étudier) sont concrètement palpables mais il en use avec parcimonie tout en faisant preuve d’une justesse mélodique et harmonique rare compte tenu de l’instrument dépourvu de frettes.

Les harmonisations des guitares dans ce contexte nous feront penser à Spiral Architect ou Spastic Ink, mais aussi à des groupes comme Illogicist, Martyr et bien évidemment Death. Quant à la batterie, on notera un jeu subtil mais pas trop, jouant des figures rythmiques avec aisance.

Lorsque je disais que ce groupe ne sert pas dans le réchauffé, il faut avouer que cela est aussi dû à une écriture trouvant un compromis quasi-parfait entre technique, complexité, mélodie et efficacité. Des notions qui scèlent consciemment un pacte entre la brutalité (« Desolate Spheres »), les fondements du style (« Anticosmic Overload ») et l’originalité un brin folle (« Orbital Elements »). Ce dernier étant sans doute un des morceaux les mieux écrits de l’histoire du death métal.

Cirer les pompes n’est pas une activité que j’affectionne particulièrement, aussi vais-je mettre fin à cette chronique aussi chaotiquement que je l’ai entamée.

Cet album est ce sourire que laissera le Chat: un espoir inattendu, pour le moins rare parmi la masse de sourires horriblement baveux que nous fait subir un death de plus en plus à la ramasse aujourd’hui.

Blessed Are The Sick, Individual Thought Patterns, Unquestionnable Presence, Focus, Still Life. Et aujourd’hui Cosmogenesis.
On pourrait faire pire comme étagère…

  1. anticosmic overload
  2. choir of spirits
  3. universe momentum
  4. incarnated
  5. orbital elements
  6. desolate spheres
  7. infinite rotation
  8. noosphere
  9. cosmogenesis
  10. centric flow

Chroniqueur

OY C

"Sticking feathers up your butt does not make you a chicken." -- C.P.

OYC a écrit 43 articles sur Eklektik.

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3 Commentaires

  1. guim says:

    Bien aimé la chronique, thumbs up. Reste plus qu’à écouter.

  2. Marbaf says:

    Pas du tout amateur du genre, j’apprécie néanmoins les extraits de virtuosité à disposition sur leur Myspace auquels je m’étais intéressé suite à la sélection VS et aux commentaires dithyrambiques qui ont accompagnés la sortie de cet album.
    Bref, rien à ajouter à l’édifice, je tenais juste à remercier le chroniqueur pour les références citées qui me permettront de continuer mon initiation.
    A+

  3. krakoukass Krakoukass says:

    Grosse tuerie que cet album malgré les inluences très audibles mais pas encombrantes pour autant, les compos étant vraiment très très bien construites. Un des albums de l’année assurément.

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